La vallée du Sahel «absorbée»

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Les surfaces agricoles à vocations céréalière, maraichère et oléicole qui s’étendent sur des milliers d’hectares de la légendaire vallée du Sahel, subissent une effroyable agression par une avancée phénoménale débridée du béton. En effet, ce dernier «avale» du terrain au sens large du terme dans une anarchie totale et en toute impunité. D’ailleurs, dans cette vallée qui est, en fait, un prolongement en aval de la vallée de la Soummam historique qui s’étend de la sortie Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira jusqu’à la sortie Est de la commune de Chorfa dans laquelle sont incluses les communes d’El Asnam, Bechloul, Ahnif, M’chedallah et Chorfa, toutes sortes d’ouvrages, dont certains à caractère commercial et industriel, qui « mangent » d’importantes surfaces de terrains plats hautement fertiles, y sont érigés. Un phénomène qui a pris son plein essor, depuis le démarrage des divers programmes d’auto-construction de l’habitat rural financé par l’Etat. Les projets d’extension des grands centres urbains s’élargissent à vue d’œil, et grignotent, ainsi, de façon continue, sur ces surfaces agricoles, accompagnés par des plates formes de fabrication d’agglomérés (ourdis, parpaing, buses, bordures des routes), et d’autres plates formes de vente de matériaux de construction, dont la plupart non autorisés. Chaque année, on constate de nouveaux arrivés dans cette juteuse filière bien que le législateur a mis en place toute une batterie de lois, régissant ces activités dans le but de protéger les terrains agricoles, mais rarement appliquées d’où l’envergure de ce genre d’agressions tous azimuts qui n’est plus maitrisable a l’heure actuelle. Ces plates formes se comptent par centaines à présent au niveau des deux daïras de M’chedallah et Bechloul, et travaillent à plein temps en toutes liberté même quand elles constituent en parallèle un danger pour les routiers. La dernière loi en date pour réduire les agressions sur les surfaces agricoles, laquelle a été accueillie avec un grand soulagement par les auto-constructeurs financés par l’Etat, est celle de 1994, autorisant les constructions en surélévation (autrement dit, cette loi autorise des membres de la même famille, soit un père et son fils, soit deux frère, à réaliser leurs logements l’un au-dessus de l’autre). Mais, il a été constaté qu’aucune commune n’a mis en exécution cette loi, jusqu’à présent, et les surfaces agricoles continuent, pour ainsi dire, à perdre du terrain. C’est un effroyable phénomène d’agression des terres fertiles, devant lequel les services étatiques concernés, dont ceux de l’agriculture se sont complètement effacés pour laisser place à une anarchie galopante. Il convient de souligner sur ce volet que nos ancêtres étaient beaucoup plus soucieux quant à la préservation des terrains agricoles, notamment en Kabylie. D’ailleurs, l’exemple le plus édifiant est celui de voir la totalité des villages de Kabylie construits sur des collines abruptes aux terrains pauvres et inexploitables sur le plan agricole au même titre que les cimetières, qu’ils aménagent sur des surfaces perdues qui ne peuvent rien donner à l’agriculture.

Oulaid Soualah

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