L’année 2015 sera gravée à jamais dans la mémoire des citoyens de la wilaya de Bouira, qui se souviendront, à coup sûr, de plusieurs faits marquants ayant ponctué ces douze derniers mois.
Des faits fastes mais, malheureusement, aussi néfastes qui s’inscrivent désormais dans ce qui sera l’histoire de la wilaya de Bouira. Crise de logement, chômage, protestations et grèves sur tous les fronts, accidents de la circulation, tentatives de kidnappings d’enfants,&hellip,; sont quelques éléments qui ont marqué cette année. Et le décès du Moudjahid Aït-Ahmed a été l’évènement qui a marqué le plus les citoyens Bouiris. À travers les quatre coins de la wilaya, de nombreux hommages ont été organisés, dans une effervescence rare et populaire. Les citoyens de la wilaya ont tenu à être présents dans l’enterrement de Si El-Hocine dans son village natal à Aïn El-Hemame, c’est ainsi que plusieurs milliers de citoyens ont tenu à faire le déplacement pour accompagner Dda El-Hocine vers sa dernière demeure.
Accidents de la circulation : l’hécatombe continue
Comme à chaque année, la wilaya de Bouira a été marquée en 2015, par un nombre effrayant des accidents de la circulation, et dont la majorité a été signalée au niveau du tronçon de l’autoroute Est-ouest. Sur près de 33 kilomètres, reliant Lakhdaria au chef-lieu de la wilaya, ce tronçon est connu, comme l’une des plus dangereuses partie de l’autoroute Est-ouest. Relief accidenté des travaux de remise à niveau qui piétinent, signalisation absente et forte circulation automobile, sont à l’origine de nombreux accidents mortels. Le facteur humain rest, toutefois, la raison principale de la forte mortalité sur cette route. Ainsi et d’après les statistiques des services de la Protection civile de la wilaya de Bouira, le nombre d’accidents de la circulation sur les routes de la wilaya est estimé à plus 3 183, faisant plus de 80 morts et près de 1 300 blessés. L’autoroute Est-ouest vient en tête de la liste, avec 295 cas d’accidents. Ce drame sur les routes relance, une fois de plus, le débat sur l’état très dégradé de certains tronçons, notamment la portion d’autoroute entre Bouira et Lakhdaria. En effet et en dépit des mesures et surtout des nombreuses mises en garde des responsables du secteur à l’égard des entreprises en charge des travaux, le renforcement des chantiers en moyens humain et matériel, ainsi que l’accélération de la cadence des travaux, tardent à voir le jour. L’augmentation constante du nombre d’accidents est due à l’insuffisance de plaques de signalisation, avertissant les usagers sur l’implantation des chantiers. Chaque jour, des embouteillages monstres se forment sur cet accès, des milliers d’automobilistes se rabattent alors vers la RN05 pour éviter d’être pris en otage, pendant plusieurs heures sur l’autoroute, mais ils se retrouvent vite pris dans le piège de la RN05 qui se bloque à chaque fois, notamment au niveau du chef lieu de la commune d’Aomar, en raison du nombre important de véhicules, les poids lourds notamment, qui la traverse. Abdelkader Ouali, ministre des Travaux publics, avait annoncé au mois d’Octobre dernier, lors de sa visite à Bouira, que la livraison définitive des travaux s’effectuera le mois de Décembre dernier. Un engagement qui ne semble pas se conjuguer sur le terrain, puisque les travaux sont toujours en cours, et semble prendre encore plus de temps, notamment au niveau du tunnel d’Oued Rkham où des travaux de remise à niveau ont été attribués à une entreprise chinoise.
Un front social en constante ébullition
Comme chaque année, Bouira a vécu 2015 sous le rythme des protestations sociales : crise de logement, chômage, développement du cadre de vie et raccordement au gaz naturel. Les protestataires ont souvent eu recours aux fermetures de sièges d’APC, de daïras et des routes, ou à des marches et des rassemblements pacifiques, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le malaise social. Eau potable, gaz, routes, transport scolaire, logements… sont autant de revendications exprimées par les citoyens. Dans la ville de Bouira, le problème du relogement a souvent défrayé la chronique. Durant 2015, aucune opération de relogement n’a été opérée, et ce, malgré une grande pression de la part des demandeurs de logements, et qui, organisent, chaque semaine, des rassemblements pour réclamer leur droit au logement. Beaucoup de débordements ont été signalés lors de ces actions, des tentatives de suicides et des violences notamment, qui ont conduit à une dizaine d’arrestations. Les projets de logements LSP, LPA et AADL n’ont pas fait l’exception, puisque les souscripteurs se sont toujours manifestés, pour exprimer leur inquiétude, quant au retard et blocages des travaux au niveau de certains chantiers. Le raccordement au gaz naturel a soulevé lui aussi, le coureau des citoyens de plusieurs communes de la wilaya, notamment ceux issus de zones éloignées ou isolées. Leur souhait, c’est de voir leurs foyers raccordés au gaz naturel avant l’arrivée des grands froids. A noter néanmoins, que le programme de raccordement au gaz naturel de la wilaya, a enregistré une nette avancée avec un taux globale de raccordement estimé à plus de 77%. Plusieurs villages et localités, notamment de l’Est de la wilaya, ont été raccordés à cette matière importante, grâce aux efforts de la wilaya et des services de la SDC-Bouira, et qui ont réussi à concrétiser sur le terrain des dizaines de projets de raccordement. D’autres localités sont programmées pour le nouveau plan d’action 2016, qui va hisser le taux de raccordement de la wilaya à 83%. Un taux qui s’améliorera à coup sûr dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019, puisque l’objectif tracé est de couvrir toutes les localités de la wilaya en gaz de ville. À leur tour, les propriétaires des fusils de chasses de la wilaya n’ont pas pris du repos en 2015, en organisant plusieurs dizaines d’actions de protestation pour réclamer la resituions de leurs armes confisquées durant la décennie noire. D’après nos chiffres, pas moins de 8 500 fusils n’ont pas encore été restitués à Bouira, et l’opération de restitution est toujours à l’arrêt depuis septembre 2014. Le ministre de l’Intérieur s’est engagé lors de sa visite à Bouira, le mois de Novembre dernier, pour la restitution de l’ensemble des armes confisquées ou de la compensation par des nouvelles armes. Une promesse qui ne semble pas convaincre les plaignants, puisque ils ont décidé de maintenir le cap de la protestation, et ce, jusqu’à la restitution totale de l’ensemble de ces armes.
Une rentrée universitaire et scolaire mouvementée
2015 a été également, l’année des protestations aux écoles et à l’université de Bouira. Les étudiants comme les élèves de tous cycles confondus, se sont soulevés à maintes reprises durant les mois de Septembre et d’Octobre, pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de scolarisation. Ainsi, la rentrée universitaire, à l’université Akli Mouhand Oulhadj de Bouira, a été marquée par une série de grèves et de protestations. L’amélioration des conditions d’hébergement, de restauration et de transport, l’insécurité au sein des campus et des résidences universitaires, et la garantie d’une accession au master pour tous les diplômés, sont parmi les revendications soulevées par les étudiants. Ces derniers ont même bloqué toute l’université à deux reprises au mois de septembre dernier. Les étudiants du département de Tamazight sont à leurs tours revenus à la charge. Comme, chaque année, ces derniers réclament «une prise en charge réelle de Tamazight au niveau de l’université de Bouira, notamment à travers sa généralisation dans tous les départements et les instituts». Idem pour le secteur de l’éducation de la wilaya, où, dès le début de l’année, les enseignants, les élèves et leurs parents, sont montés au créneau au niveau de plusieurs établissements, avec principalement comme revendication, l’amélioration des conditions de scolarisation au sein des établissements. De Bouira à Lakhdaria, en passant par M’Chedellah, Aïn-Bessem et Sour El-Ghozlane, des grèves et des protestations ont été enregistrées. Insécurité dégradation des structures, transport scolaire ou chauffage absent et manque d’enseignant et d’encadrement, sont les principales carences qui ont poussé les enseignants, parfois, et les élèves et leurs parents d’autres fois, à protester et à soulever leur colère. Dans ce sens, la direction de l’éducation de Bouira a montré un bon sens de communication, en mettant, à chaque fois, l’accent sur le débat direct. Des échanges qui ont vite eu leurs fruits, puisque la majorité des problèmes ont pu être réglés en l’espace de quelques mois seulement.
Kidnapping d’enfants, un phénomène nouveau
Durant l’année 2015, pas moins de cinq tentatives de kidnappings ont été enregistrées, au niveau des localités de Sour El-Ghozlane, Rauraoua, Bechloul et El-Asnam de la wilaya de Bouira. Si ces tentatives ont été toutes mises à l’échec, grâce notamment à la vigilance des citoyens et des services de sécurité ce phénomène ne cesse de soulever l’inquiétude des parents. Ces derniers et à travers tous les territoires de la wilaya, ont redoublé de vigilance pour surveiller leur progéniture. Des cours des quartiers jusqu’au portes des établissements, les parents veillent sur leurs gamins. «J’ai acheté un téléphone portable à mon fils de 06 ans, malgré le fait qu’il ne sache pas encore comment l’utiliser, mais je le mets dans son cartable, chaque jour. Je fais de mon mieux, aussi, pour être toujours devant la porte de son école à midi ou le matin, ou je l’accompagne, et ce, afin d’éviter toute mauvaise surprise», témoigne un parent d’élève de la ville de Bouira. Les services de sécurité ont, aussi, redoublé les patrouilles, notamment devant les établissements scolaires, afin de rassurer les parents et de dissuader dans les meilleures délais, toutes tentatives de rapt.
Arrestation de Moulay Saleh à Alger
Si 2014 était l’année de la faillite pour la SARL Wâad Sadek de Sour El-Ghozlane, 2015 était l’année de l’arrestation de son principal gérant, à savoir Moulay Saleh, qui a été interpelé le 10 novembre à Alger, où il avait pris refuge chez ses amis. L’ex-puissant homme d’affaires et bâtisseur de «l’empire» El-Waâd El-Sadek, Salah Moulay, a été arrêté par les éléments de la police judicaire d’Alger, suite à un travail d’enquête et de recherche qui a duré près de huit mois. Transféré dès le lendemain vers le pénitencier de Bouira, ce dernier a été jugé en l’espace de quelques semaines dans plusieurs affaires, où il sera condamné à 10 ans de prison ferme. En 2016, Moulay Saleh devrait figurer également devant les juges dans d’autres affaires liées à son activité et expliquera, peut être, l’énigme El-Waâd Sadek.
Le spectre de la sécheresse refait surface
Alors que l’on croyait l’hiver installé dans la durée, que l’épisode pluvieux, voire neigeux (du moins sur les hauteurs), a fait réagir en conséquence les autorités avec ce que l’on peut imaginer comme moyens pour le contrer, que l’on a sorti des placards manteaux, chaussettes de laine, bottes et parapluies, la météo a infligé un démenti rapide et cinglant. Les manteaux, les pulls et les parapluies sont rangés et les gens se baladent de nouveau en tenues estivales. Le spectre de la sécheresse se profile à l’horizon 2016. Faut-il s’alarmer de ce paradoxe climatique ? Devrait-on s’attendre à une sécheresse comme celle que la région a vécue avant 2003 ? Quoi qu’il en soit, les chiffres communiqués, hier, par la direction de l’hydraulique ne semblent pas présager d’un tel scénario. Les apports pluviométriques enregistrés pendant les mois écoulés, ne sont pas plus mauvais que ceux de l’année dernière, selon le responsable de ce secteur. À titre illustratif, il cite le barrage d’oued Lakhal, à cinq kms à l’Est d’Aïn Bessem. Cet ouvrage, qui, depuis l’année dernière, est exclusivement réservé à l’irrigation des maraichages, est à 16,5 millions de m3, son niveau maximal étant de 27 millions de m3. Celui de Tilzdit, dans la daïra de Bechloul, est à 149,3 millions de m3 pour une capacité de 164,5 millions m3 et celui de Koudiet Acerdoune est à 565 millions m3 pour une capacité de 640 millions m3. Conclusion logique: il n’y pas lieu de se faire du mouron quant à l’eau potable. Les réserves sont importantes. Mais il y a lieu de se faire du souci pour l’agriculture. La DSA table sur une année que les premières pluies de septembre et d’octobre ont été placées sous de bons auspices. L’expérience tirée des deux dernières années a montré dans quelle mesure les plantes ont pâti du stress hydrique important enregistré dans la wilaya, et ont incité les agriculteurs et les responsables du secteur à se méfier des premiers mois qui s’annoncent généralement favorables à une bonne année. C’est pourquoi, le souci est grand face à cette parenthèse, ouverte par des conditions météorologiques en complète contradiction avec la saison, d’autant plus qu’on ne sait pas quand celle-ci se fermera. D’ailleurs, rendus prudents par cette expérience fâcheuse qui se caractérise, chaque année, par un déficit pluviométrique important entre mars, avril et mai, les responsables du secteur ont réagi en recourant de plus en plus à l’irrigation par kits. Le nombre de ce matériel agricole destiné à l’irrigation, est de 344 kits, dont 197 sont soutenus par l’Etat avec 6 dérouleurs. La superficie irriguée réservée l’année dernière à la céréaliculture, est de 3 000 hectares. Celle du blé dur est de 4 977 ha contre 1 216 de blé tendre. La surface emblavée en orge est de 715 hectares. En dépit d’une bonne pluviométrie au départ (495 mm en 81 jours), la récolte a été assez médiocre, car la sécheresse l’avait gravement compromise en réduisant fortement le poids du grain du blé. En effet, le taux de pluviométrie avait considérablement chuté entre mars (9 mm) et avril (1,5 mm) pour se redresser en mai (13,5 mm). Résultats obtenus à la fin de la campagne moisson battage pour l’année 2014-2015: blé dur : 1 075 000 quintaux. Blé tendre: 290 180 quintaux. Orge: 309 720 quintaux. Avoine:25 100 quintaux. Au total, la direction du secteur agricole a récolté 1 700 000 quintaux, selon ses propres statistiques.
L’année de l’industrie par excellence
L’année 2015 à Bouira a été marquée par une flambée sans précédente des activités industrielles. Forte de ses infrastructures routières et de sa position géographique, mais aussi de ses nombreuses zones d’activités et d’une méga zone industrielle à Sidi-Khaled, dans la commune d’Oued El-Berdi, la wilaya de Bouira est devenue très attractive et attire les convoitises de beaucoup d’industriels et d’investisseurs nationaux et même étrangers. C’est ainsi qu’en 2015, Bouira a vu la relance de la majorité des zones d’activités communales (ZAC), et l’implantation de plusieurs projets d’investissements dans l’industrie. De l’agroalimentaire à l’industrie automobile et de transformation, la wilaya devrait devenir dans les toutes prochaines années, une wilaya industrielle par excellence. Un facteur très important pour le développement local, mais aussi complémentaire à une activité agricole et touristique déjà très en vue. Parmi les importants projets inscrits en 2015, l’on citera celui de la future usine de montage de véhicule utilitaire du grand constructeur Italien «Iveco», au niveau de la zone industrielle de Sidi-Khaled. Cette importante usine entrera en production au début de l’année 2016 et aura comme capacité de production plus de 13 000 véhicules par an. 15% de cette production sera destinée à l’exportation. Dans le même sillage, le groupe industriel «El-Hasnaoui» prévoit l’installation, au courant de l’année 2016, de deux usines de tri des déchets à Bouira. Avec un investissement de plus d’un million d’euro, les deux usines sont le fruit d’un partenariat avec une importante entreprise portugaise.
O K.