Les étourneaux, les grands absents

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D’habitude, en cette période de l’année, les oiseaux migrateurs tels que les étourneaux et les grives envahissent les champs et collines de la vallée de la Soummam, au grand bonheur des amateurs de la chasse.

Toutefois, la donne est toute autre, car ces oiseaux ont presque «boudé» la Kabylie qui, autrefois, est couverte par des essaims d’étourneaux et de grives. Cette éclipse de ce type d’oiseaux s’explique par l’absence de la pluviométrie et de la nourriture, notamment les olives. Dans les années précédentes, des essaims de ce bel emplumé investissent champs et collines en quête de nourriture. Amateur des insectes et autres fruits comme l’olive, cet éternel migrateur quitte son quartier d’été des hautes altitudes européennes pour piquer un galop vers les pays nord-africains. C’est vers le mois de décembre que cette famille de sturnidé hiverne en Algérie, notamment dans la vallée de la Soummam, où la nourriture est abondante. Les olives arrivées à maturité attisent la curiosité des étourneaux qui en raffolent de ce fruit noir, et s’invitent à la récolte avec les propriétaires des oliveraies. En l’absence de ces facteurs, les étourneaux «tournent les ailes» en évitant de séjourner dans des contrées moins accueillantes. «À cette période de l’année, la chasse est foisonnante. Des grives et des étourneaux font le bonheur des bambins et des amateurs de la chasse aux oiseaux», nous dira Nadir, amateur de la chasse. Reconnaissables par leurs prouesses aériennes, les étourneaux sont réputés comme étant des oiseaux grégaires, voltigeant de facto dans le ciel pour faire des sinusoïdes en interprétant des danses saccadées, mais parfaitement orchestrées. Le jacassement des essaims d’étourneaux est audible à des centaines de mètres à la ronde, ce qui facilite la tâche aux chasseurs pour faire tomber d’un seul coup de carabine des dizaines d’étourneaux. L’arrivée en contingents infinitésimaux de ces oiseaux migrateurs est loin d’assouvir la curiosité des adeptes de la chasse aux oiseaux, lesquels n’ont rien à se mettre sous la dent. Les techniques de traque des oiseaux susdits sont huilées à telle enseigne que leurs captures ne relèvent guère du miracle. L’instinct de l’étourneau à voler en nuées nombreuses et très denses ne lui procure guère cette faculté à déjouer les pièges, de surcroît, lorsqu’ils s’étendent sur les champs à foison, leur capture est à la portée de simple novice à la chasse. Tous les moyens sont bons pour capturer ce gibier très prisé par la population locale. Le recours à des pièges vieux comme Mathusalem pour débusquer ledit oiseau, a de beaux jours devant eux, car la recette est toujours d’actualité. L’usage du gluau (lazuk) se fait à l’aide d’une petite branche de frêne ou d’oléastre, laquelle est enduite de glu pour la fixer au sommet des arbres. L’utilisation d’un étourneau «épouvantail» parait comme un moyen efficace pour drainer des nuées de ses semblables, lesquels seront pris au piège une fois leurs pattes posées sur le gluau. Quant à l’usage de la chevrotine, celle-ci peut s’avérer redoutable pour lesdits passereaux. Un seul coup de feu d’un chasseur maniant la carabine peut faire tomber un chapelet d’étourneaux à la fois. Rôtis sur un feu de braises en pleine compagne, une brochette de ce met frugal ne se refuse pas.

Pour le cas de la grive, les chasseurs préfèrent les traquer la nuit, munis de battes et de torches pour les assommer en plein sommeil. Une pratique que dénoncent certaines personnes la jugeant contraire à l’éthique. «La nature est dénudée de ces peuplements d’oiseaux, car nous n’avons pas cette culture de la protection de l’environnement. La pollution et le déboisement ont largement participé à l’annihilation de notre écosystème», avoue tout de go, un ingénieur en écologie. Au demeurant, les grands absents dans le décor écologique sont les étourneaux et les grives.

Bachir Djaider

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