Sidi Boubekeur, un conquérant des cœurs à travers les siècles

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l Bien avant, Cheurfa été habité par la famille Ihadaden, qui s’est déplacé par la suite vers Iflissen. Le premier marabout, qui a mit les pieds dans la région, s’appelle Sidi Djemoun, et est venu de Sakiet El Hamra (Sahara occidental), et ce, au XIe siècle de l’ère chrétienne.Sidi Djemoun s’est installé exactement à Sidi Saïd, un lieu qui se situe à mi chemin entre Tigzirt et l’actuelle Cheurfa. Certains pensent que le nom de Ouaguenoun, une région qui s’étend de l’oued Sebaou jusqu’à Tigzirt, provient du nom de ce premier marabout qui s’est installé dans la région. Sidi Djenoum a donné naissance à Sidi Amar, et ce dernier a donné naissance à Sidi Saïd. Ces deux saints seraient enterré, dans l’actuel cimetière de Sidi Saïd, qui porte d’ailleurs le nom de l’un d’eux. Quant à Sidi Djenoun, on ignore le lieu où il se repose. Néanmoins, les ruines des demeures de Sidi Saïd, n’ont été démolies que récemment, et elles se trouvaient sur les lieux où est implantée l’actuelle cité Zeghdoud de Tigzirt.Sidi Boubekeur a vécu, il y a près de trois siècles. Il a été un disciple de Sidi Ali Hamza, qui s’est installé à Tala Tughrast (Mizrana), Sidi Boubekeur est le plus ancré dans les mémoires collectives des habitants de cette région.Il a été connu, comme étant un infatigable prosélyte. Il a été de tout temps en pèlerinage. Il allait de village en village, de tribu en tribu, à la rencontre des populations. Il leur expliquait la religion. Ils leur fournissait des imams, construisait des mosquées, aidait les pauvres et réglait les conflits. Sidi Boubekeur a également fondée l’actuelle zaouia et l’école coranique de Cheurfa. Il a confié la gestion de ce site à l’un de ses fils qui est Sidi M’hend Sadi. Il l’a choisi comme son bras droit. La tombe qui se trouve dans l’actuelle zaouia est celle de Sidi M’hend Sadi.Sidi Boubekeur s’occupait beaucoup plus de l’extérieur. La région qu’il aimait le plus est celle de l’actuelle Ouaguenoun, d’ailleurs, surnommée “Tbhirt N’Sidi Boubekeur” ou le jardin de Sidi Boubekeur. Plusieurs de ses fils se sont installés dans cette région, à l’exemple, de Sidi Ali Boubekeur à Tikobaine, de Sidi Mohand u Tsouati à Asskren (Boudjima), Sidi Belkacem à Tala Bouzrou et Sidi Mohand Ameziane à Afajen (Boudjima).Dans ses pèlerinages, il allait jusqu’à Yemma Gouraya, pour des conclaves avec d’autres confréries. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on croit, Sidi Boubekeur, ne repose pas à Cheurfa, mais bien ailleurs. Exactement à M’chira (Djemaâ Saharidj), une localité distante d’une quarantaine de km de Cheurfa, nous raconte-t-on.L’on nous informe que lors de l’un de ses voyages et au retour, Sidi Boubekeur, tomba malade à M’ghira. Sentant la fin venir, il a demandé aux personnes présentes de l’enterrer sur place s’il venait à mourir, car leur a-t-il dit “toute la terre appartient à Dieu”. Quelque jours plus tard, Sidi Boubekeur rendait l’âme et on l’a enterré dans cette localité. Chaque année, les habitants de Cheurfa et d’autres lui rendent visite et se recueillent sur son sanctuaire. Il est connu, pour ses qualités de tolérance, d’homme pieux, pour sa passion à la prédication et sa présence auprès des pauvres et des nécessiteux. Plusieurs légendes invraisemblables lui sont attribuées, marquées par de miracles, mais le vrai miracle de Sidi Boubekeur, est d’avoir su fonder cette tradition et d’avoir su occuper les cœurs de dizaines de milliers de gens, et ce, plusieurs siècles après sa disparition.

M. H.

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