»Plus de place au tabou s’agissant de la santé et de l’avenir de nos enfants ».Tel est le credo, à quelques nuances près, de la direction générale de la sûreté nationale qui envisage, à très court terme, d’accomplir sa mission de prévention et de lutte contre la drogue en milieu scolaire. Aucun rapport du ministère de l’Education n’est, apparemment, parvenu sur ce problème, à cette haute instance étatique de sécurité. Mais l’usage de la drogue et des stupéfiants dans les différents établissements scolaires du pays est, à présent, une réalité que personne ne peut nier. Loin d’être l’apanage des lycéens, qu’ils soient de condition aisée ou modeste, et dont le nombre était, d’ailleurs, très réduit, il y a quelques années, la consommation de la drogue se propage à une vitesse inquiétante. Ce fléau contamine, actuellement, les collégiens et même les élèves du primaire. Il est, donc, attendu que les limiers de la police retroussent leurs manches pour affronter ce phénomène. Un inspecteur de la sûreté urbaine de Boumerdès dira, dans cette optique, qu’ils auront d’ici peu, sur la base de certaines dispositions juridiques, la prérogative de fouiller le cartable de tout écolier suspect. Ce ne sera guère une mince affaire, d’autant que le mal est profond. » Les établissements scolaires sont gangrenés depuis plus d’une dizaine d’années par ce fléau, alors que les responsables concernés demeurent incroyablement passifs », nous ont confié avec dépit, de nombreuses personnes ayant tardivement pris conscience de l’accoutumance de leurs enfants à la drogue. A Boumerdès, comme dans d’autres régions du pays, leur progéniture est victime, semble-t-il, d’un système de gestion dans nos écoles, qui ont pratiquement négligé ce problème de société. » Un problème qui s’est accentué dans la plupart des établissements scolaires, d’ailleurs dépourvus à contrario de salles d’animation. » Pour le cas de notre wilaya, aucune excursion n’est organisée au cours de l’année au profit des scolarisés au niveau des écoles publiques, alors que ce genre de voyage récréatif est limité parfois aux bons élèves dans les établissements privés, » déplore une enseignante d’histoire dans un lycée à Boudouaou, reconnaissant que leur corporation s’était occupée durant ces dernières années de leurs préoccupations d’ordre pécuniaire ». Ni les enseignants, ni les conseillers pédagogiques des différentes circonscriptions n’organisent des séances de sensibilisation sur les méfaits de la toxicomanie, a-t-on constaté en croyant pendant longtemps, à tort, que l’institution éducative nationale en était épargnée. Un élève de deuxième année secondaire dans un lycée du centre-ville de l’ex-Rocher Noir aurait été traduit récemment en conseil de discipline, à la suite d’un rapport de l’un des responsables pédagogiques, l’ayant surpris en flagrant délit de consommation de cette substance nocive. En vérité ce sont les parents qui ont sonné l’alarme contre ce phénomène qui ne cesse de prendre des proportions très inquiétantes. Oui très Inquiétantes, d’autant plus que ces enfants ou adolescents sont souvent entraînés vers d’autres délits ou actes répréhensibles. » Une de mes amies m’a confié que son fils âgé de 15 ans avait failli succomber à un pédophile, en échange de quelques comprimés de psychotropes de marque Rivatrol », a témoigné une dame, toujours au centre-ville de Boumerdès. Bien d’autres mères avaient su, elles, que leurs enfants ont évoqué la » zetla » dans leur connexion avec leurs camarades, a-t-on signalé. Retenons le témoignage émouvant d’un père de famille : » quant j’ai cherché à connaître les résultats de l’enquête sur le vol de certains biens précieux de ma maison durant l’été dernier, les policiers m’ont répondu que les voleurs avaient agi avec la complicité de mon fils, actuellement en terminale ». Il ajoutera, avec désolation, que son enfant a commencé à se droguer depuis près de quatre ans, mais qu’il s’en est « est rendu compte tardivement. Les dealers de tout poil emploient, semble-t-il, moult stratagèmes pour la propager, y compris chez les collèges en faisant goûter d’abord ce poison aux élèves, avant de les transformer en revendeurs. Bien des parents dans différents quartiers de Boumerdès et des centres urbains avoisinants tentent vaille que vaille de préserver leurs progénitures de ce fléau, en attendant que les forces de sécurité mettent en place, comme prévu, leurs mesures spéciales pour son éradication.
Salim Haddou