« Le caractère utilisé en tamazight ne pose pas problème. L'essentiel est que l'écriture obéisse aux règles et reflète l’originalité de cette langue ».
Telle est la déclaration faite par Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-commissariat à l’amazighité (HCA), lors de d’une conférence de presse tenue, avant-hier, à Tlemcen à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des langues mères et leur promotion. Au moment où le caractère d’inscription de la langue Amazigh demeure un point de divergence entre les experts, le SG du HCA estime que cette question ne pose aucun problème, en mettant l’accent sur la nécessité d’axer sur la promotion davantage de cette langue. «La lettre utilisée dans l’écriture de cette langue nationale et officielle ne pose pas problème, soit en caractères arabes ou latins arabes ou en tifinagh», a insisté M. Assad. Dans ce sillage, ce denier a tenu à souligner que la constitutionnalisation de la langue amazighe en tant que langue officielle est une décision politique forte, pour consolider l’unité entre algériens. «C’est une amorce de l’amazighité. L’État accorde plus de moyens pour combler le retard», a-t-il dit. M. Assad s’est montré optimiste quant à l’augmentation, dans l’avenir, du nombre des élèves et les enseignants de la langue amazighe, suite à la constitutionnalisation de cette dernière. «L’enseignement de tamazight a débuté dans l’année scolaire 1995-1996 avec 37.690 élèves encadrés par 233 enseignants pour atteindre 217.176 cette année, encadrés par 2.101 enseignants», a-t-il rappelé. Et d’ajouter : «L’enseignement de l’amazighité était facultatif, ce qui a engendré une réticence chez certains».
Installation d’un institut supérieur de formation des enseignants spécialisés en langue amazighe
Dans ce contexte, le SG du HCA a fait état de la sortie de la première promotion de 3 000 licenciés en tamazight de l’université de Batna, en indiquant que le nombre de licenciés a atteint 5 714 diplômés, dont 75 spécialisé en chaoui. «L’État déploie de grands efforts pour fournir des postes budgétaires aux diplômés et leur assurer une formation pédagogique adaptée», a-t-il affirmé. À cet effet, il a annoncé la mise en place, dès la prochaine année, d’un institut supérieur de formation des enseignants spécialisés en langue amazighe. Le même responsable a fait savoir également que d’autres perspectives nouvelles seront ouvertes avec le lancement des ateliers scientifiques œuvrant à vulgariser la langue mère, accroitre le taux de lecture et la révision de certaines lois et leur enrichissement, dont la loi d’orientation de l’année 2008. Il a fait état aussi d’une académie de langue, d’une encyclopédie, de traduction des textes littéraires arabes vers tamazight et d’extension du nombre de pages en langue amazighe dans les journaux qui seront mises en place par son instance. En ce qui concerne les wilayas ayant ouvert des classes pilotes d’enseignement de tamazight, le même responsable a souligné que le nombre est passé de 11 en 2014 à 22 cette année. «Les wilayas ayant adopté cette démarche sont en général de l’Ouest du pays, à savoir Tlemcen, Saida, Sidi Bel-Abbès et Relizane et que l’opération devra toucher les wilayas de l’Est et du Sud», a précisé M. Assad. Selon un programme pédagogique mis à jour par un groupe d’experts du ministère de l’Éducation nationale en coordination avec le HCA, l’enseignement de tamazight s’effectuera au primaire avec la langue maternelle, pour faciliter la communication avec l’enfant et au cycle moyen avec les variables linguistiques.
Samira Saïdj