Le phénomène de l’exode rural enclenché depuis les débuts des années 1990, soit depuis l’avènement du terrorisme et de l’insécurité, se poursuit toujours à une cadence moins accélérée que celle de la décennie noire, mais il y est toujours de mise, et ce, malgré plusieurs programmes de développement, tels que le FNDA, FNDRA, PPDRI, habitat rural et auto-construction entre autres.
Ces formules d’aides de l’Etat enclenchées l’une derrière l’autre et étaient destinées à la réinsertion et la fixation des populations des zones rurales, mais en vain. L’exode massif se poursuit inexorablement au point où certains villages de haute montagne sont presque désertés, tels que celui d’Imesdurar dont presque 80% de la population a déménagé vers des lieux plus cléments et plus accueillants. Les villageois qui sont en grande majorité des éleveurs de bovins et à moindre degré d’ovins et de caprins, sont partis après avoir « liquidé » leur cheptel pour s’éparpiller à travers plusieurs localités de M’Chedallah où ils ont acheté des terrains pour construire des habitations et s’y installer définitivement. On les retrouve en périphérie du chef-lieu de daïra, à Zouzamene, Thamourt Ouzemour, Ath Yakhlef, Assif Assemad et Ahnif. Ceux du village mitoyen d’Ath Illithen qui s’est aussi à moitié vidé se sont installés à Hagui, Azaknun et M’Laoua, dans la commune d’El-Adjiba, suivis de près par ceux d’Ath Hamad qui se sont installés à Assif Assemadh et Chekra. Les raisons de cet exode généralisé sont presque identiques pour les trois villages, les conditions de vie étant des plus difficiles dans ces contrées de l’arrière pays où l’Etat ne se manifeste que par le lancement de quelques projets d’utilité publique mal réalisés, sur lesquels des avaries commencent à se manifester quelque temps après leur mise en service. À cela s’ajoute des conditions climatiques des plus rudes aggravées par la précarité sociale et le chômage mais surtout l’éloignement, sachant que le plus proche de ces villages, qui est Ath Hamad, se situe à 20 kms du chef-lieu de daïra. Aussi, en plus de multiples pénuries d’AEP dans cette région -la plus riches en ressources hydriques au niveau de la wilaya de Bouira-, les habitants souffrent des chutes récurrentes du courant électrique, ponctuées de pannes faisant que des dizaines de nouvelles habitations n’en sont pas alimentées depuis plusieurs années, de l’absence d’internet et du gaz naturel. Toutefois, il reste que la contrainte majeure la plus ressentie demeure le transport de voyageurs aux multiples retombées négatives sur le quotidien de ces montagnards. À toutes ces contraintes s’ajoute également l’instabilité et l’absence d’assiduité des corps enseignants qui ne peuvent arriver à leur travail à temps et ce, à cause de ce manque flagrant du transport de voyageurs, notamment durant les courtes journées de l’hiver. En conclusion, ces trois villages enregistrent le taux le plus élevé en matière de déperdition scolaire. Le même problème est vécu par les fonctionnaires, ouvriers et même commerçants qui exercent hors commune, ajouté à cela la dégradation effrénée des routes, notamment à cause des violentes perturbations climatiques de l’hiver passé lesquelles ne sont toujours pas prises en charge. En conséquence à cela, le village Ath Illithen risque d’être coupé du reste du monde dès les débuts du prochain hiver. La situation est aggravée par les effroyables mouvements et glissements de terrains qui mettent en péril ce patelin. Le village d’Imesdurar, quant à lui, vit sous la menace des avalanches de rochers dangereusement ébranlés et fragilisés durant l’hiver passé. Un état des lieux de plus inquiétants et lamentable rapporté à plusieurs reprises dan ces même colonnes, lequel s’aggrave au fil du temps et tarde à être pris en charge.
Oulaid Soualah