Reporté le 12 février dernier, le procès en appel des deux affaires relatives au dossier de montage automobile et au financement occulte de partis politiques et de la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2019 s’est ouvert hier à la Cour d’Alger. Condamnés en première instance, le 10 décembre dernier, à de lourdes peines, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que plusieurs autres anciens ministres et hommes d’affaires et des cadres de ministères et des entreprises privées appartenant aux hommes d’affaires impliqués dans ce dossier, ont été présentés hier devant le tribunal criminel de la Cour d’Alger.
Un procès qui intervient suite à l’appel interjeté par le collectif de défense et le parquet contre le verdict qui a été prononcé par le tribunal de Sidi M’Hamed. Il faut rappeler que ce tribunal a condamné Ahmed Ouyahia à une peine de 15 ans de prison ferme assortie d’une amende de deux millions de DA, avec confiscation de tous ses biens, et Abdelmalek Sellal, à une peine de 12 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de DA. Dans la même affaire, et pour les anciens ministres de l’Industri et des Mines, Abdessalem Bouchouareb a écopé, par contumace, d’une peine de 20 ans de prison ferme assortie d’une amende avec émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre, Youcef Yousfi d’une peine de 10 ans de prison ferme et Mahdjoub Bedda d’une peine de 10 ans de prison ferme.
Ont été également condamnés, l’ancienne ministre et wali Nouria Yamina Zerhouni à une peine de 5 ans de prison ferme, les hommes d’affaires Ahmed Mazouz à une peine de 7 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, Hassan Larbaoui à une peine de 6 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, et Mohamed Bairi à une peine de 3 ans de prison ferme. Le fils de l’ancien Premier ministre, Fares Sellal, a été condamné, quant à lui, à une peine de 3 ans de prison ferme. Hier, à l’ouverture du procès, les avocats de la défense des deux Premiers ministres ont introduit, d’entrée, leurs requêtes contestant la tenue de ce procès dans la forme, mettant en avant l’exception juridique dont jouissent les deux anciens chefs de gouvernement.
Une demande qui a été rejetée par le procureur de la République. Invité à se défendre, Ahmed Ouyahia a rejeté toutes les accusations portées contre lui, niant avoir touché des pots de vin ou avoir été impliqué dans des faits de corruption. Il a indiqué aux juges qu’il était un homme d’État au fait de ses rouages et des tâches gouvernementales ayant été désigné quatre fois comme chef de gouvernement sous Abdelaziz Bouteflika de qui il recevait les ordres : «Je recevais des ordres de Bouteflika en personne et je ne faisais que les exécuter», a-t-il assuré.
Au sujet des «indus avantages» qu’il aurait accordés aux opérateurs économiques intervenant dans le montage automobile, Ouyahia a soutenu que les autorisations avaient été délivrées alors qu’il n’était pas à la tête de l’exécutif. Il a, par ailleurs, fait savoir aux juges que les projets de montage automobile n’avaient que trois ans d’existence et qu’il était «prématuré de juger de leur échec».
Ouyahia a aussi fait savoir aux juges que «cette affaire visant l’anéantissement des projets de montage automobile est orchestrée par des parties étrangères qui voyaient leurs intérêts menacés», sans qu’il ne cite les dites parties étrangères en question. Quant aux fameux 30 milliards découverts dans son compte bancaire, Ahmed Ouyahia a maintenu ses déclarations faites en décembre devant le tribunal de Sidi M’Hamed, affirmant qu’il avait «omis de les déclarer» aux enquêteurs. Le procès se poursuivait toujours hier en fin de journée.
M. A. T.