Le manque d’industrie accentue le chômage

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Hormis quelques postes créés de temps à autre dans l’administration, les jeunes n’ont droit qu’à des emplois précaires dans le cadre de l’emploi des jeunes ou autres, proposés par des micro-entreprises ou des particuliers dans le domaine du bâtiment.

Un créneau qui ne peut attirer que les recalés du système scolaire et non les diplômés de l’université très nombreux à arpenter les rues de la ville. Sans travail, ces jeunes remplissent les cafés dans l’attente d’un miracle qui ne pourrait venir que de la réussite à un des rares concours auxquels ils ne cessent de participer. «Je ne rate aucune annonce. J’ai passé examen sur examen, sans succès» raconte un trentenaire ayant terminé ses études en biologie, depuis longtemps. Les recalés du système scolaire sont nombreux à créer leurs entreprises dans le cadre de l’ANSEJ. La plupart d’entre eux déchantent au bout de quelques mois, faute de charge de travail. Ceux qui percent se comptent sur les doigts de la main. Plusieurs entreprises, jadis florissantes et pourvoyeuses d’emplois, ont délocalisé leurs activités vers d’autres régions plus accueillantes et plus faciles d’accès. Il faut dire que les routes de montagne, enneigées et verglacées une bonne partie de l’année, ne favorisent pas les approvisionnements en camions de gros tonnage, voire en camionnettes. Nous en voulons pour preuve des ruptures de stocks des commerçants, à l’exemple du lait en sachet qui manque pendant une partie de l’hiver. Plusieurs fabriques ont emboité le pas à la laiterie qui employait des dizaines de personnes, délocalisée au grand dam de la population. Auparavant, l’entreprise publique de bâtiments «COTRAH» avait mis la clé sous le paillasson, laissant en rade près d’un millier d’employés de tous âges. Les investisseurs potentiels n’osent même pas penser à s’installer à Aïn El Hammam. Quand bien même l’idée d’investir sur place germerait dans la tête de l’un d’eux, il serait immédiatement découragé par le manque de terrain pour construire ne serait qu’un magasin de vente. Il ne reste que le commerce classique, «en déclin» selon leurs propriétaires, pour proposer des postes de vendeuses aux nombreuses jeunes filles qui ne peuvent quitter Michelet pour d’autres cieux. Sous payées, elles «émigrent» d’un magasin à l’autre, en attendant que le filet social leur offre un emploi précaire qui leur permettra d’acquérir une expérience, toujours utile pour étoffer leur CV. Les patrons des quelques unités économiques des années quatre-vingt-dix qui ont quitté la commune pour des villes plus clémentes, semblent avoir réussi à s’y implanter définitivement, abandonnant leurs locaux pour lesquels ils ont, pourtant, investi de grandes sommes. «Les entreprises étatiques et privées qui créent des emplois à Tizi-Ouzou, dans la zone de Oued Aissi et ailleurs, ne recrutent souvent que ceux qui résident dans leurs alentours immédiats. Il n’est de ce fait pas étonnant que nos jeunes pensent que leur avenir est ailleurs», note un chômeur d’une quarantaine d’années. L’exode rural est plus que jamais d’actualité à Aïn El Hammam, à quarante-cinq kilomètres au Sud-est de Tizi-Ouzou. Jeunes et moins jeunes ne parlent que de départ. Ceux qui ne peuvent traverser la méditerranée pour tenter leur chance en Europe, pensent à des contrées moins éloignées. Tizi-Ouzou, Azazga, Béjaïa et d’autres villes plus accueillantes sont des destinations que les candidats au départ semblent privilégier aux côtés de Boumerdès et Bouira.

A.O.T.

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