Faible récolte d’olives

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En raison d’une météo moins capricieuse, la cueillette des olives ne s’est pas fait attendre, à contrario, elle a été bouclée en une poignée de journées. Le versant Sud de l’Akfadou est primeur dans la cueillette des olives, contrairement au flanc méridional de la vallée de la Soummam, dont le coup d’envoi est donné généralement au mois de janvier. Le fruit noir ayant des vertus thérapeutiques et culinaires, le kabyle ne se sépare guère de son huile magique, et dont chaque repas s’accompagne de facto par l’huile d’olive, comme il sert aussi de remède pour différentes maladies. De facto, les oléiculteurs voient leurs chiffres d’affaires dégringoler, et ce, en raison d’une récolte moins gracieuse.

Les premiers coups de gaules n’en retentissent plus comme les saisons antérieures dans les champs. «Les oliviers sont presque à nu avant même le processus de gaulage, car le fruit noir s’est complètement desséché sur les rameaux, ce qui nous a fait redouter le pire», déclare tout de go un propriétaire d’une oliveraie. Bon nombre de fellahs se font un sang d’encre quant à la mauvaise récolte de cette année, d’autant plus que la pluie s’est faite désirée durant toute l’année. La disette hydrique prolongée n’a pas favorisé un bon rendement, d’autant plus que la majeure partie des oliveraies sont constituées d’arbres centenaires, d’où le fléchissement des quantités amassées. Après un début de saison euphorique, marqué par une ruée des paysans vers les champs afin de glaner les fruits d’olives, il est grand temps pour ces épris de la terre de déposer leurs récoltes au niveau des différentes huileries que possède cette localité.

À titre de rappel, au niveau de la commune de Chemini, la saison oléicole avait débuté fin novembre, contrairement aux saisons précédentes où elle ébauchait en mois d’octobre, en raison des fortes pluies qui ont lambiné le murissement des olives. En cette fin du mois de décembre, les champs semblent retrouver leur calme sans que les paysans n’aient grand-chose à se mettre sous la dent. Une fois les fruits amassés et déposés au niveau des huileries (souvent dans une cour lotie de telle sorte à ce que chacun puisse déposer sa récolte), il n’est qu’une question de quelques jours pour pouvoir récupérer son précieux liquide. Ayant visité quelques huileries afin de se rapprocher davantage des propriétaires de pressoirs ainsi que des paysans, et en abordant avec eux la question de la production de cette année, la réponse est unanime : «Les quantités amassées sont dérisoires, ce qui a engendré un rendement maigrichon par rapport aux années précédentes». Le rendement du quintal d’olives oscille entre 17 et 22 litres, ce qui ne fait pas vraiment le bonheur des paysans qui s’attendaient à une production plus fructueuse. Cette année encore, l’olivaison des olives noires ne s’est pas bien huilée comme les années antérieures. Autant dire une année de vache maigre ! Au demeurant, la Kabylie est réputée pour ses vergers oléicoles séculaires, dont le système de production est purement traditionnel. Autrement dit, les oliveraies s’étendent sur des zones montagneuses ou collinaires. C’est dans ce type de sol que l’olivier traditionnel se trouve à foison, et où le système d’irrigation et de mécanisation n’a lieu d’être. Quant à l’olivier moderne, il pousse généralement dans les plaines, où la production est basée sur l’irrigation et la mécanisation. Même si la trituration des olives est réalisée par des unités de production modernes, la filière oléicole n’a pas connu une modernisation des techniques de récoltes et d’entretien du verger oléicole. Cependant, la superficie consacrée aux oliviers ne cesse de rétrécir comme une peau de chagrin, d’autant plus que la nouvelle génération tourne le dos à ce patrimoine agricole légué par nos aïeux.

Bachir Djaider

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