Entre bûche et embûches

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L’année 2015 qui tend à tirer sa révérence ce jeudi à minuit est loin de ravir le citoyen lambda, croupi sous le poids des dépenses. L’érosion du pouvoir d’achat laisse perplexe plus d’un qui s’attendent à une nouvelle année plus rigoureuse. Nonobstant cet air maussade, bon nombre de ménages à Béjaïa tiennent mordicus à célébrer l’arrivée du nouvel an dans la joie et la gaité. Pour ce faire, les préparatifs vont bon train, ces dernières heures, et les marchés et autres magasins de confiseries aux quatre coins de la wilaya connaissent un rush considérable, au grand bonheur bien évidemment des commerçants qui se frottent les mains, espérant gonfler leurs chiffres d’affaires. De l’avis général, le réveillon, certes, est une fête qui ne reflète guère nos traditions, mais la majorité des Algériens désirent passer la fin de cette année dans une ambiance festive. Comme toutes les régions du monde, Béjaïa accompagnera l’année 2015 jusqu’à sa dernière demeure. En effet, les différents villes et villages de cette contrée veilleront au moins jusqu’à minuit afin d’«enterrer» cette année, à vite oublier, et accueillir 2016 avec l’espoir que ce nouvel an sera mieux que le précédent. En effet, depuis quelques, jours déjà les jeunes vendeurs d’occasions ont fait leur apparition sur les trottoirs des villes telles que Sidi-Aïch, Akbou, Tazmalt, Béjaïa-ville… étalant leurs tables de fortune. Chocolat, amendes, noix, dragées, jeux de lumières, sapins décorés avec des guirlandes aux multiples couleurs, cartes de vœux, jouets, feux d’artifice… sont proposés à la vente. Tout se vend ces jours-ci. Des produits qui ont la cote à la veille du passage au nouvel an. La traditionnelle bûche a fait son apparition dans les boulangeries et autres magasins proposant des pâtisseries. Proposé entre 350 et 700 dinars, ce fameux gâteau semble incontournable en cette occasion de fin d’année. Les pères de famille n’hésitent pas à mettre la main dans la poche pour égayer avant tout sa progéniture. Bien évidemment, la célébration du nouvel an est tributaire des moyens de fêter le réveillon. À peine deux jours avant la fin de l’année, les villageois et autre riverains se pressent le pas devant les étals des marchés et des boutiques pour acheter un poulet à cette occasion ou pourquoi pas une dinde pour préparer un repas familial, et cela, sans oublier de le faire accompagner d’une bûche. Le porte-monnaie des ménages étant soumis à rude épreuve, ces dernières font souvent impasse, préférant zapper cette fête qui ne figure nullement dans leur agenda. «Le prix du poulet frôle les 400 dinars le kilo et celui de la viande rouge n’est pas à la portée de tout le monde en cette fin d’année. Chaque année, on se retrouve avec des dépenses en plus, car les prix des produits alimentaires connaissent des augmentations vertigineuses», nous dira Dda Tayeb, père de famille. Pour la communauté des jeunes, le réveillon est une occasion à ne pas rater. Ils se donnent rendez-vous dans des endroits discrets pour s’éclater aux rythmes de chansons, de danse et s’adonner à des boissons alcoolisées à en perdre la tête jusqu’à l’aube. D’autres s’organisent entre amis en préparant des soirées. Ils louent une salle et ils font venir un bon DJ pour bien terminer l’année. En effet, si cette fête représente une occasion pour les personnes branchées qui préfèrent passer la fin de l’année dans une ambiance festive, d’autres personnes s’y opposent catégoriquement, sous prétexte que le réveillon est considéré comme une fête chrétienne. Au demeurant, le passage à la nouvelle année rime avec bûche pour les uns et embûches pour les autres.

Bachir Djaider

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