“Faire la Kabylie sans défaire l’Algérie”

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La Dépêche de Kabylie : d’emblée et sans détours, quelle évaluation et quel constat faites-vous sur l’état des lieux de la région ?nn Slimane Kerrouche : Il n’est pas facile d’être exhaustif dans le contenu de la réponse à cette question, mais toujours est-il qu’on peut approcher la réalité trop complexe et dynamique de la région. Sans trop m’étaler dans le temps, la Kabylie depuis 4 à 5 ans, s’est fait une histoire par des évènements trop tragiques, où personne ne peut se targuer d’une quelconque victoire. Les stigmates en sont multiples à telle enseigne que l’on est passé d’une situation de mort d’hommes à celle de paralysie économique, jusqu’au gel de tout développement. Il a fallu des volontés, des hommes, des convictions, de l’amour, à cette région pour que, le pire soit évité, et faire la Kabylie n’est pas défaire l’Algérie et faire l’Algérie n’est pas défaire la Kabylie. Un phénomène d’osmose caractérise l’échange et sa cessation n’arrange le compte de personne. Dieu merci, nous amorçons une bonne étape pour la région, la paix et la stabilité sont de retour où tout peut s’envisager au service des populations locales. La réhabilitation de l’expression politique, le retour et l’encouragement des investisseurs la libre initiative, ne sont plus des choses chimériques, mais des réalités concrètes à même d’y croire à une dynamique de développement avec du sang nouveau, des objectifs clairs, mais surtout la foi en un sursaut pour abandonner les sentiers battus où est plongée, la région, pour se voir rongée par la régression tous azimuts. En ce sens, le tissu social de la région redécouvre sa cohésion, mais à la fois il est incontestable que beaucoup reste à faire en matière de recouvrement de sécurité publique, de création d’emploi, de traitement de fléaux sociaux, tâches possibles de réussir uniquement dans un environnement stabilisé où la communication serait le pivot de toute dynamique. L’exclusion conduit vers des impasses, et quelles que soient les politiques à mettre en branle, elles n’aboutiront pas.La synergie de toutes les forces sans tabou ni complexe, est recommandée dans une vision nouvelle, de la façon par laquelle il faut sortir des ténèbres, des hommes existent, des moyens aussi, il suffit de s’y mettre et de savoir ce que l’on veut.

Pouvez-vous être un peu plus explicite, quant aux nouvelle donnes de la région ?nn Il suffit d’abord de remarquer que le chef-lieu de wilaya, même si des insuffisances sont relevées, donne un faciès tout à fait nouveau. La ville nous livre un look que l’on n’a pas connu, les citoyens vaquent normalement à leurs occupations, les commerçants ne sont plus inquiets dans leur activité, sans évoquer d’autres facteurs qui démontrent une reprise de la vie sociale et économique.De plus, la région a connu exceptionnellement l’organisation d’une sécurité à travers les élections partielles tenues, dans la sérénité totale, le 24 novembre passé.Je rappelle qu’en 2002, j’étais élu à l’APW que j’ai quittée quelques mois plus tard. Ma conviction d’abord, me dictait une telle opération, dans l’unique souci de provoquer les meilleures conditions politiques possibles à engager un dialogue responsable entre les pouvoirs publics et le Mouvement citoyen, tout cela avait comme toile de fond, la préservation des intérêts de la région. En sus de cela, il faut dire qu’il y a eu un déferlement de ministres de la République tous secteurs confondus alors que quelques années avant, aucun officiel n’y pouvait atterrir. Ces changement qualificatifs donnent une tout autre physionomie politique de la région. Positiver dans ce sens ne peut que faire avancer les choses et désormais la région décolle vers des horizons nouveaux et meilleures. Ajouter à cela la riche activité et production culturelle de retour dans la région, et qui s’illustre pour la Maison de la culture de Tizi Ouzou, devenu un centre de gravité de toute pulsion. Le directeur de la Maison de la culture qui a réussi l’exploit de remettre sur les rails un établissement et un secteur longtemps restés en léthargie. Tout cela finalement entre en ligne de compte qui fait persuader plus d’un que les changements s’amorcent dans le bon sens.

Justement en votre qualité de vice-président d’APW en poste, comment envisagez-vous l’exercice de votre mandat et quel bilan faites-vous du mandat passé ?nn Nous estimons travailler dans le plus large consensus possible entre les différentes parties. Loin s’en faut d’exclure quiconque car l’urgence à laquelle il faut répondre n’autorise pas de dissensions ou des tiraillements.Le travail nous le situons à trois niveaux, et qu’il faut le mener avec courage et honneur. D’abord la relation inter-élus, puis celle avec l’administration, les deux contenues dans celle que nous entretenons avec les populations qui nous ont fait confiance.A ce titre, le travail de proximité, la culture politique, et la pédagogie de gouvernance s’imposent pour s’assurer les résultats et signer des victoires. A l’intérieur de l’hémicycle, on ne peut et on ne doit pas faire de l’oppostionnisme par passion. La mission qui nous est assignée est tellement lourde de responsabilités que l’enfantillage politique n’est guère permis. Le mandat que nous sommes appelés de mener jusqu’à terme nous souhaitons qu’il soit débarrassé de toute hégémonie, l’équipe est condamnée à plus de cohésion, de combativité, de réflexion et surtout à une mandature politique civilisée. Je salue au passage l’esprit qui a prévalu à l’installation de l’APW, prélude à une démarche concertée entre les différents acteurs d’horizons politiques différents.Pour ce qui est des bilans de l’ancienne APW, les conditions environnementales de l’époque ainsi que celles politiques ne pourraient permettre une quelconque action de l’APW. Alors parler du bilan est quelque chose de trop fort, mais il y a lieu de signaler que la première chose à faire valoir est le fait d’avoir pris part aux scrutin de 2002, alors que les conditions étaient tout simplement guerrières,c ‘est l’atout majeur du bilan de l’ancienne APW.

Y a-t-il déjà un programme économique spécial concocté par votre groupe à l’APW ?nn Lors de notre campagne électorale nous avons parlé de 50 propositions salutaires que nous nous évertuons à réaliser au bénéfice de notre région, qui a tant besoin d’une relance économique après des années d’isolement et de mise hors circuit.En effet, des propositions de sortie de crise existent, et nous sommes allés jusqu’à impliquer l’Organisation nationale des patrons d’entreprises (ONPE) dont je suis président. Cette organisation est établie sur les 48 wilayas du pays, composé de centaines d’opérateurs économiques pour lesquels la direction est indiquée afin d’intervenir et investir. A ce titre, nous sommes en passe de mettre sur pied toutes les commodités afin d’organiser un séminaire sur l’investissement et qui doit se tenir à Tizi Ouzou, des contacts sont à un stade avancé. Je tiens à rappeler que depuis la visite du président de la République en Kabylie, visite pour laquelle nous nous sommes investis pêle-mêle, de très nettes évolutions se sont exécutées à tous les niveaux, le discours nihiliste n’accroche plus. Les populations sont les meilleurs témoins de tout ce qui se réalise. D’ailleurs au passage, je dois signaler que les conditions sécuritaires s’améliorent de jour en jour grâce aux efforts consentis par les forces de sécurité tous corps confondus. Dans certaines localités, où la gendarmerie est absente, des appels sont lancés pour le retour de ce corps, y compris à l’APW, des comités de villages, des citoyens, des associations inscrivent le retour de ce corps dans leurs doléances.L’investissements et l’action économique qui seront salvateurs pour la région ont besoin de conditions saines et sécurisantes pour aboutir. Ces derniers temps, on assiste à un banditisme à grande échelle, seuls les citoyens en souffrent, remédier à cela est un impératif qui passe par l’intervention de l’Etat avec tous ses moyens, la région offre toutes les facilités et toutes les conditions à un essor économique.La population est lettrée, la main-d’œuvre qualifiée existe, le capital expérience du secteur public est là, tous les ingrédients d’une réussite de développement au profit de la région sont réunis.

Vous êtes vice-président d’APW, les élections sénatoriales sont proches, seriez-vous candidat ?nn La Kabylie souffre de représentation dans le Parlement, si siéger signifie chauffer uniquement son banc et bénéficier des privilèges du poste, cela ne m’intéresse pas. Par contre si représenter la région, pour la défendre et lui arracher le maximum de droits, c’est cela ma façon de définir un élu. Sur ce point, le parti FLN auquel j’appartiens fonctionne démocratiquement, il revient à la centrale d’en décider souverainement sur le choix à faire, afin de dégager les deux candidats FLN aux sénatoriales du 23 février.Le choix des hommes est plus que jamais nécessaire pour que la région se fraye un chemin pour la délivrance. Notre groupe à l’APW que je pilote est déterminé à ne pas prêter le flanc à des politiques stériles et non porteuses, c’est la consigne donnée même à nos élus aux APC, ce qui aussi devra commander les sénateurs, les députés de la région, pour une meilleure lisibilité de l’avenir. La carrure et la stature importent beaucoup pour représenter les citoyens à tous les niveaux pour mériter la confiance des populations.

Entretien réalisé parKhaled Zahem

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