… Les femmes tentent le rituel « Anzar » à Saharidj…

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Le village Aggach, dans la commune de Saharidj, a célébré à sa manière Yennayer par le biais de ses femmes qui ont décidé d’organiser Anzar, rituel ancestral purement traditionnel sans couleurs religieuses mais inclus dans les croyances anciennes plusieurs fois millénaires. Le rituel Anzar consiste à collecter des denrées alimentaires pour en faire Asfel (offrande) qui se veut une invocation ou imploration à l’intention du dieu de la pluie dont l’offrande est une mariée imaginaire, après une longue sécheresse. Ainsi, tôt en cette matinée d’avant-hier, un groupe de femmes âgées représentant chacune l’une des familles de ce village ont fait, après concertation, du porte à porte dans cette agglomération, en périphérie du chef-lieu de commune, accompagnées d’enfants. Un cortège précédé par deux filles vêtues de tenues traditionnelles kabyles qui ouvrent la marche en brandissant «Tislith n wenzar» (la mariée d’Anzar ) qui est en fait une grande louche en bois parée comme une mariée en chantant la célèbre chanson «Anzar, Anzar a rebi eswitsid ar azar» (oh Anzar, dieu de la pluie, asperge la terre jusqu’aux racines). Ces femmes collectent en même temps des denrées alimentaires que leur offrent les mères de familles, de quoi en faire un grand couscous le mercredi (hier, ndlr) au niveau de la placette devant le cimetière d’Issoulah, au milieu du village, qui fait office de tajmaât, auquel ont été conviés tous les passants. Une activité qui a drainé une importante foule de femmes et d’enfants qui chantaient à tue-tête en sillonnant les quartiers du village durant toute la journée. Les organisatrices qu’on a abordées sur les lieux affirment que la collecte des denrées alimentaires dépasse toutes leurs espérances et qu’elles en comptent en faire une mémorable «tarvuth», grand plat collectif en argile avec plus de 100 kg de couscous mélangé à de la viande séchée «aqedid» et des œufs durs. Devant l’importante collecte de toutes sortes de denrées alimentaires, elles ont décidé de préparer un deuxième plat traditionnel, des crêpes (tighrifine) que certains plaisantins qualifient de «mille trous». Pure coïncidence ou réaction du dieu de la pluie Anzar? De grands vents qui charrient de gros nuages noirs qui annoncent l’arrivée prochaine de la pluie se sont mis durant cette première journée à souffler assez fort et balaient toute la région. Nos braves femmes scrutent le ciel avec fierté et se montrent confiantes. «Il pleuvra, affirment-elles, à l’unisson» en levant les mains au ciel et implorant Dieu de mettre fin à sa punition.

Oulaid Soualah

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