« Les choses ont changé »

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Boukhalfa est l’un des plus grands villages relevant de la commune de Tizi-Ouzou, distant de trois kilomètres à la sortie Ouest du chef-lieu de wilaya.

Il s’étend sur une superficie de 20,29 km2 et d’une population de 12 117 habitants (en 2008). Mme Belkacem Farida née Matoub est la déléguée spéciale de l’antenne administrative depuis mars 2014, date de son installation par le P/APC, M. Aït Menguellet Ouaheb. Dans son bureau, où elle nous a reçus dans la matinée du 15 février 2016, elle nous relate, sans ambigüité la mission qui lui est dévolue mais aussi les principales revendications de cette population qui aspire à de meilleures conditions de vie. Ainsi, un large tour d’horizon a était fait autour des nombreuses doléances des citoyens de ce village, qui sollicitent une meilleure prise en charge. Dès son installation, dira-t-elle d’emblée, «j’ai pu gagner l’estime et le respect des citoyens». Un élément rare, de nos jours, dans nos APC, particulièrement dans les antennes administratives. Aux premières sorties entamées, en sa qualité de déléguée, à travers le village, l’image environnementale l’avait terriblement choquée.

«La collecte des ordures ménagères se fait régulièrement»

«J’ai constaté des décharges sauvages à chaque coin de rue. C’était affreux ! Il n’est pas facile de remédier à cet état de fait accompli et qui aura duré de longues années. Nous avons alors doté Boukhalfa d’une cinquantaine (50) de bacs à ordures, répartis à travers les quartiers, et supprimé les décharges tout en désignant des points officiels pour les ordures ménagères», dira-t-elle. Et de poursuivre : «La sensibilisation a duré plusieurs semaines et avec la compréhension de la population, ce fut une mission accomplie. La collecte des ordures ménagères se fait régulièrement trois fois par semaine, un camion est désigné spécialement pour Boukhalfa». Pour la réception, la déléguée n’a pas institué de journées spéciales pour recevoir les citoyens, mais elle le fait quotidiennement. Les revendications des citoyens de Boukhalfa ne diffèrent pas de celles des autres localités et villages de la wilaya de Tizi-Ouzou. Elles tournent autour de plusieurs points. «Nous avons entrepris deux sorties les 14 et 19 octobre 2015 et une le 07 janvier 2016 avec toutes les parties des services concernés de l’APC et de la DTP. (Des copies des PV nous sont remises)», expliquera-t-elle. Interrogée sur le suivi de ces sorties et de ces écrits, la déléguée répond : «Sur ça, je m’impose pour voir les suites données à toutes ces doléances. Il ne faut pas mentir aux citoyens qui vous ont élu». L’antenne administrative compte le chef d’antenne, l’officier de l’état civil, deux brigades de quatre (4) guichetières (l’une le matin et l’autre l’après-midi), des OP et des agents de sécurité. «Nous sommes une douzaine dont la majorité est native de Boukhalfa et recrutés dans le cadre de l’IAIG et autres dispositifs de l’emploi, pour le bon fonctionnement de l’antenne, mais aussi un regard vers les jeunes de Boukhalfa. Nous délivrons des documents, tels les fiches familiales, actes de naissances (12), les actes de décès, alors que le S 12 sera lancé incessamment. Tout est informatisé excepté le certificat de résidence». Contactée en aparté une guichetière nous avoue : «Nous n’avons pas de problèmes avec Mme. Belkacem. Le courant passe bien entre nous». Relatant les décennies noire mais aussi rouge, la déléguée compare et relève avec une note de satisfaction : «Il y a une grande différence et une nette amélioration. Les choses ont changé les mentalités aussi et les esprits se sont calmés. Les zones rurales de Boukhalfa ont été prises en charge et cela continue aujourd’hui avec des projets en cours de réalisation ou en cours d’être inscrits : murs de confortement, mosquée, cimetière, stèle…». Au programme des réalisations de l’exercice 2016, l’exécutif a inscrit la toute première cantine scolaire à l’école primaire Ali Belkacem. Il est à signaler que le secteur de l’Éducation comprend quatre (4) écoles primaires : Ali Belkacem, école des Frères Hamouani, école primaire Ali Khiali et l’école primaire à proximité de la faculté de droit. Le deuxième palier compte un seul et unique CEM et un lycée, dont la réalisation tarde à se concrétiser étant donné le conflit entre l’entreprise réalisatrice et la DLEP. «Probablement sa réception est prévue pour la prochaine rentrée scolaire 2016/17», avance la déléguée. Des espaces verts sont en cours de réalisation à la cité 300 logements (Université), un autre est prévu au niveau de l’association Bab El Khir domiciliée dans l’ex-école primaire Mohamed Ramdani. La prise en charge des trottoirs est inscrite à l’indicatif de l’exercice en cours, tout comme l’élargissement et le revêtement de la piste des nouvelles constructions : coopératives immobilières et autres habitations individuelles qui ne sont pas encore raccordées à l’énergie électrique et au gaz naturel. Nous avons aussi proposé une éventuelle réalisation d’un ovoïde».

«Nous réitérons notre demande d’une inscription d’un ovoïde»

Nous avons rappelé à la déléguée administrative le problème crucial et dangereux du glissement de terrain qui s’est produit sur la route de Tala Allem, où nous nous étions rendus sur les lieux et que nous avions évoqué dans nos colonnes. «Une sortie est faite en compagnie de l’association Bab El Khir, l’association Moustakbal, les services techniques, le contentieux. Il a été décidé la réalisation d’un mur de confortement et des gabionnage», dira-t-elle. «Au volet assainissement, il y a un problème de refoulement des eaux usées sur lequel nous y penchons avec la direction de l’hydraulique. Nous réitérons notre demande d’une inscription d’un ovoïde pour Boukhalfa», insiste la déléguée, car c’est l’unique solution pour résoudre toutes les lacunes engendrées à l’assainissement. L’AEP aussi est à revoir au niveau des conduites vétustes, avant de préciser : «Des PV sont établis. Pour ceux qui possèdent des sources et des puits, des galets leurs sont distribués pour éviter des MTH». Concernant l’état des routes, il est complètement à revoir. Car, si l’état des axes principaux est plus au moins satisfaisant, il n’en est pas de même pour les accès intérieurs du village, où des trottoirs ne sont pas encore déterminés. Le village de Boukhalfa ne souffre pas de problème de transport, cependant il est à relever l’absence d’abribus. L’augmentation des tarifs des transports est faite illicitement malgré les instructions ou notes de la direction des transports. Les opérateurs sont passés outre les directives de leur direction qui n’a, contre toute attente, pas réagi en prenant des mesures adéquates pour mettre fin à cette situation, à ce diktat qui n’est pas le propre uniquement de Boukhalfa. Cette regrettable situation tend à s’élargir à travers toutes les communes de la wilaya, causant des désagréments aux voyageurs. Où est la société civile ? Le ministère des Transports n’a pas levé le petit doigt. La gare routière de Boukhalfa est à moitié vide. Elle attend d’autres fourgons pour faire le plein. À quand ? M. Tazaoui Rachid, président de deux associations : l’association à caractère social «El Moustakbal» et l’association humanitaire «Bab El Khir», une association de wilaya dont le siège est à Boukhalfa, créées le 19 mai 2014, apporte quelques précisions sur certains sujets cités par la déléguée et sur d’autres omis involontairement.

Les associations s’impliquent

La lutte contre les fléaux sociaux et les aides aux personnes démunies sont le créneau de ces associations qui se complètent et dont les adhérents y veillent. «Je suis issu des SMA et du mouvement associatif au sein desquels j’ai appris beaucoup de choses dans l’intérêt commun», dira-t-il. Khir Zahra est la toute première association créée en 1992 mais disparue et remplacée par ces deux en 2014. «Nous avons recensé tous les problèmes de Boukhalfa dont la plateforme de revendications est remise à tous les secteurs de la wilaya. Nous avons mentionné l’état des routes, l’environnement, les trottoirs, le logement social, le secteur de la jeunesse entre autres. Nous travaillons en étroite collaboration avec Madame la déléguée qui, selon les possibilités, accède à notre demande. Elle possède une certaine stratégie de travail. Elle est à l’écoute des citoyens», a-t-il ajouté. M. Tazaoui explique et avance des arguments valables : «Boukhalfa a toutes les conditions qui lui sont favorables : population, superficie et surtout les différentes infrastructures». Il apporte un correctif : «Le nouveau stade de 50 000 places n’est pas implanté à Oued Falli comme le rapporte certaine presse, mais à Boukhalfa». Il revient quatre années en arrière pour dire : «Au B.S de 2012, il y eu une délibération d’une douzaine de projets : certains lancés, la majorité non, tels les murs de soutènement, le glissement de terrain sur la route menant vers Tala Allam, logements…» L’autre problème cité par notre interlocuteur est le logement social, car les familles sont entassées dans des F 2 trop étroit pour des familles devenues nombreuses. L’habitat rural concerne 42 familles sur une centaine de demandes en instance. Les 45 locaux commerciaux sont achevés mais ils sont en état de dégradation car ils ne sont pas encore attribués à leurs bénéficiaires. «Nous nous demandons pourquoi cet étrange retard», nous confie un jeune. Le président de l’association relève aussi d’autres projets utiles à la population de ce village qui attend beaucoup des autorités locales et de wilaya. Il cite le logement social, le logement rural, le mur de soutènement, l’agrandissement de l’agence postale, de la salle de soin, d’une polyclinique à prévoir…Le volet jeunesse constitue un véritable problème. «Il faut un terrain de loisirs et nous avons proposé celui près de l’ITMAS. Le lot 26 est un terrain domanial. Un écrit sera envoyé pour son transfert. La Maison de jeunes, incendiée en 1994, est abandonnée par les autorités qui doivent la prendre en charge. Une bibliothèque se fait sentir et les deux directions, DJS et culture, sont interpellées», dira notre source.

Arous Touil

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