Jamais la neige n’a été accueillie avec autant de joie et de liesse que durant cette semaine au niveau de la région de M’Chedallah, et ce, du fait de se manifester après une longue et angoissante sécheresse. D’autant plus que toutes les incantations telles les prières de la pluie (salat el istisqa) décidées par le ministère des Affaires religieuses à l’échelle nationale ni encore moins «anzar» rituel traditionnel ancestral, organisé dans plusieurs villages, n’ont été suivis d’aucun effet, au point où l’on n’était pas loin de décréter une catastrophe naturelle pour cause de sécheresse et d’absence de pluie durant l’automne et une bonne partie de l’hiver. Aussi, la population de la région, bien qu’informée à l’avance de l’arrivée de cette neige par les services de la météo, a accueilli les premiers flocons avec une immense joie, comme une délivrance de la tenace angoisse qui s’est emparée des citoyens, notamment des agriculteurs, en particuliers les éleveurs du cheptel ruminant. Aussi, profitant d’une éclaircie à partir de midi, les citoyens se ruent sur les hauteurs de Saharidj, Iwakuren et Takerbourst pour aller à la rencontre de la poudreuse qui a agréablement embelli de son manteau blanc le massif de la chaine montagneuse du yemma khelidja, à partir de 600 m d’altitude, d’autant plus que les établissements scolaires sont en repos le mardi après-midi. Auto, motos, engins de travaux publics, tracteurs agricoles, mais aussi des piétons, ont pris d’assaut ces hauteurs qui ont renoué avec l’animation des grands jours. Une énorme chaine de véhicules tous genres confondus, s’est alors formée, sur la RN30 M’Chedallah, Tizi Nkoulal, et la RN15 chorfa, Tirourda via Takerboust. Les automobilistes qui redescendent de la montagne chargent le capot et le toit de leurs véhicules de neige pour en faire profiter ceux qui ne pouvaient pas s’y rendre. Sur les lieux, certains s’adonnent à des jeux qui consistent à organiser des batailles rangées avec des boules de neige, d’autres font monter d’énormes tas de neige qui, en les roulant prennent du volume dénommé en Kabyle « Taghyult » l’ânesse, les enfants ne sont pas du reste et rivalisent pour fabriquer des bonhommes de neige. Cependant, le sport le plus favori des montagnards par ce temps de neige est la chasse du lièvre, d’autant plus que ça ne demande pas l’utilisation d’armes à feu, mais seulement un simple bâton. Une chasse qui consiste à traquer le lièvre en le suivant à la trace jusqu’à son gite qu’il ne quitte qu’une fois débusqué d’où le recours au bâton pour l’abattre ; une technique millénaire à la portée de tout le monde mais qui demande quelques connaissances, telle la manière de pister le lièvre sur le terrain et de déchiffrer ses traces sachant que lui aussi ayant de nombreux prédateurs en plus de l’homme comme le chacal, le renard et la hyène, use de malice pour brouiller la piste et faire perdre ses traces, tel que revenir sur les mêmes traces sur des centaines de mètres. Le chasseur non expérimenté se perdra en les suivant dans le sens inverse. En bref, la neige a chassé le stress, l’angoisse et a semé un peu de joie dans les cœurs.
Oulaid Soualah