La récolte des figues de cette année que les paysans de la région d’Aïn El Hammam considèrent comme peu prolifique, doit interpeller les responsables de l’agriculture et leur faire prendre conscience de la disparition d’une partie des figueraies de la région.
Les programmes de régénération du fruitier ne doivent pas faire passer au second plan les figuiers et les cerisiers. Certes, les conditions climatiques n’ont pas été favorables pour une récolte importante. Mais elles ne justifient pas, à elles seules, l’absence sur le marché des figues sèches locales qu’on ne trouve qu’en de rares endroits. Quelques sachets d’un kilogramme ornent le comptoir d’un grainetier qui nous explique que les paysans concentrent leurs efforts et leurs moyens financiers sur la production de l’huile, «plus rentable» disent-ils, que la figue sèche, pourtant très demandée par ses amateurs. Les sachets de figues sèches d’environ un kilogramme sont proposés à la vente au prix de quatre cents dinars. Un coût qui devrait donner à réfléchir aux agriculteurs qui devraient s’intéresser un peu plus à ce fruit que les consommateurs aiment déguster accompagné d’huile d’olive ou de petit lait. Les figuiers qui occupaient, à une époque lointaine, même les talus les plus escarpés, ont disparu en beaucoup d’endroits. Là où ils continuent à résister au temps malgré le manque d’entretien, ils présentent des signes de faiblesse. Ils sont rabougris et chétifs, ne produisant que quelques fruits qui, faute d’eau, tombent avant d’arriver à maturité. Les services agricoles chargés de la régénération de certaines espèces, ont focalisé eux aussi, leurs efforts sur les plantations d’oliviers, négligeant le figuier et, à un degré moindre, le cerisier. À Aïn El Hammam, région montagneuse arboricole par excellence, le développement de l’agriculture de montagne passe aussi par la plantation d’arbres fruitiers tels le cerisier et le figuier qui s’adaptent au climat local et au terrain accidenté. L’opération initiée il y a une dizaine d’années et consistant en la mise en terre de centaines de figuiers par une entreprise privée, s’est soldée par un échec. Les arbres plantés au printemps n’ont, par manque d’irrigation, pas résisté aux chaleurs des mois de juillet et août qui avaient suivi. Seuls quelques agriculteurs ont pu sauver leurs plants en acheminant l’eau vers des endroits pourtant difficiles d’accès. Des efforts pour la valorisation de ce fruit qui, il n’y a pas longtemps, faisait la fierté de la région, sont attendus par les agriculteurs.
A.O.T.

