Les villages en proie au béton

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Autrefois, nos villages étaient très beaux à voir. Constitués de maisons traditionnelles de même architecture, de ruelles étroites, ressemblant à des labyrinthes, et d’un tissu végétal dense, prédominé par les oliviers et les figuiers bénis, les villages kabyles avaient une réputation de havres de paix et de beauté. C’était comme des ruches, où les habitants vaquaient, comme des abeilles, à leurs occupations. Rares sont les villages qui furent érigés dans les plaines, car les collines aux côtés abrupts étaient des lieux sûrs pour nos aïeux, qui, pour des raisons de sécurité construisaient, toujours, leurs villages sur les hauteurs pour mieux maîtriser et repousser d’éventuelles attaques ennemies. Aujourd’hui, les choses ont profondément changé de fond en comble pour ainsi dire. Les villages de jadis, ne sont plus que de lointains souvenirs, que les plus âgés se remémorent avec beaucoup de regrets et de nostalgie. Ils ont, pour tout dire, perdu leur charme et leur beauté d’antan. L’uniformité et l’homogénéité architecturale ont carrément disparu. Les belles maisons traditionnelles construites à la pierre sèche et surmontées de tuiles romaines rouge ocre, lesquelles donnaient plaisir à voir surtout de loin, ont disparu pour laisser apparaître, au fil des ans, des habitations, certes, modernes mais sans attrait, ni charme. Les villages de nos jours ressemblent beaucoup plus à de petites villes désordonnées, accrochées aux flancs des montagnes. Pire encore, des maisons inachevées donnent la vue d’éternels chantiers. Ce qui défigure ces « villages ». En plus de cela, il n’y a aucune architecture homogène, chacun construit et peint sa maison à sa guise. Ce qui donne une vue « disloquée », hybride et désarticulée des villages. On peut trouver, par exemple, une villa cossue de quatre ou cinq étages entourée d’un pâté de maisons humbles et sans attrait. Il est à déplorer, dans la foulée, le changement dans les matériaux de construction. Alors que les anciennes maisons étaient construites à la pierre taillée agglomérée avec de la terre, ce qui donne la vue d’un prolongement de la nature, de nos jours, les maisons sont érigées avec des matériaux industriels comme le parpaing et les briques. Ces deux matériaux ne sont ni esthétiques ni encore moins isolants. Durant l’été ils laissent passer la chaleur, contrairement aux maisons bâties à la pierre sèche qui retiennent la fraîcheur durant toutes les journées caniculaires. Celles-ci n’ont pas besoin d’être dotées de climatisation, d’où leur avantage, entre autres.

Y. Samir

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