Dans une longue requête adressée à toutes les autorités locales concernées, datée du 06 janvier écoulé et dont une copie nous a été remise, le collectif des représentants des citoyens de Raffour émet une opposition catégorique au projet d’investissement d’un opérateur privé dans le lit du dit cours d’eau.
Dans cette requête, il a été évoqué une autorisation d’exploitation délivrée par la wilaya à cet investisseur qui a, selon les opposants, procédé à la délimitation du terrain par la pose de piquets en acier, un fait confirmé par le responsable local du service de l’hydraulique. Ce dernier affirmera qu’effectivement, cet investisseur a été autorisé à lancer son projet. Les représentants de Raffour expliquent leur opposition en évoquant des retombées qui seront, selon eux, catastrophiques pour les riverains d’Assif Iwakuren, une rivière qui longe étroitement la ville de Raffour dans le sens Nord-Sud et traverse en plein milieu la localité Aharrach pour atteindre Assif n’Sahel. Une quelconque opération d’aménagement qui serait entamée à l’intérieur du lit de ce ruisseau serait dangereuse, d’autant plus que ce cours d’eau, un des plus importants de la région, enregistre de spectaculaires et violentes crues à chaque perturbation climatique durant toute la saison humide. Il prend naissance à quelque 25kms en haute montagne sur les flanc Sud-est du massif de Yemma Khlidja, qui est rejoint par Assif levaal à mi-chemin en aval dans la commune de Saharidj qui lui aussi prend naissance à la même altitude qui frôle les 1500m, ce qui explique la violence de ces crues aggravée par une gravitation presque à pic qui dépasse les 120° sur la moitié de son parcours, d’où cet itinéraire de 25kms parsemé de chutes sous formes de mini cascades à l’origine d’un cours d’eau extrêmement violent. Un phénomène naturel dont l’envergure et l’ampleur sont affichées par la largeur du lit d’oued entre Avaali et Aharrach qui dépasse les 350 mètres, lequel est truffé de gros rochers charriés par les eaux en furie des crues hivernales. Tout ceci explique la crainte tout à fait légitime du collectif de Raffour. Le moindre détournement de ce cours d’eau aboutirait sur un débordement des impressionnantes crues qui seront sans nul doute catastrophiques pour les riverains des deux côtés des berges tant pour les habitations proches des rives que pour les vergers de maraichères et d’oliveraies à perte de vue et constitueront en même temps une menace permanente pour le pont Wakur de la RN15 M’Chedallah- Béjaïa qui enjambe Assif Wakur à quelque 400 mètres en amont de l’endroit en question. Abordé à ce sujet mercredi dernier, le nouveau chef de daïra récemment installé qui a reçu les opposants, dira qu’il ignore les détails de ce dossier mais promet néanmoins de convoquer tous les responsables concernés et suivre en personne cette affaire qui risque d’aboutir sur des actions de rue si l’investisseur en question revient sur les lieux. Il convient de signaler qu’après notre déplacement sur les lieux, nous avions constaté que la surface délimitée par des piquets en fer est une zone inondable en plein lit d’oued. Signalons pour conclure que ce même collectif de Raffour a proposé dans sa plate-forme de revendications élaborée en 2012 et remise aux autorités, la réalisation de corrections territoriales en ces lieux et l’aménagement d’une retenue collinaire au même endroit pour la récupération et l’exploitation des énormes quantités d’eau drainées par les deux ruisseaux (Assif Iwakuren et Assif Levaal) provenant des pluies, fonte de neige et de dizaines de sources vives qui coulent le long de l’année même en période sèche. Un important volume d’eau qui se perd inutilement en se mélangeant en amont aux eaux usées d’Assif n’Sahel. Notons enfin que dans sa requête, le collectif de Raffour exige l’annulation pure et simple de cette autorisation d’exploitation d’Assif Iwakuren.
Oulaid Soualah