C’est en cette fin de semaine que les cueilleurs de pomme de terre ont été appelés par les maraîchers afin de lancer la récolte. En effet, dès les premières heures de la journée, en dépit d’un froid glacial qui gèle les mains et les visages, des centaines de dos courbés sont visibles de loin dans les champs de la vallée de Aïn Zaouia jusqu’à Tizi-Gheniff en passant par Draâ El-Mizan. Mais, c’est beaucoup plus dans la plaine de cette dernière commune que cette activité est intense. » Nous avons besoin de beaucoup de main d’œuvre parce que nous craignons que les pluies reviennent. Et si celles-ci reprenaient, notre récolte pourrait être retardée. L’abondance des pluies aura des conséquences sur la production », nous répondra l’un des ces maraîchers qui emploie plus d’une trentaine de jeunes, pour la plupart des adolescents. » Pour le moment, je suis satisfait du rendement. C’est une très bonne récolte par rapport à l’an dernier. Plusieurs facteurs ont été favorables. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, les gelées n’ont pas commencé et les plants ne sont touchés par aucune maladie. Les températures enregistrées en octobre et en novembre ont favorisé la formation du pédoncule. Et puis, nous avons cette chance d’avoir ce barrage d’eau qui nous a permis d’irriguer nos champs », ajoutera le même agriculteur. Concernant le prix de cette nouvelle pomme de terre, déjà arrivée sur les abords des RN25 et 30, il varie entre 25 et 30 dinars. » Enfin, de la pomme de terre à ce prix. C’est une aubaine pour le consommateur. Visiblement, c’est le seul légume vendu à ce prix. Espérons que celui-ci tienne encore quelques mois avant que les spéculateurs ne stockent la récolte », nous dira ce consommateur accosté devant un marchand ambulant sur la RN30 en allant vers Boghni. Cette cueillette fait aussi le bonheur de ces jeunes travailleurs occasionnels. Nombreux sont ceux qui arrivent à gagner un petit salaire en quelques jours. « Ramasser jusqu’à une trentaine de cagettes par jour n’est pas facile. Mais quand on reçoit à la fin de la journée jusqu’à quatre mille dinars, c’est quand même bien payé. Notre patron nous donne cent dinars pour une cagette. Et puis, on a même le droit jusqu’à dix kilos de pomme de terre offerts gratuitement », nous confiera un jeune cueilleur que nous avons approché tout près d’un champ sur le chemin vicinal vers le lieu-dit » Les Flissi ». Ces dernières années, les récoltes maraîchères commencent à reprendre leur place dans cette vallée. Toutefois, si une solution était trouvée pour bien gérer l’eau du barrage et si le réseau d’irrigation était modernisé la récolte serait nettement meilleure.
Amar Ouramdane