Le gaz de ville n’arrive toujours pas

Partager

«Encore un hiver au froid. Nous qui avions naïvement cru que ce combustible moderne aura, enfin, droit de cité dans nos chaumières, sommes obligés d’attendre encore», vitupère un vieillard du village Imaghdassen, dans la commune d’Akfadou. Cet état d’esprit résume l’exaspération des villageois, lesquels sont usés par une attente languissante. Pourtant, des entreprises ont été bel et bien, affectées pour acheminer le gaz vers cette circonscription de montagne, connue pour ses hivers rudes. Mais sur le terrain, les choses semblent aller tout autrement. M. Haddadou, le maire d’Akfadou, est monté au créneau, à plusieurs reprises, pour dénoncer autant la lenteur d’exécution des travaux que leur qualité laquelle laisse à désirer à ses yeux. «Il y a des travaux bâclés, ce qui obligent nos services à intervenir pour remédier aux anomalies», déclare-t-il, en fustigeant au passage le recours de certaines entreprises à la sous-traitance. À Béni Maouche, le projet a aussi du plomb dans l’aile. «Parmi les cinq entreprises chargées des travaux, il y en a une qui est défaillante», relève le maire, M. Loudjani. Pour interpeller l’administration et l’inciter à faire pression sur les entreprises afin d’honorer leurs engagements, les citoyens de cette commune ont procédé au mois de mai écoulé à la fermeture de la RN74. «Nous avons tant patienté. Nous ne pouvons plus nous complaire dans l’indifférence face à toutes ces négligences», maugrée un citoyen du village Aguemoun. L’autre commune concernée par le raccordement au gaz naturel est Aït R’zine. «Là les entreprises chargées du raccordement des villages gravitant autour de Guendouz, sont au rendez-vous. En revanche, concernant le chef-lieu de la commune, les travaux n’ont pas encore démarré», fait remarquer le P/APC, M. Dahmani. L’édile communal nous apprend que le contrat liant le maître de l’ouvrage à l’entreprise réalisatrice a été résilié il y a de cela plusieurs mois, sans qu’aucune entreprise ne soit affectée pour prendre le relais. Dans la commune d’Ighram, sur les hauteurs d’Akbou, les travaux de la première tranche du projet sont en cours d’exécution, nous informe-t-on. Cette tranche concerne le chef-lieu et quelques villages alentours. Pour ce qui est de l’opération d’extension projetée vers le reste de la commune, «les contrats ont été signés depuis le mois de mai 2015 mais à ce jour, aucune entreprise n’a démarré les travaux», dira M. Ibaliden, maire d’Ighram. Un tantinet railleur, un jeune du village Taslent ironise : «On dit que l’espoir fait vivre, peut-être nous protégera-t-il des rigueurs de l’hiver». Cette désillusion est, du reste, vécue avec autant d’amertume à Ath M’likèche, une circonscription limitrophe, où la population s’apprête également à affronter un autre hiver éprouvant. La situation n’est pas, non plus, reluisante dans d’autres communes, à l’image d’Amalou, Ighil Ali ou encore Chemini, où le projet de raccordement au gaz naturel est en bute aux mêmes retards et aux mêmes blocages, suscitant moult interrogations chez la population.

Nacer Maouche

Partager