L’association culturelle Adrar n’Fad (ACAF) d’Aït-Smaïl à Béjaïa se prépare pour organiser la 14ème édition du Festival national de la poésie amazighe qui aura lieu du 24 au 27 mars de l’année en cours.
Ce festival dédié à Mouloud Mammeri est devenu une tradition et une fierté pour la commune d’Aït-Smaïl et pour toute la région ; il est organisé chaque année depuis 13 ans. Cette édition sera dédiée à la mémoire de Lounes Matoub, le chanteur et militant de la cause amazighe, assassiné le 25 juin 1998. Le choix du mois de mars n’est pas fortuit. En plus du 21 mars (Journée internationale de la poésie), beaucoup d’événements liés à la culture, à la poésie, au combat identitaire amazigh se sont déroulés durant ce mois. Aussi, le 10 mars est l’anniversaire de l’association Adrar n’Fad, car elle fut créée le 10 mars 1994. L’ACAF a lancé un appel à tous les poètes et poétesses d’expression amazighe (kabyle, chaoui, tergui, …) désireux de prendre part à cette édition, d’envoyer leurs candidatures avant le 26 février en cours, une date qui coïncide avec la disparition de Mouloud Mammeri. Pour cela, le candidat devra faire parvenir le formulaire d’inscription, accompagné de trois poèmes par e-mail à l’adresse suivante : [email protected] ou par fax au 034 39 00 90. Les poèmes devront être en tamazight, rédigés en caractères latins et de préférence saisi avec l’outil informatique.
Pour cette édition, quatre-vingts poètes et poétesses seront sélectionnés pour prendre part au Festival ; un jury composé d’enseignants universitaires évaluera les œuvres selon une critériologie propre au Festival. Avant d’être envoyés au jury, les tapuscrits seront codifiés au siège de l’ACAF pour éviter toute subjectivité. Les poèmes seront notés sur 15 points et jugés selon cinq critères : l’orthographe, le niveau de la langue, la thématique, les figures de style et la forme. La liste des poètes et poétesses sélectionnés sera affichée le 10 mars, une date qui coïncide avec l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur la poésie berbère à l’université de Tizi-Ouzou. Pour marquer cette journée, l’ACAF milite pour que le 10 mars soit proclamé Journée nationale de la poésie. Les poètes sélectionnés seront invités à participer à la deuxième épreuve qui se tiendra du 24 au 27 mars au niveau de la maison de jeunes de la commune d’Aït-Smaïl. Durant cette dernière épreuve, chaque poète fera la déclamation de ses poèmes devant le jury et le public, et sera notée sur cinq points.
En marge de cette édition, un vibrant hommage sera rendu à Lounes Matoub par la tenue de plusieurs conférences sur son œuvre et sa vie, ainsi que l’organisation d’un grand gala en plein air. Les noms des conférenciers et chanteurs seront annoncés ultérieurement, on parle aussi de l’éventuelle participation de La Fondation «Matoub Lounes». Durant cette édition, il serait judicieux de sélectionner quelques poèmes composés dans le parler local, car des voix commencent à s’élever et accusent ce Festival d’être fait par des poètes pour des poètes et non pour le public, car une grande majorité des personnes qui assistent aux déclamations n’a pas eu la chance d’étudier la langue amazighe. La négation «oula» et «ani» doivent être prise en charge, car des milliers de Kabyles de la région se sentent frustrés : le parler local n’est pas pris en charge par un Festival qui a lieu sur leurs terres.
Saïd M.