Le Djurdjura, habituellement couvert de neige en cette période, a perdu son manteau blanc qu’il n’a revêtu que quelques jours, cette année. «En hiver, on ne peut concevoir les cimes de Lala Khedidja sans la poudreuse qui leur confère leur splendeur et leur majesté. Elles ne sont belles qu’avec cette blancheur immaculée dont la nature les habille», avons-nous l’habitude de dire. Ce qui ne manque pas d’inquiéter la population qui se prépare déjà à subir des restrictions dans la distribution de l’eau courante. L’eau de source, tout comme celle qui coule dans les robinets des milliers de foyers de Aïn El Hammam et des daïras environnantes, provient de la fonte des neiges. La nappe phréatique en a grandement besoin pour se reconstituer. Les quelques flocons, vite dissipés, qui se sont abattus sur la région, il y a quelques semaines, avaient fait naitre l’espoir de récupérer une année qui semble compromise. Un hiver sans neige ne peut pas passer sans laisser de traces. Les puits et les sources voient leur débit diminuer au fil des jours. Les chutes de pluie, enregistrées à plusieurs reprises, étaient trop faibles pour compenser le déficit enregistré jusqu’à maintenant. Il n’ya qu’à longer la rivière de Takhouhth qui se jette dans le barrage de Taksebt pour se rendre compte de la gravité de la situation. Du lit de l’oued, à sec sur plusieurs kilomètres, il ne subsiste que les limons craquelés. Difficile de croire que la réserve pourra faire face à la demande des millions de consommateurs alimentés à partir du barrage de Taksebt. L’euphorie qui a suivi les chutes de pluies, enregistrées durant le mois dernier, n’a pas tardé à s’estomper, suite à l’absence de précipitations qui caractérisent la région de Aïn El Hammam, depuis plus de trois semaines maintenant. Pourtant, les pluies du mois de novembre, puis celles du mois de janvier avaient fait naître une lueur d’espoir chez les citoyens qui pensaient à un juste retour des choses. L’herbe avait donc poussé rapidement, et les agriculteurs se sont remis aux travaux des champs. Le beau temps et surtout la hausse inhabituelle des températures ont contribué à la floraison prématurée de beaucoup d’arbres. Si les frênes ont repris leurs couleurs qu’ils avaient perdues en automne, les pommiers et les amandiers sont en fleurs, depuis plusieurs semaines. On se demande quelle suite la nature réservera à ces fruitiers en cas de retour du froid. Le retour du beau temps qui semble parti pour durer, commence à inquiéter les paysans qui ne cessent de scruter le ciel qui demeure, imperturbable, clair et sans nuages. On en est arrivé à arroser les petits carrés de fèves ou de navets qu’on avait semé suite aux premières pluies, en attendant que le ciel soit plus clément. Les petits engraisseurs dont le cheptel se nourrit essentiellement d’herbe, élargissent leur «parcours». Les prix du foin et des autres aliments du bétail ne baissent pas. «Au contraire, la tendance est plutôt à la hausse», se plaignent-ils. Mais personne ne perd l’espoir de voir les mois de mars et d’avril plus humides que les précédents.
A.O.T.