Washington célèbre l’année Cézanne et sa Provence natale

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Au coeur de l’hiver, Washington a pris les couleurs de la Provence grâce à une exposition centrée pour la première fois sur les liens inextricables entre Paul Cézanne et sa région natale.Cette exposition qui s’ouvre dimanche à la National Gallery of Art en cette année du centenaire de la mort du peintre français est unique car paradoxalement jamais Cézannne et sa Provence n’avaient fait l’objet d’une thématique. »C’est pourtant incontournable pour comprendre Cézanne », explique Denis Coutagne, le directeur du musée Granet à Aix-en Provence qui s’est associé au grand musée de Washington pour cette exposition « Cézanne en Provence ».117 tableaux et gouaches du père de l’art moderne permettent de parcourir ce que Cézanne appelait son « vieux sol natal » avec principalement des paysages, ceux de la maison familiale du Jas de Bouffan, les vues de l’Estaque, le petit port méditerranéen, ou encore la série emblématique des Montagne Sainte-Victoire.L’exposition restera à Washington du 29 janvier au 7 mai avant de s’établir au musée Granet du 9 juin au 17 septembre.Pour Denis Coutagne, venu à Washington pour l’inauguration, Cézanne « s’est recroquevillé sur son territoire mais c’est là qu’il va se trouver » pour devenir non pas un peintre régionaliste mais universel. Cela faisait près de 20 ans que Coutagne rêvait d’une telle exposition. « Cela sautait aux yeux pour moi qu’il fallait faire une exposition thématique sur Cézanne et la Provence, mais j’ai eu du mal à convaincre », dit-il.Après bien des échecs, il a tissé un réseau international avec les musées, les prêteurs, pour parvenir à la mettre sur pied. « En 1999, on a établi un contrat moral avec la National Gallery pour faire cette exposition à l’occasion du centenaire », explique-t-il.Accrochées sur des murs aux couleurs neutres, ces tableaux, venus du monde entier, montrent qu’il est le « dernier des grands paysagistes romantiques », souligne Philip Conisbee, autre commissaire de l’exposition, notamment avec les toiles de l’Estaque, « là où il découvre les couleurs et la lumière de Provence ».Les organisateurs ont choisi un itinéraire simple pour guider le visiteur, les oeuvres étant regroupées dans chaque grande salle autour d’un thème.Cette exposition du grand peintre, connu pour son caractère bougon et sa misanthropie, s’accompagne d’une opération de promotion pour la Provence, région prisée par bien des Américains.Des chefs ont fait le déplacement à Washington pour vanter la cuisine provençale et des entreprises en profitent pour faire de la publicité en faveur de produits comme les calissons d’Aix ou les santons de Provence.La commercialisation ne gêne pas outre mesure l’arrière petit-fils de l’artiste, Philippe Cézanne lui aussi à Washington pour la présentation de l’exposition. »Vu les côuts de ces grandes expositions, il faut en passer par là. La peinture y gagne finalement », dit-il.Cézanne « détestait les foules, refusait les hommages et ne serait sûrement pas présent, mais il est néanmoins une espèce d’ambassadeur », ajoute son arrière petit-fils.A la fin de l’exposition, une photo aggrandie montre Paul Cézanne quelques mois avant sa mort. On y voit un vieillard à l’air matois qui porte simplement une chaise pour aller s’asseoir sur le devant de sa maison baigné par le soleil de Provence.

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