La neige gâche la fête

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La célébration du premier jour du printemps du calendrier agraire, appelé communément Amezwaru n Tefsut en kabyle, qui coïncide avec le 28 février du calendrier grégorien, n’a pas eu lieu dans plusieurs localités de la commune d’Aghbalou, pour ne citer que celle-ci, car la pluie et les neiges qui se sont abattues ces derniers jours ont empêché les habitants de fêter comme il se doit cette journée charnière de notre histoire plusieurs fois millénaire. En effet, comme il est connu, la traditionnelle fête de Amezwaru n tefsut est célébrée dans la nature, où les habitants, sortis en grappes enthousiasmées, vont à la rencontre du printemps, ce que l’on appelle en kabyle Amager n tefsut, car le printemps signifie dans la tradition kabyle la renaissance et la jouvence, et c’est pour cela que les hommes, les femmes et les enfants surtout partent à sa rencontre comme pour lui souhaiter la bienvenue!

Mais dans cette région montagneuse et escarpée d’Aghbalou, connue pour ses hivers glaciaux et rigoureux, la fête a été ‘’empêchée’’ par les pluies et les neiges tombées abondamment. La rencontre du printemps n’a pas eu lieu donc, et cela a frustré plus d’un, surtout les bambins qui préparaient cette fête depuis des jours en s’approvisionnant en confiseries, bonbons et chocolat pour garnir leurs petites corbeilles (tiqecwalin n umezwaru n tefsut). Les femmes sont également frustrées par cette « sortie » inattendue du mauvais temps, lequel a « annulé » une fête à laquelle elles tiennent énormément, surtout les femmes au foyers qui trouvent en cette tradition, plusieurs fois millénaire, une occasion pour dégourdir les jambes et organiser le fameux « Urar di lexla » (les chants en pleine nature) qu’elles affectionnent, d’autant plus qu’il est animé avec des instruments rudimentaires comme le Bendir et la Derbouka comme au bon vieux temps! Mais bon, le ciel n’a pas été « clément » cette fois-ci avec les villageois, et la fête, il semblerait, a été reportée à une date ultérieure, le temps que le ciel se rassérène ! Bien évidemment, la « revanche » sur le méchant hiver se fera un jour du week-end, peut-être le prochain! Néanmoins, ne s’avouant pas vaincus par les « humeurs » dérangées de l’hiver, les habitants du village Ath Hamdoune, très attachés au demeurant aux traditions ancestrales, ont tenu malgré le froid, la pluie et la neige, à célébrer dans une salle du village amezwaru n tefsut en présence de dizaines d’enfants survoltés, qui dansaient aux rythmes de la Derbouka. Portant des corbeilles pleines de gâteries, les enfants ont scandé à tue-tête: » An mager tafsut ! An mager tafsut! ».

Y. Samir

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