Entre rites et contraintes de la vie moderne!

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La récolte des olives était, jadis, réglementée dansla société kabyle. Elle obéissait aux rites répartis sur le calendrier agraire Berbère, établi par nos ancêtres. Ce fut toujours l'assemblée du village (tajmait) qui fixait la date de l'entame de la campagne d'olivaison.

Le rite se rapportant à l’interdiction d’entrer dans les oliveraies, appelé « Iqechachen », était scrupuleusement respecté par tous, car, selon la croyance d’avant, en cette période, laquelle s’étale sur une semaine du calendrier agraire Berbère, correspondant à la période allant du 30 novembre au 6 décembre du calendrier grégorien, le rendement en huile d’olive serait très faible et que celui ou celle qui enfreint l’interdiction (Tamouqint u zemmour) sera « frappé » de malédiction (Daâwessu). Cette croyance demeure, de nos jours, sujet à polémique entre ses défenseurs et ses contradicteurs. Ainsi, certains y croient dure comme fer. «Nos aïeux n’avaient pas établi le calendrier agraire comme ça, à l’aveuglette. Au contraire, il a été crée à la base de leur expérience et de leur savoir-faire agricoles, qu’ils ont accumulés à travers les âges. Alors, ils ont consigné tout ce qu’ils avaient capitalisé comme connaissances relevant de l’empirique dans ce calendrier unique en son genre. Moi, à ce jour, je continue à observer les traditions ancestrales, comme celle d’Iqechachen. Cette période d’interdiction de récolte d’olives est, pour moi, juste, car le rendement des récoltes pressées s’avère, à chaque fois, faible en huile d’olive!», affirme un septuagénaire propriétaire d’une oliveraie. «Je n’entamerai la récolte qu’à la fin de cette période de Iqechachen», ajoutera-t-il. Ce n’est, en revanche, pas le cas pour des dizaines de cueilleurs lesquels ont démarré en trombe, ces jours-ci, le ramassage des olives, un peu partout dans les localités relevant de la daïra de Tazmalt. Ainsi, à Boudjellil, à Tazmalt et dans les hameaux, des cueilleurs ont fait leur apparition dans les oliveraies, renouant, à cet effet, avec l’olivaison. À l’exemple de Tavlazt, un village situé dans la commune de Tazmalt, où nous avons constaté des familles entières en train de ramasser les fruits oléagineux. Ces ouvriers agricoles saisonniers s’affairaient à récolter les olives dans la ferme pilote « Abderrahmane Mira », où la production est très abondante cette année. Presque tous les oliviers au niveau de cette ferme ont fructifié de fort belle manière, présageant ainsi d’une récolte exceptionnelle! Ici, apparemment, on ne fait pas cas des rites et coutumes catalogués dans le calendrier agraire Berbère, car l’olivaison bat son plein et ce, en plein période d' »interdiction » (Iqechachen). Mais bon, les rites ont été « démantelés » par les chamboulements socio-économiques, intervenus ces dernières décennies, et la modernisation tous azimuts. Dans la foulée, la fameuse assemblée villageoise (Tajmaït) qui faisait régner la discipline et les valeurs morales dans les villages, a été « déposée » comme dans un putsch !

Syphax Y.

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