Avril 2019

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At Rgad subit toujours le forcing du prisme déformant et déviant. Notre infatigable La Besace tend toujours son micro à des passéistes ringards pour nous expliquer que tamazight est condamnée à être écrite et parlée en arabe. Cela n’étant pas suffisant à son goût de chercheur de poux, il puise dans le passé périmé pour nous réchauffer du Fkir et du général. Désespéré de La Besace, Dda Militant propose à ses amis de faire un tour du côté de 2019, voir où finiront les excitations politico-médiatiques. Avril 2019. Les 09 candidats à la magistrature suprême mettent le paquet pour les deux derniers jours de la campagne électorale. Sur fond de traque du «DRS», le FFCD, du moins ce qu’il en reste, boycotte pour le principe et participe pour le même principe. Cette fois, le parti fait campagne pour un candidat libre et vierge et, qui plus est, ne s’est jamais trompé de société. En même temps, il boycotte par anticipation : il rejette à l’avance le résultat du scrutin si toutefois il venait à porter un notre candidat que leur dauphin auréolé à El Mouradia. Après une guéguerre interne de leadership, le FNRD a fini par se reconnaître dans la malléabilité d’un septuagénaire incolore et inodore. Leur candidat a été déniché dans un café maure de Bir Ghbalou, à la suite d’un portrait-robot diffusé à travers les Mouhafadhate du pays. Ammi Amar, l’homme en question, est connu dans son patelin pour être un vieillard sans histoires qui passe le plus clair de son temps à jouer aux dominos. Quelques Bir Ghbalois affirment cependant : «Il ne faut pas se fier aux apparences. Ammi Amar a bien caché son jeu. Il est le véritable patron de ce foutu pays. C’était même pour lui que roulait le général Toufik». Le Hafis, lui, a trouvé en la personne d’un ancien militant du FFCD converti aux halaqates de Ali Benhadj et abonné au Skype de Al Chamalia un candidat idéal : il maîtrise l’arabe et surtout le répertoire de Abu Hurayra, parle couramment le kabyle, annone quelques mots du vieux latin, porte une barbe, a cette tache sur le front, cette marque indicatrice de la fréquence de prosternation sur le tapis du mesdjid et, plus important, gardien du temple aux trois constantes. Pendant que ces patriciens présidentiables promettent d’inventer la République des amours, la plèbe d’At Rgad ne désespère pas d’imposer Tafsut Imazighen. Pour cette énième commémoration du Printemps Berbère et alors que l’académie officielle qui implique l’officialisation de tamazight n’a toujours pas trouvé profil à ses desseins, Taddart a puisé dans la générosité des ârchs pour ouvrir son académie officieuse. L’institution est mise à la disposition des trois DLCA. Son objectif : pousser plus loin tamâamrit de sorte à assurer une stabilité normative à l’intérieur de la variante kabyle. Mais pour le court terme, l’académie d’At Rgad n’a d’yeux que pour le marché bibliographique. «Occuper le marché seule garantie de la pérennité et de l’usage officielle de la langue», lit-on sur l’édifice flambant neuf, inauguré ce mois d’avril 2019.

T.O.A t.ouldamar@yahoo.fr

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