C’est le moment de faire amende honorable

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Depuis l’aube de la colonisation de l’Algérie en 1830, jusqu’à l’indépendance du pays en 1962, combien d’Algériens connurent la torture, l’expropriation, la privation de liberté l’exil, et toutes sortes d’humiliations ! La pauvreté la misère, les maladies telles le typhus, la variole, le cholera étaient le lot des indigènes, comme on les désignait à l’époque de triste mémoire. Du soulèvement de l’Emir Abdelkader à l’insurrection du cheikh El Mokrani et du cheikh Ahadad en 1871, de la résistance du Cheikh Bouamama des Ouled Sidi Cheikh dans la région de Naama en 1881 aux manifestations du 8 mai 1945 et le massacre de 45 000 Algériens qui les suivirent. L’histoire coloniale a été jalonnée de tueries, par tous les moyens, des plus lâches aux plus sauvages, les «emmurades», les «enfumades», les exécutions sommaires, les corvées de bois, avec au bout du compte ce que certains historiens et chercheurs ont comptabilisé le chiffre vertigineux de six millions de morts algériens, entre la période de1830 à 1962. Une entreprise radicalement génocidaire menée par une armée française surarmée et autant barbare qu’impitoyable. Le pot de fer contre le pot de terre. Des troupes commandées par Amedée de Bourmont, Saint Arnaud, Pélissier, Cavaignac, à celles, plus près de nous, commandées par les Massu, Mathieu, Salan, Challe et tant d’autres officiers assassins, de quel fait d’armes peuvent-ils s’enorgueillir ? De quel acte héroïque peuvent-ils se prévaloir, aujourd’hui que la France reconnaît, du bout des lèvres ses exactions, ses crimes, ses forfaitures contre tout un peuple ? Le moment n’est-il pas venu de faire amende honorable et de reconnaître publiquement, officiellement, tout le mal qu’elle a infligé aux Algériens. Jean Lmouhouv Amrouche avait dit en 1959, alors que l’Algérie saignait, mais résistait : «Nous voulons la patrie de nos pères / La langue de nos pères / La mélodie de nos songes et de nos chants / Sur nos berceaux et sur nos tombes / Nous ne voulons plus errer en exil / Dans le présent sans mémoire et sans avenir (…) Nous voulons notre patrie l’Algérie». Il serait nécessaire pour dépassionner les relations, rendre moins pénible l’évocation mémorielle, moins durs, moins tendus, moins suspicieux nos regards, l’un envers l’autre, le Français vis-à-vis de l’Algérien et vice versa, de faire table rase des rancunes accumulées en 132 ans d’occupation par La France coloniale. Nous évoquons ces épisodes en ce jour dédié aux martyrs algériens depuis 1830.

Sadek A.H

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