«L’an dernier, les résultats au BEM de nos candidats étaient presque nuls. Alors, j’ai pris une initiative pour cette année afin d’améliorer le taux de réussite», nous confiera M. Mohamed Belkadi, en sa qualité de président du comité de village de Helouane, et ex-conseiller pédagogique en retraite. Ainsi, tous les vendredis, ce sexagénaire prend en charge les neuf élèves qui passeront leur brevet en mai prochain. «J’ai eu l’autorisation du directeur de l’éducation pour utiliser une salle de cours au sein de l’école primaire du village. Je leur dispense des cours de mathématiques et de langue arabe. Je les initie aussi à résoudre des épreuves proposées à l’examen. L’essentiel est de les préparer, et puisque, ils travaillent en groupe, ils sont très motivés. D’ailleurs, j’ai constaté que leurs résultats scolaires se sont améliorés. Par exemple, il y avait un élève qui ne dépassait pas 4/20 en mathématiques, dernièrement, il a obtenu un 18/20. Vraiment, c’est très encourageant. Je ferai même appel à un professeur de langue française en retraite pour leur donner quelques cours et leur montrer comment aborder l’épreuve de français au BEM», ajoutera notre interlocuteur. Il faut tout d’abord signaler que dans ce village niché à plus de mille deux cents mètres d’altitude, ces élèves ne trouvent pas de professeurs qui dispensent des cours supplémentaires et la plupart d’entre eux ne peuvent se déplacer jusqu’au chef-lieu ou encore jusqu’à Boghni. Pour M. Mohamed Belkadi, il faudrait que les jeunes diplômés universitaires du village leur apportent leur concours. «J’aurais aimé être secondé par des jeunes du village qui sont plus volontaires et actifs et afin que ces cours leur soient aussi donnés les autres jours, notamment le soir pour les aider à faire des révisions ensemble», estimera notre interlocuteur. Contrairement aux villes, dans les zones rurales, les moyens manquent encore pour accompagner les candidats aux divers examens de fin d’année, quand on sait que certains doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour aller prendre des cours supplémentaires moyennant 1 500 dinars par mois, voire plus. Il serait préférable que des jeunes universitaires soient recrutés par le ministère de l’Éducation et les autoriser à prendre en charge ces élèves dans des écoles primaires à partir de dix-sept heures en études comme cela se faisait dans les internats des collèges et des lycées durant les années 70 et 80. Peut être, ce serait une solution pour éradiquer ce phénomène de cours supplémentaires donnés dans des garages et autres locaux ne répondant à aucune norme. ou bien accorder des subventions aux comités de villages qui inscriraient cet objectif dans leur plan d’action. Enfin, il est vrai que les parents d’aujourd’hui font tout pour voir leur progéniture réussir, mais il faut savoir que certains cours supplémentaires ne sont, parfois, guère bénéfiques aux élèves, surtout lorsqu’ils sont assurés par certains professeurs « commerçants ». Ces derniers ne participent en rien au perfectionnement du système éducatif dans notre pays tant qu’ils ne sont pas contrôlés.
A. O.