Pour ne plus subir la fatalité d'une agriculture pluviale

Partager

Dans la wilaya de Bouira, classée à vocation céréalière, le blé a soif à proximité du barrage de Tilesdit ayant une capacité de 164 millions de M3, dans la daïra de Bechloul.

Depuis le début de la campagne labours-semailles, le ciel s’est montré d’une parcimonie exceptionnelle cette année. L’emblavure en céréales prévue pour cette campagne est de l’ordre de 72 000 hectares. En raison de la sécheresse qui sévit dans la région et sur l’ensemble du pays, certains agriculteurs se sont montrés réticents, particulièrement dans la région sud pré-steppique, où la pluviométrie ne dépasse pas, en temps normale, une moyenne de 250 mm/an. Sur les 72 000 ha prévus, 41 400 ha sont consacrés au blé dur, 17 000 ha à l’orge, 15 000 ha à l’avoine et 11 572 ha au blé tendre. En dehors de la production de la pomme de terre, qui avoisine 2 millions de quintaux en 2015 (saison et arrière-saison) sur une superficie de 34 285 ha, la tendance générale est à la monoculture des céréales en sec, dominée par les terres relevant du domaine privé de l’État (EAI et EAC). Les efforts de l’investissement dans l’oléiculture y compris dans la partie sud de la wilaya, pour s’ajouter au patrimoine déjà productif de la vallée de l’Oued Sahel, au nord, sont soumis à plusieurs aléas, dont le premier est l’irrigation d’appoint, au moins aux premières années de la plantation. Les ressources en eau de la haute Soummam, au piémont du Djurdjura, étaient laissées à l’abandon jusqu’à la construction du barrage de Tilesdit au milieu des années 2000. Il en est de même des eaux de l’Oued Bousellam, un important affluent de la Soummam, sur le versant nord des Bibans Sétifois. Depuis cinq ans, ces eaux sont emmagasinées dans le nouveau barrage de Tichy-Haf (capacité de 120 millions de M3), dans la commune de Bouhamza. Afin de bien exploiter cette manne hydrique, trois périmètres irrigués sont conçus sur la vallée de la haute Soummam et de la Soummam moyenne, chevauchant sur les wilayas de Bouira et Béjaïa. L’importance de tels investissements ne paraît au grand jour que dans les situations comme celle que vit actuellement l’Algérie, avec une sécheresse aigue, rappelant celle de 2002, qui menace une production agricole soumise à la seule grâce de la pluie. À la faveur des périmètres irrigués, dont les travaux de réalisation sont achevés, les potentialités agricoles de la wilaya de Bouira, basées jusqu’ici sur la céréaliculture et l’oléiculture en sec, la pomme de terre et l’élevage, sont appelées à enregistrer un bond et se diversifier. En effet, les pouvoirs publics tiennent à accompagner la politique de mobilisation de l’eau, accomplie ces dernières années à travers la construction de barrages, et lui donner un prolongement dans le secteur agricole par l’installation de systèmes d’irrigation qui permettra de diversifier l’offre en matière de production agricole. Pour les objectifs nationaux, ce sera là également une contribution certaine à la réalisation, tant attendue, de la sécurité alimentaire du pays. Les deux nouveaux périmètres irrigués de Bouira, en plus de l’ancien périmètre des Aribs, dans la région de Aïn Bessem, sont situés au nord de la wilaya (vallée de l’Oued D’hous et de l’Oued Sahel, constituant la partie supérieure de la Soummam). L’aménagement hydro-agricole consistant en la réalisation d’infrastructures et des équipements nécessaires à l’installation de rampes d’irrigation est chevé. Reste le raccordement au réseau électrique, prévu pour octobre dernier, mais qui a enregistré un certain retard suite à des oppositions enregistrées sur l’itinéraire de la ligne électrique. Le premier périmètre est situé dans la région d’El Esnam, sur une superficie de 3 395 hectares. Le second périmètre est, lui, positionné au niveau de la région de M’Chedallah, sur une superficie de 1 600 hectares. Ce périmètre est essentiellement constitué d’oliveraies, un patrimoine déjà existant qu’il y a lieu de mieux valoriser. Ce sont ainsi près de 5 000 hectares de terres fertiles de la haute Soummam qui sont appelés à connaître un autre destin, celui de la diversification de la production (arboriculture fruitière, maraîchage) et du haut rendement. Pour faire jonction avec la vallée de la moyenne Soummam relevant de la wilaya de Béjaïa, le gouvernement a aussi décidé de créer un autre périmètre agricole qui prolonge les deux nouveaux périmètres de la wilaya de Bouira. Il est délimité dans le secteur Akbou-Allaghane-Tazmalt sur une superficie de 3 820 hectares, et il sera alimenté par le barrage de Tichy-Haf, qui prend naissance sur les hauts plateaux de Sétif et traverse le massif des Bibans, pour rejoindre la Soummam en face de la ville d’Akbou. L’ensemble de ces trois périmètres, totalisant près de 9 000 hectares, constituera un couloir agricole de haute importance appelé à créer, à moyen terme, des milliers d’emplois et à changer le paysage agricole de la région.

Amar Naït Messaoud

Partager