Cela fait trois jours qu’on n’a pas approvisionné le bureau de poste de la daïra d’Iferhounène en argent. Celui-ci ne peut donc pas faire face à la demande de ses nombreux usagers titulaires de comptes courants ou assurer les payements des mandats et autres prestations diverses, notamment en cette période cruciale des versements des retraites, des pensions de moudjahidine et leurs ayant-droit, ainsi que les salaires des travailleurs. Une période où les bureaux de poste enregistrent un important afflux de citoyens qui doivent à leur tour faire face aux différentes factures. C’est le cas de ce retraité que nous avons rencontré à l’entrée de la poste, une facture d’électricité à la main, et qui nous dira : «A chaque versement des salaires, des retraites et des pensions des veuves de chouhada, c’est le même scénario qui se reproduit. Il n’y a pas d’argent !», se lamente-t-il en brandissant sa facture d’électricité d’une main et de l’autre son chéquier et sa carte d’identité : «Si je ne la règle pas d’ici cinq jours, la SONELGAZ me coupera l’électricité et je resterai dans le noir et sans chauffage, en cette période de longues nuits froides d’hiver». Par ailleurs, les malheureuses veuves de chouhada, pour la plupart des malades chroniques, ne cachent pas leur désarroi. L’une d’entre elles, la plus jeune, dépassant aujourd’hui les 75 ans, a fait au moins trois fois le déplacement vers lferhounène dans l’espoir de retirer son argent, mais hélas ! A chaque fois, elle retourne chez elle, les mains vides, avec tout ce que ces déplacements impliquent comme dépenses, fatigue et de perte de temps, notamment lorsque on vient de Bouaidel, un bourg situé à plus de 08 KMS du chef-lieu communal, dont le chemin est escarpé et plein de virages. D’autre part, la même situation est enregistrée à la poste d’Agouni Ouadellah, dans la commune d’Imsouhal, où une pancarte poussiéreuse, ayant été accrochée il y a belle lurette et sur laquelle on peut lire «Pas d’argent», vous accueille à travers la vitre de la porte d’entrée.
A.M
