Rencontrée à Taourirt Moussa au lendemain de son arrivée de France pour superviser les préparatifs de l’anniversaire du Rebelle, Malika Matoub nous a accueillis au siège de la fondation dont elle est présidente et elle a bien voulu répondre à nos questions.
La Dépêche de Kabylie : Avant de parler des préparatifs, où en est-on avec l’enquête ?
Malika Matoub : On attend toujours la réouverture du dossier Matoub. En réalité le dossier Matoub n’a jamais été ouvert. Le procès de l’assassinat de Matoub n’a jamais eu lieu. Déjà en 2011, le président du tribunal nous a clairement signifié que c’était le procès de Medjnoun et Chenoui et non celui de Matoub, à aucun moment, le nom de Lounes a été prononcé. Et on s’est retiré comme vous le saviez. Au jour d’aujourd’hui, si on veut aller de l’avant, il faudrait une décision politique et non judiciaire.
Vous avez, par la suite, engagé un cabinet d’investigation international, pouvons-nous connaître quelques conclusions ?
Vous savez, en tant que famille, on veut qu’il y ait une visibilité de l’affaire. Nous avions fait une enquête avec des experts venus de l’extérieur. Ils ont fait une reconstitution des faits, une étude balistique en bonne et due forme. On attend le moment opportun pour entamer une autre procédure.
Une hypothèse ?
Ce n’est pas une question d’hypothèse. Le guet-apens a été bien préparé. C’était l’endroit le plus indiqué pour cet assassinat. Donc, c’est un complot qui a été préparé une opération.
à Et à qui profite le crime ?
C’est la question qui se pose. Ecoutez, 18 ans après, la décantation commence à se faire. Mais la chose qui nous intéresse, c’est de savoir le comment et le pourquoi. La population kabyle n’est pas dupe. Il suffit, justement, de poser la question «à qui profite le crime ?». Lounès est synonyme de démocratie, de kabylité et de tamazight. Un homme libre. Et les gens libres font peur.
Comment avez-vous vécu ces années ? Des menaces ? Des intimidations ?
Pendant ces 18 ans, ma famille et la fondation avaient subi un lynchage médiatique, nous avions subi des intimidations. Moi, personnellement, j’ai subi plusieurs procès en diffamation sans lendemain, c’était juste une carte. Et quand on voit un parti politique qui est censé nous défendre et être à nos côtés est devenu notre adversaire, là on peut se poser la question suivante : pourquoi un parti politique s’opposerait à une famille qui ne demandait que la vérité ? En 1999 et dans un placard publicitaire, on a traité ma mère de mère porteuse, de mère biologique et de dévoreuse d’os. C’était un appel au meurtre.
Vous savez, ces 18 années passées sont aussi pénibles que la perte de Lounès.
De quel parti s’agit-il ? Il s’agit du RCD
Vous aviez été votre mère et vous, en Suisse pour vous recueillir devant la dépouille de Hocine Aït Ahmed
D’abord c’est un devoir d’y aller. Ensuite, ma mère tenait beaucoup à ce recueillement, et ce malgré sa maladie. Il ne faut pas oublier que c’était le dernier des chefs historiques.
Revenons, si vous voulez bien, aux préparatifs du 24 janvier, y aurait-il du nouveau ?
Il y aura du nouveau lors de la conférence de presse du samedi prochain. En ce qui concerne la journée du 24, il y aura des expositions, un déjeuner (Lwaâda) et une pièce théâtrale, des activités comme d’habitude.
Propos recueillis par Hocine M.

