C’est les yeux remplis de larmes qu’une femme, Mme Khalfoun, nous racontait le calvaire qu’elle endure au quotidien. En effet, il y a quelques mois, cette femme vivait avec toute sa famille – en nombre de 15 personnes- dans un appartement de type F3. Le plus jeune d’entre eux qui est son fils est un étudiant de 21 ans. Ce dernier partage le sort de sa mère divorcée. Mme Khalfoun est revenue, en 2003, vivre chez sa famille. Elle avait retrouvé son père, ses deux frères, dont l’ainé était père de cinq enfants, ses cinq sœurs, dont deux se sont mariées plus tard. Au total quinze personnes à l’intérieur d’un F3 ! Dans une photo qu’elle avait en sa possession et qu’elle nous avait montrée, nous pouvions voir et comprendre comment ces gens s’installaient la nuit pour dormir : «comme des sardines dans une boite». Les pièces étaient partagées comme suit : le frère marié a pris, avec sa femme et ses enfants, une seule chambre, les autres hommes de la maison avaient pris la deuxième chambre et les sœurs dormaient au salon… «Lorsque que ma sœur qui est mariée vient nous voir, elle reste juste le temps de prendre un café avant de s’en aller», poursuivit cette femme. L’étau qui se resserrait autour de cette famille a relâché un peu son étreinte. Ils ne sont plus que sept : le père, le frère qui a tout de même quarante ans et qui se décide enfin de se marier, les trois sœurs non mariées et Mme Khalfoun et son fils. Son autre frère qui est marié a bénéficié d’un logement social et a donc quitté le foyer familial, en prenant sa femme et ses enfants. Par ailleurs, le malheur a voulu que cette famille habite à la cité Aïnouche Hadjilla, un quartier promu à la démolition. Le danger que présentent ces trois grands bâtiments datant de l’ère coloniale ne vient pas que de son insalubrité mais aussi de sa vétusté. La pluie filtre par la terrasse et le plafond des pièces, le menaçant ainsi de s’effondrer. Des morceaux se détachent parfois du plafond, assez gros pour occasionner des blessures… Le service CTC, selon Mme Khalfoun que nous avons rencontrée au siège de la wilaya où elle espérait rencontrer la presse, a conclu dans son rapport à sa démolition (de ce quartier). Ce qui sera le calvaire. Le wali est au courant de la situation, il a même pris les dispositions qui s’imposent en vue de reloger les habitants de cette cité où Mme Khalfoun et sa famille occupent un F3 au bâtiment B. Le père a bénéficié d’un logement social dans le cadre de cette opération, une nouvelle aurait dû réjouir tout le monde. Mais voilà que le frère qui attendait cette occasion, depuis si longtemps, laisse entendre qu’il était hors de question de continuer à vivre comme par le passer. En d’autres termes, poussé par la nécessité de fonder un foyer, il refuse de partager sa chambre avec son neveu. Mme Khalfoun qui a déposé le 10 décembre 2008, un dossier pour l’attribution d’un logement social réceptionné sous le N° 153 à la daïra de Bouira, essaie de la relancer. Mais le chef de daïra, l’ayant reçu dernièrement, a mis fin à ses espoirs, en lui faisant observer qu’il n’a rien à lui donner. Ce qui a conduit cette femme à l’hôpital. À l’appui de ses dires, elle exhibait ce jeudi, une pile d’ordonnance et de résultats d’analyse. Le cœur aurait été un peu malmené. «Si l’opération de relogement sera entamée, elle sera automatiquement suivie d’une opération de démolition. Et où irai-je à ce moment là ?», se demandait-elle ? Elle faisait observer, à cette occasion, que les femmes divorcées ou veuves ont droit à un logement. Elle ne comprenait pas comment elle n’a pu en avoir un, alors que, selon elle, des filles célibataires bénéficient d’un logement social à chaque quota. Avec l’opération prochaine de relogement, le calvaire de cette famille ne fera, dans ce cas, que se prolonger. Naturellement, cette femme s’était effondrée en larmes, en constatant son malheureux sort.
Aziz Bey.
