Malgré son ancienneté remontant à 1956, durant la guerre de libération, la commune des Ouadhias, sise au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, peine toujours à sortir la tête de l’eau. Cette municipalité totalise au dernier RGPH de 2008, 16 435 habitants, répartis sur plus d’une dizaine de villages. Des projets importants ont été inscrits à l’indicatif de cette commune, mais plusieurs d’entre eux sont bloqués et d’autres n’avancent pas au rythme voulu. Le projet d’ovoïde et de station d’épuration, les 100 locaux commerciaux entrant dans le programme du président de la République, le marché couvert de proximité, l’hôpital de 60 lits extensible et le projet de la piscine semi olympique sont tous, à l’exception du projet d’hôpital, bloqués ou à la traine. M. Akir Youcef, maire des Ouadhias issu du parti du Front des forces socialistes (FFS), que nous avons questionné, répondra sans réserve à toutes ces questions.
La Dépêche de Kabylie : Vous êtes à la tête de l’APC depuis 2012, comment jugez-vous votre bilan ?
M. Akir Youcef : Par les jours qui courent, il n’est pas aisé d’être maire. Nos prérogatives sont limitées. Nous nous trouvons en position de faiblesse, que ce soit devant la population qui demande des opérations pourtant légitimes, mais aussi devant les moyens que nous avons. Nous n’arrivons pas à répondre favorablement à toutes les doléances. Nous nous trouvons aussi faibles devant l’administration qui parfois fait l’effet d’un frein. Au début, nous avons à tord cru pouvoir servir la population et de l’aider à améliorer son cadre de vie, mais au fil des années, nous nous sommes aperçus que c’est un mirage. Le maire et les élus doivent jouir de plus de considération. L’administration, les forces de sécurité et la justice doivent être à leur côté pour les épauler et les soutenir pour plus d’efficacité. Cela se fera uniquement lorsque la crédibilité et les prérogatives de l’élu seront réhabilitées. Aujourd’hui, nous sommes réduits à gérer les faibles subventions des PCD et la collecte des ordures ménagères, avec des moyens dérisoires. C’est pour vous dire que nous aurions pu faire beaucoup mieux, mais avec plus de moyens et de prérogatives.
Où en sont les grands projets inscrits à l’indicatif de votre commune ?
Hormis les projets entrant dans le cadre du programme de développement communal qui avancent à un rythme proche de l’acceptable, car les procédures administratives, les contraintes du control financier, les oppositions et la défaillance des entreprises sont autant d’obstacles qu’il faut dépasser. Notre unique satisfaction est le lancement du projet de l’hôpital où les travaux ont atteint le taux de 40%. Notre stade communal a été lui aussi, revêtu en tartan et le siège de notre APC est en train d’être réhabilité pour accueillir les services de la CNI, la carte grise et le passeport biométrique. Nous saisissons cette opportunité pour appeler à l’ouverture de nouveaux postes budgétaires, pour fournir de meilleures prestations de service. Pour ce qui est du projet de l’ovoïde, inscrit depuis 2007, c’est le blocage total. Le marché a été déclaré infructueux, selon l’office national de l’assainissement (ONA). Celui des 120 locaux commerciaux a été annulé. Le projet du marché de proximité est à l’abandon, car l’entreprise a plié ses bagages pour des raisons que nous ignorons. La direction du commerce de Tizi-Ouzou, qui est maître de l’ouvrage, doit justement l’interpeller pour la reprise des travaux. Le raccordement au gaz des neuf (9) villages des Ouadhias est bloqué par une opposition du côté des Ath Douala. Nous demandons justement au wali d’user de ses prérogatives pour les lever. Le projet d’une piscine semi-olympique traine depuis une année et les travaux n’ont atteint que l’insignifiant taux de 10% d’avancement.
Au chef-lieu, c’est toujours l’anarchie, les routes dégradées et les fuites du réseau de l’AEP sont nombreuses et récurrentes, pourquoi ?
Bonne question. Laissez-moi expliquer la situation aux lecteurs de votre journal. Au chef-lieu l’anarchie existe bel et bien. Nous avons pourtant mis en place un plan de circulation concerté avec les services concernés. Nous avons même placé des panneaux de signalisation et des ralentisseurs, mais est-ce du ressort du maire ou de l’APC de veiller au respect du plan de circulation ? Est-ce aussi du ressort du maire de surveiller les panneaux qui disparaissent pendant la nuit ? La réponse est sûrement non. Nous appelons tout un chacun à faire son travail. Concernant l’état dégradé du réseau routier, notamment au chef-lieu, c’est un constat réel. Nous avons revêtu en BB l’axe de la RN30 traversant le chef-lieu, nous avons bitumé le CW100 et d’autres chemins communaux ont connu les mêmes travaux durant notre mandat. Les fuites du réseau de l’AEP sont, dans plusieurs cas, la cause de la dégradation. Le service concerné est appelé à faire son travail.
Nous vous laissons le soin de conclure…
Premièrement, permettez-moi de remercier votre quotidien qui fait un travail de proximité à la hauteur et puis j’espère que l’année 2016 sera meilleure que les précédentes dans le cadre bien sûr du développement. Nous demandons aussi au pouvoir compétent de revoir la manière dont se fait la répartition des budgets, car dans notre commune les besoins sont importants et les subventions ne sont pas suffisantes. Nous appelons aussi l’ensemble des élus, des employés et de toute la population à retrousser davantage les manches pour battre le sous développement.
Entretien réalisé par Hocine T.