Aokas maintient la pression

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La population de la station balnéaire d’Aokas a marché, hier, contre l’implantation d’une zone d’expansion touristique au niveau de la bande boisée du littoral.

Trois partis politiques et six associations ont signé une pétition dans laquelle il est manifesté le mécontentement et le refus catégorique de la population d’Aokas de la destruction de la bande boisée qui longe le littoral de la commune. Cette ceinture d’arbres, est-il signalé composée essentiellement d’eucalyptus et de pins maritimes, sert, non seulement de haie contre la montée du sable et des eaux de mer, mais aussi protège l’agriculture des vents et des sels marins qui ne cessent de la menacer surtout en saison hivernale. Comme annoncé donc dans notre édition d’avant-hier, la société civile d’Aokas s’est mobilisée et a organisé hier, un rassemblement suivi d’une marche à travers les artères de la ville qui l’a menée jusqu’aux sièges de la daïra et de la mairie pour y remettre des copies de cette pétition à leurs premiers responsables. Au niveau de la daïra, le portail était fermé et il a fallu attendre la bienveillance des gardiens pour pouvoir permettre à une délégation de trois représentants d’entrer et de remettre une copie au chef de daïra. À leur sortie, ces derniers rapporteront à l’assistance les propos du premier responsable de cette institution qui aurait déclaré que tout arbre déraciné sera remplacé mais que si la population est mobilisée contre ce projet, il sera annulé. Sur place, des prises de parole ont eu lieu. Les représentants des sections du RCD et du FFS se sont interrogés sur les critères d’attribution sur lesquels s’est basé l’ancien wali et des décisions prises à l’insu de la population alors que la petite forêt de la plage est plus bénéfique à la population que l’armada d’hôtels prévus dans le cadre de cette zone touristique. Le représentant du troisième parti politique à avoir signé la pétition, le PST en l’occurrence, a pris la parole lors de l’arrivée des marcheurs au siège de l’APC où ils ont, également, remis une copie à l’édile communal, en faisant part de sa satisfaction en déclarant que, malgré les divergences, l’intérêt de la municipalité a regroupé toutes les tendances. Il appellera les habitants d’Aokas à squatter, chacun, son arbre en y apposant une sorte de document faisant prévaloir sa propriété afin de pouvoir protéger l’ensemble des arbres de la bande boisée menacée par des pseudo-investisseurs. Outre des élus locaux, des membres de partis politiques et du mouvement associatif, il y avait la présence de Djamel Bahloul, secrétaire national du FFS, qui s’était déplacé spécialement pour soutenir la population d’Aokas. De son côté un habitant de l’autre localité menacée par le même phénomène, Souk El Tenine en l’occurrence, interviendra pour rappeler à l’assistance que le problème n’est pas propre à Aokas mais concerne l’ensemble des habitants de la région, à commencer par ceux du littoral. Beaucoup plus sage, un élu de l’assemblée locale que nous avons approché dira qu’il faut une mise à jour à faire dans le domaine touristique avant de sacrifier la bande boisée. Des parcelles de terrain ont été attribuées, de par le passé rappellera-t-il, et on n’a pas encore vu d’hôtels émerger. Par ailleurs, il enchaînera en s’interrogeant sur les attraits mis en exergue pour attirer les touristes si ce n’est…les boites de nuit. Avant de continuer vers la bande boisée pour constater de visu le début du massacre écologique, l’assistance a écouté la conclusion des animateurs de ce mouvement de protestation qui se désoleront qu’un combat d’une vingtaine d’années pour la délocalisation de la décharge sauvage n’a pas trouvé d’écho favorable alors que pour l’implantation d’hôtels au détriment d’une forêt, poumon de la population, cela n’a nécessité que quelques mois. On a appris, par ailleurs, qu’aujourd’hui, une copie de la pétition sera remise au wali et au ministre de l’Habitat qui pourrait y effecteur une visite et samedi, un meeting sera animé par le FFS à Souk El Tenine pour tenter de sensibiliser la population à la sauvegarde de la bande boisée de cette localité.

A. Gana

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