Moteur de croissance ou éléments de vulnérabilité ?

Partager

En collaboration avec le laboratoire Économie et Développement, la faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa organise, depuis hier, au campus d’Aboudaou, un colloque international sous le thème «Les ressources naturelles dans les pays en développement : moteur de croissance ou éléments de vulnérabilité économique ?». Une centaine de communicants, venus de France, du Liban et des universités algériennes, ont développé autant de thèmes se rapportant aux approches théoriques et empiriques sur les ressources naturelles. ‘’Les ressources naturelles entre la bénédiction et la malédiction’’ ; ‘’Le choc pétrolier et le syndrome hollandais’’ ; ‘’La politique monétaire et les chocs externes’’ ; ‘’Les ressources naturelles et les impacts sectoriels, dans la conjoncture actuelle, face à la vulnérabilité’’ et enfin, ‘’La gestion des ressources’’ en se basant sur quelques expériences de pays exportateurs de pétrole. En développant les revenus des hydrocarbures et les inégalités dans son approche d’économie politique, docteur Fatiha Talahite, du CNRS de Paris, est revenue sur le cadre théorique qui n’est autre que l’Etat rentier et l’utilisation des revenus des hydrocarbures. Dans la théorie, elle dissertera autour de la rente ricardienne naturelle qui fait que dans un Etat rentier, l’autonomie fiscale et politique permet de transposer cette théorie aux ressources naturelles et à l’espace international. Le cas de l’Algérie dont la rente des hydrocarbures, naturelle mais captée par l’Etat, est transformée soit en «rent-seeking» ou en «profit-seeking». L’utilisation de ces revenus se fait, soulignera l’oratrice, de manière multiple à travers des institutions formelles et informelles. Elle peut se faire par la force publique dans un objectif de pure justice sociale par le biais d’une redistribution. Elle conclura en rappelant qu’en Algérie, le secteur des hydrocarbures alimente financièrement la banque d’Algérie qui reverse au trésor public une partie sous forme de fiscalités. En reprenant la parole, le président de la session plénière, le professeur Farid Yaici, de l’université de Béjaïa, fera savoir que les rentes pétrolières servent à subventionner à concurrence d’une soixantaine de milliards de dollars annuellement. La chute du prix de pétrole remet, conséquemment, en cause ces subventions. Son confrère de l’ENSSEA d’Alger, le professeur Youcef Benabdellah, enchaînera dans le même ordre d’idées en développant le mal des ressources ou déficit des politiques structurelles en s’interrogeant sur leurs logiques en Algérie. Il entamera sa communication par la réflexion selon laquelle l’Algérie a beaucoup investi pour obtenir, en fin de compte, des résultats moindres par rapport aux pays ne possédant pas de ressources naturelles. Le conférencier mettra ça sur le compte de la désindustrialisation qui a abouti à une contribution, au jour d’aujourd’hui, de l’industrie manufacturière à concurrence de 5 % environ à la croissance alors qu’elle représentait près de 15 % du PIB vers les années 80. Il fera remarquer que la désindustrialisation du secteur public n’a pas été accompagnée par une industrialisation du secteur privé qui était assez jeune pour se développer rapidement. Il conclura son exposé en une phrase qui en dit long sur les stratégies développées jusque-là par l’Algérie. Il dira tout simplement qu’il y a eu un manque de cohérence et de cohésion en prenant parfois des décisions et leurs contraires. Il a, en quelque sorte, dressé un panorama sur les malformations économiques du pays. Approché pour donner les visées sur l’organisation de ce colloque en cette période de chute du prix du pétrole, le président du colloque, le docteur Kamal Oukaci, de l’université de Béjaïa, dira que ça tombait à point nommé justement pour revoir les copies politiques en la matière. Cette rencontre, soulignera-t-il, permettra aux économistes présents d’analyser le rôle des ressources naturelles dans les pays en développement dans le but de tenter de comprendre si c’est un moteur de croissance ou tout simplement un moyen de vulnérabilité. Il conclura en déclarant que non seulement il faut comprendre leur rôle mais aussi permettre une meilleure compréhension des effets de choc affectant les ressources naturelles et en tirer des enseignements.

A. Gana

Partager