L’Opep maintient sa production inchangée

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L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a finalement pris la décision, hier, de maintenir inchangée sa production, au moins jusqu’à la prochaine réunion en mars prochain. Une décision motivée, soutient-on, par les prix actuels de l’or noir sur les marchés mondiaux, proches de leurs niveaux historiques de l’été dernier, soit 70 USD le baril. Notre ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, cité par l’AFP, soulignera que « pour le moment nous n’allons rien faire et en mars, nous allons décider ce qu’il faut faire à la lumière des développements sur la croissance économique et les facteurs fondamentaux ». Son homologue qatari, abondera dans le même sens, peu avant le début de la réunion formelle du cartel à Vienne : « Nous allons surseoir (à un changement des quotas) jusqu’en mars ». La décision de l’Opep a été accueillie sans surprise, puisque plusieurs ministres des pays membres de cette organisation, laissent largement entendre qu’une baisse des quotas est « impensable ». D’autre part, l’Iran avait appelé il y a une dizaine de jours à une baisse de production de 1 m bj à partir d’avril, une posture que les analystes avaient jugée largement liée au bras de fer qui oppose Téhéran à l’Occident sur ses activités nucléaires. Le ministre iranien du pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, a cependant indiqué mardi à Vienne qu’il n’avait pas proposé de réduction de production à cette réunion. Ce n’est peut-être que partie remise: le ministre vénézuélien de l’Energie, Rafael Ramirez, a prévenu que l’Opep étudierait la possibilité de réduire ses quotas de production de 0,5 à 1 million de barils par jour lors de sa prochaine réunion, prévue le 8 mars. Le ministre iranien s’est par ailleurs efforcé de rassurer les marchés, inquiets d’une éventuelle perturbation de ses exportations de pétrole si la crise diplomatique sur son dossier nucléaire s’aggrave en indiquant que son pays ne « lie pas » cette question au pétrole. « Nous n’avons aucune raison d’interrompre nos exportations », a-t-il assuré. Les autres pays du cartel préfèrent rappeler que l’Opep est une organisation apolitique, uniquement consacrée à la gestion de ses affaires économiquesIl est utile de rappeler que le plafond de production de l’Opep est actuellement fixé à 28 millions de barils par jour (mbj). Avec l’Irak (exclu des quotas), l’Opep a produit au niveau quasi-record de 29,3 mbj en décembre. Les marchés ont été rassurés lundi par les bonnes dispositions de l’Opep, mais continuent de s’inquiéter de la situation politique au Nigeria et en Iran ainsi que du manque de capacités résiduelles de production disponible en cas de crise dans un grand pays producteur. Les cours du pétrole, à plus de 68 dollars le baril à New-York lundi, flottent à des niveaux dangereusement proches –moins de 3 dollars– de leur sommet historique de 70,85 dollars atteint fin août. D’autre part, une baisse de production de l’Opep reste possible au plus tard cette année. Le ministre libyen a également mis en garde contre un afflux excessif de pétrole sur le marché au second semestre, qui pourrait faire chuter les cours, et donc déplaire aux pays membres qui jouissent actuellement de vastes revenus pétroliers. M. Al-Nouaïmi avait au contraire estimé dimanche soir que l’Opep n’aurait peut-être pas besoin de baisser sa production de toute l’année 2006. Le cartel a déjà admis récemment que l’essor des pays émergeants ces deux dernières années l’a pris de court et contraint de revoir sa tactique habituelle de réduction de la production au printemps pour contrer le recul de la demande lié à la fin de l’hiver en hémisphère nord.

R. N et AFP

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