«La pièce a pour thème la Palestine»

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La salle Errich se préparait, jeudi, à accueillir la troupe théâtrale qui devrait présenter, hier et aujourd’hui, la pièce « Gaza blessée » de Abderrahmane Houche. Encouragé par le succès phénoménal rencontré lors de la générale à Alger, où elle a fait salle comble, il espérait triompher encore à Bouira, après Tizi-Ouzou où la pièce a été jouée deux fois en deux journées au théâtre régional de Tizi-Ouzou. Cependant, si le public n’a pas été aussi nombreux qu’à Alger, où les fonctionnaires et leurs familles ont été présents « en force » à ce spectacle, témoignant de l’intérêt particulier suscité chez la communauté palestinienne, c’est, expliquait l’homme de théâtre qui allait, ce matin, donner une conférence de prétexte dans cette salle mitoyenne du siège d’APC, faute d’information, d’où l’idée de rencontrer les différents représentants des médias deux jours avant le spectacle. Accompagné de l’auteur de la pièce, Ahcen Ould kaci, il nous a accordé un entretien peu avant sa conférence de presse.

La Dépêche de Kabylie : Sauf erreur, le titre de la pièce était la Palestine. Pourquoi lui avez-vous substitué celui de Gaza blessée ?

Abderrahmane Houche : La pièce a pour thème la Palestine. Le titre originel était «Votre cause est la nôtre». J’ai préféré alors le changer. Gaza blessée me paraissait mieux convenir au développement des derniers événements, ceux notamment qui ont fait plus de deux mille cinq cents morts suite aux raids meurtriers de l’aviation israélienne dans la bande de Gaza en 2013.

Cela n’a pas du être facile. Il vous a fallu adapter tout le texte. Comment vous en êtes-vous tiré ?

Cela n’a pas été facile. Le texte était dans une langue classique et du point de vue des règles de la scénographie, il pouvait paraître déstructuré. J’ai pris, donc, sur moi de le réécrire complètement pour l’amener à la forme actuelle. Comme en outre, je ne maîtrise pas bien l’arabe, je me suis fait aider par les comédiens. Il y a eu surtout cette étudiante Affa. Elle m’a été d’une aide précieuse. Nous avions travaillé paragraphe par paragraphe. Cela nous a pris une semaine. Pour la technique, il est à rapprocher de la pièce de Kateb intitulé 2000.

En quoi est-ce si ressemblant ?

Le théâtre de Kateb Yacine est un théâtre engagé. Alors l’idée m’est venue de procéder de la même manière. Résultat de cette démarche à la katébienne : j’ai fait un texte engagé.

Voulez-vous précisez un peu plus le sens de cette expression «à la katébienne» ?

Des flashes… Un changement de décor toutes les deux ou trois minutes, un dialogue avec des répliques vives et enjouées. Le public adore ce genre d’échanges «du tac au tac». Cela crée de l’intérêt, du mouvement… Enfin, tel quel, le texte a plu aux comédiens qui s’y retrouvent. Le public aussi.

Même aux palestiniens avec tous ces arrangements apportés au texte ?

Vous savez, quand on a fait le montage de la pièce, à Alger, on a invité l’attaché de presse de l’ambassade de Palestine. Notre intention est qu’en présentant le texte devant cet homme de culture, nous nous fassions corriger les locutions et expressions fautives et tout ce que ce responsable palestinien a trouvé à reprendre c’était le mot cartable. Les palestiniens disent «chanta» au lieu de mihfada. D’ailleurs, deux jours avant la générale qui a eu lieu entre le 6 ou le 7 janvier, la troupe a été invitée à un café à l’ambassade de Palestine. L’accueil a été des plus chaleureux. La discussion a tourné autour d’Aït Ahmed et de Kateb Yacine qu’ils admirent tous les deux. Ils connaissent même la Palestine trahie, l’autre pièce de théâtre de Kateb. Après avoir assisté à la générale, ils avaient promis de nous aider à organiser une tournée internationale.

Vous avez parlé du texte. Pouvez-vous nous en dire un mot des personnages et des rôles qu’ils incarnent dans cette pièce ?

Volontiers. Le premier rôle est tenu par Nacira Benyoucef. Elle incarne la Palestine trahie. Le deuxième est incarné par Zoulikha Talbi, dans le rôle de Derouicha. C’est la mémoire de la Palestine. Celui joué par Hamza Lafsih est un soldat israëlien. Sa grande taille impressionne le public, tant il semble violent et méchant.

Et ce jeune aux longs cheveux qui vous accompagne aujourd’hui, quel rôle joue-t-il dans la pièce ?

Celui du père d’un enfant palestinien. Il voudrait que son fils fasse de grandes études… qu’il devienne un jour quelqu’un. Mais l’enfant ne l’entend pas de cette oreille. Avec sa fronde, il ne pense qu’à se battre jusqu’à ce qu’un jour une balle israélienne le touche mortellement.

Mais l’histoire elle-même ? Pouvez-vous nous la résumer en deux mots ?

Naturellement. C’est celle de trois femmes qui forment une délégation envoyée par l’Algérie en Palestine. Chacune des trois symboliques le droit (Nassima Kejtoul), la Presse (Lydia Iddou) et la Politique (Djamila Bouanem). Mais quand elles arrivent sur le sol palestinien, elles éveillent la méfiance. Les palestiniens ont été tant de fois lâchés… Il est normal que la délégation de ces trois femmes soit mal accueillie. À la fin, leur bonne foi et le message clair qu’elles portent de la part de l’Algérie, dont le soutien à la Palestine, demeure infaillible finit par vaincre cette méfiance et la délégation algérienne est acceptée avec tous les honneurs. La pièce se termine par la chanson de Kateb : Jabou Slib lmassih (Ils ont ramené la crois du Christ, une chanson qui dénonce les massacres de Sabra et Chatila et le laxisme arabe.

Aziz Bey

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