La célébration du Mawlid Ennabaoui (Naissance du Prophète Mohamed QSSL), est célébrée différemment dans les villages de la région.
À Laâziv N’Cheikh, à la périphérie du chef-lieu communal, c’est un rendez-vous jumelant la tradition et la religion. Ainsi, ces dernières années, c’est plutôt la » Waâda », » repas collectif » qui a pris le dessus en plus de la visite au cimetière. D’ailleurs, à la veille de cette fête religieuse, le comité de village a immolé un bœuf usant tout d’abord de l’argent collecté l’an dernier, à l’occasion du même événement par le biais des offrandes de la part des visiteurs venus d’ailleurs et du village, et une somme puisée dans les fonds du comité. Pour réussir tel qu’il se doit cette » Waâda », tout a été minutieusement préparé: service d’ordre, cuisiniers, serveurs… Tout a été l’œuvre de bénévoles, notamment les femmes chargées de rouler le couscous et sa cuisson. Mission que les hommes ne peuvent accomplir en cette occasion où plus de trois milles convives y sont attendus. C’est aux environs de onze heures que les premiers véhicules ont commencé à arriver à Laâziv N’Cheikh. D’ailleurs, à l’entrée du village, les jeunes chargés d’accueillir les visiteurs, n’ont rien laissé au hasard afin qu’il n’y ait aucun désagrément quand l’heure de quitter les lieux sonnera. À notre arrivée tout près de la stèle Matoub Lounès, une consigne nous a été donnée de garer notre véhicule sur l’accotement avant qu’une autre ne nous soit donnée afin de continuer quelques mètres à pied jusque sur la place du village grouillante déjà de monde. Devant la mosquée, les » Taleb », assis sur un tapis, entonnaient des champs religieux, tout en recevant les offrandes que faisaient notamment les femmes et les jeunes filles venues nombreuses pour cette fête religieuse. Une fois ce geste accompli, elles arpentent la petite pente qui mène vers le cimetière du village afin de visiter les proches et parents qui y sont inhumés. «Avant, c’était à Lamqam, petit mausolée, qui est à l’intérieur du cimetière que les » Taleb » recevaient ces offrandes. Cette année, nous avons décidé de déplacer ce rituel vers cet endroit. C’est plus commode», nous répondra un membre du comité qui veillait au bon service de l’opération. Dans le préau, œuvre du comité des tables étaient installées et tout était prêt. D’ailleurs, les serveurs s’empressaient de mettre en place en un clin d’œil les couverts, les parts de viande et les plats de couscous. «C’est un couscous succulent. J’apprécie beaucoup les repas servis dans ces » Waâda ». C’est plus original et c’est plus convivial», nous confiera un sexagénaire qui a fait le déplacement de Boghni. Au moment où les groupes de convives étaient pris en charge pendant que d’autres attendaient leur tour, devant le café du village, des discussions tournaient autour de la disparition, annoncée la veille, du grand militant, docteur, homme politique, visionnaire, Da L’Hocine, l’ex président du FFS, M. Hocine Aït Ahmed. En tendant l’oreille, des mots touchants font leur écho: d’Argaz, c’était un vrai homme, il n’a jamais fléchi, dafahli et bien d’autres qualificatifs revenaient sur les lèvres. On a ressenti non seulement de la compassion à l’égard du vieux routier de la politique, mais aussi, de la tristesse. «Le cœur n’y est pas. Il n’a pas changé d’un iota depuis qu’il avait seize ans jusqu’à ses 89 ans. Que Dieu ait son âme et l’accueille dans son Vaste Paradis. Dda L’Hocine est parti sain et c’est à nous de continuer le chemin qu’il a tracé. Nous devons réaliser son rêve: une Algérie libre et démocratique dans le respect des droits de l’homme», suffira de nous dire un des militants actifs du FFS à Aïn Zaouia. Même si l’émotion était dans l’air car les visages en disaient long, contrairement, aux années précédentes quand la joie se lisait sur les visages, nous nous sommes rapprochés du président du comité M. Alioui Ali qui nous déclarera : «cette waâda n’est pas spéciale pour Le Mouloud. Mais, c’est surtout pour la fraternité. Nous lançons des invitations aux nôtres qui habitent ailleurs. Ils viennent d’Alger, de Boghni, de Draâ El-Mizan et d’ailleurs. C’est devenu ici une tradition. C’est une fête annuelle. Ainsi, tous les habitants du village se rencontrent et se revoient après, peut être, une année sans nouvelles des uns et des autres. Nous avons même une salle pour faire servir les femmes». Interrogé sur la provenance de l’argent dépensé pour cette occasion, il nous répondra que c’est un fonds de roulement du village provenant des offrandes. «Notre comité a, à son actif, des opérations comme les caniveaux que nous avons réalisés afin de protéger le bitume, des volontariats et d’autres actions. Notre souhait est de devenir le village le plus propre non seulement de la daïra de Draâ El-Mizan mais aussi de la wilaya», conclura M. Alioui Ali. En tout cas, comme l’a si bien dit ce président de comité ce rendez-vous annuel est celui de la fraternité et de l’unité du village. De son côté le maire de Aïn Zaouia était parfaitement d’accord sur ce qui a été dit, parce que cet édile communal, natif de ce village, considère que ce que fait le comité est à inscrire dans l’apport du citoyen pour la préservation des structures dont il bénéficie d’une part, et d’autre part, être au rendez-vous comme ce fut le cas avant-hier, est une manière de consolider les liens entre villageois et entre familles car, au bout du compte, le village est une seule entité et personne n’a le droit de transgresser l’ordre établi avec le concours des sages et des membres qui dirigent le comité seul organe fédérateur de toutes les tendances.
Amar Ouramdane

