Deux semaines à peine après le démarrage de la campagne de ramassage des olives, les services des urgences de l’EPH de M’Chedallah ont, déjà, enregistré 18 cas d’accidents (chutes) liés à cette activité.
Les victimes, évacuées vers ce centre hospitalier par la Protection civile ou à bord de véhicules privés, présentent des blessures identiques où on y retrouve, grosso modo, des fractures, contusions, déboîtements, déchirures musculaires. Nous apprenons, de sources hospitalières, que la plupart de ces accidentés ont nécessité leur évacuation vers le service orthopédique de l’EPH Mohamed Boudiaf de Bouira ou au service traumatologie du CHU de Tizi-Ouzou, selon la gravité des blessures. Une source proche du pavillon des urgences de M’Chedallah nous apprendra, lundi dernier, qu’un cas de ce genre d’accidents plutôt insolite s’est résulté par des blessures plus au moins grave. Il s’agit d’un paysan âgé de 75 ans qui a chuté du haut d’un olivier au village Ath Hamad, dans la commune de Saharidj, et qui a atterrit sur son petit fils qui était occupé sous l’arbre lui causant de sérieuses blessures au niveau des vertèbres et la colonne vertébrale. L’enfant âgé de treize ans a été évacué en urgence au CHU de Tizi-Ouzou, où il a été hospitalisé. Interrogé à ce propos, un responsable du secteur de la santé nous informa que tous les préparatifs nécessaires, pour faire face à cette campagne de ramassage d’olives, ont été faits d’où un renforcement de l’effectif des urgences par un radiologue, une cardiologue, un orthopédiste et enfin un interniste. Cela, en parallèle à des dotations en équipements, tels les moyens d’évacuation (ambulances) pour les cas graves, qui nécessitent un déplacement et une prise en charge en neurologie ou autres services compétents. L’on citera entre autres les fractures de la colonne vertébrale et les traumatismes crâniens qui sont les blessures les plus courantes. Notre interlocuteur affirmera qu’aucun décès n’a été enregistré jusqu’à maintenant, et que le service des urgences continuera à accueillir 10 à 15 victimes d’accidents de ce genre par semaine et cela jusqu’à la fin de la saison qui s’étalera sur 3 mois, soit de décembre à fin février. Rappelons que les chutes à partir des oliviers s’expliquent par plusieurs raisons, les plus courantes sont l’humidité et la gelée qui rendent l’écorce des oliviers, notamment adultes, extrêmement glissants. Les plus prudents des intervenants travaillent sans chaussures pour réduire les glissades. La raison suivante est l’abondance de la production et la surcharge des branches qui ne supportent pas un poids supplémentaire et se brisent facilement dès qu’on s’y met dessus. Quant à la gravité des blessures, elle s’explique d’abord par la hauteur de la majorité des oliviers dont les cimes dépassent les 20 mètres, ensuite, dans la région de M’Chedallah, une bonne partie des oliveraies sont situées en haute montagne et sous les oliviers, on retrouve un sol rocailleux recouvert de pierres et des terrains en pente. Notons enfin que le seul moyen de réduire ce genre d’accidents toujours graves, est «le couronnement», opération qui consiste à réduire la hauteur des branches par la taille, ensuite l’utilisation d’une échelle et des chaussures antidérapantes à semelle en crêpe et, enfin, prendre la précaution de réduire le poids des olives par un gaulage avant de grimper sur la branche trop chargée d’olives. Il convient de souligner qu’on retrouve sur les oliviers des branches extrêmement fragiles dénommées localement « untidh », une curiosité de la nature que personne ne peut expliquer, et ce, du fait que ces branches ne sont retenues au tronc que par une mince écorce. Elles décollent subitement par surprise sans donner à l’intervenant le temps de réagir ni de s’agripper. Ces branches particulières sont à l’origine de la majorité des chutes. Les agriculteurs expérimentés les reconnaissent et les coupent avant de commencer le travail sur l’olivier. Notons pour conclure que la meilleure façon de réduire les risques de chutes est l’utilisation des échelles. Mais, celles qui conviennent le mieux à ce genre de travail sont celles fabriquées par les forgerons à base de tubes carrés solides et légers. Malheureusement, leur prix qui frôle les dix mille dinars est hors de portée de la plupart des agriculteurs.
Oulaid Soualah