Aux anciens commerçants de fruits et légumes qui ont pris place, depuis longtemps, sur la grande rue, viennent s’ajouter périodiquement de nouveaux venus dans le métier.
Du coup, le nombre d’étals, longeant le trottoir, se fait de plus en plus grand. Leurs propriétaires se disputent le moindre recoin stratégique, passage obligé de la gent féminine ciblée par les marchands ambulants. Les caisses de fruits et légumes, surtout, et d’autres produits, s’étendent sur environ cinq cent mètres, au grand dam des commerçants résidentiels dont les devantures sont fermées aux yeux des clients. «Ils savent qu’ils nous gênent mais ils refusent d’occuper l’aire du marché si spacieuse, pourtant», nous dit l’un d’eux qui semble se résigner à accepter la présence de ces collègues «indésirables». Mais personne ne veut s’installer au marché. Tous les informels veulent, comme ils l’affirment, «se rapprocher des clients».
«Une grande partie de notre clientèle est formée de femmes qui ne descendront au souk pour rien au monde. Nous leur rendons service, en quelque sorte, en nous installant ici. Posez leur la question et vous verrez», nous dit un jeune vendeur. Sans aborder la gent féminine, nous devons nous rendre compte que sur la question, le marchand a peut être raison.
Cependant, la gêne qu’ils procurent est plus importante que le marché de proximité (informel de toute façon), dont ils se vantent. Même ceux qui possèdent des places au marché les mardis et les samedis, occupent leur «part» de la rue durant les autres jours. Cette première moitié de la rue Colonel Amirouche, désignée sous le nom de «la grande rue», est l’endroit qui attire de plus en plus de commerçants qui y voient un lieu d’affaires. Bien que la rue soit longue de plus d’un kilomètre, les étals n’en squattent que le tronçon qui longe le marché hebdomadaire. Les riverains, quant à eux, ne cessent de dénoncer les divers désagréments qu’ils subissent quotidiennement. «Les bruits, les klaxons de voitures, gênées dans leurs manœuvres par les étals, et les mauvaises odeurs deviennent insupportables. Nous devons vivre les volets clos pour limiter les tourments qu’on nous impose», disent-ils.
A.O.T.