… Bouira aussi

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Les Bouiriennes ont eu leur journée comme partout ailleurs. Une journée qui semble, cependant, une pâle copie des précédentes. Encadrées par plusieurs associations nationales ou locales, elles avaient écouté plus que parler. Qu’ils aient été organisatrices (Algérie télécom et ANSEJ) ou responsables d’associations, le discours sirupeux et volontairement populiste renforçait cette fâcheuse impression que la journée était pour les hommes et non pour les femmes. Sur quatre femmes (en comptant la présentatrice du programme), une dizaine de présidents d’associations et de responsables avaient pris la parole. Certes, ils avaient rendu hommage au courage de la femme, notamment pendant la guerre de libération ou contre le terrorisme, à ses compétences au travail ou aux postes de responsabilité qu’elle occupe, mais est-ce une raison de monopoliser la parole ? Quand ce ne serait que par galanterie, les hommes n’auraient-ils pas dû donner la priorité à la femme ? Qui mieux qu’elle s’exprimerait sur ses propres problèmes, sur ses espoirs et sur son combat ? Il y a ces trois oratrices, dont une avocate et une prof à l’université de Bouira, qui allaient intervenir. Elles savaient de quoi elles allaient parler. La femme est encore traitée dans beaucoup de cas comme un être inférieur. La littérature, le théâtre, le cinéma, la peinture, la sculpture, ne lui accorde pas toujours le beau rôle. La mode elle-même, loin de l’affranchir, la traite comme un objet, un mannequin, juste bon à mettre en valeur ses produits. Alors, l’émancipation de la femme ? Quand le sujet n’est pas tabou, il fait rire. En témoignent les statistiques sur la violence faite aux femmes. Le directeur d’Algérie Télécom, qui a pris la parole à cette occasion pour souligner les efforts de la femme dans les progrès réalisés dans ce secteur à la faveur des nouvelles technologies de communication, a indiqué que l’élément féminin constitue 22% des effectifs de ses services, soit 90 employées, dont 60 cadres. Pour le directeur de l’ANSEJ, le nombre de micro-entreprises montées par les femmes dans le cadre de ce dispositif est de 621 et embrassent un vaste champ d’activités, telles que la couture, la coiffure, l’agriculture, la pâtisserie etc. Les applaudissements qui fusaient des quatre coins de la salle de conférences et qui saluaient ainsi les passages qui louent tour à tour les qualités de la femme algérienne et la pertinence et la clairvoyance des responsables politiques montraient à l’évidence le souci de concilier les bonnes grâces de ces responsables autant que ceux qui les flattent. Le discours tenus par les artisanes est un démenti cinglant de ce qui se disait dans cette salle. Ces dernières dénonçaient l’absence de moyens et réclament plus d’aide pour les femmes au foyer. Elles déploraient les conditions difficiles dans lesquelles elles continuent à travailler et demandaient plus de considération et de respect pour le métier qu’elles pratiquaient : le costume ou les gâteaux traditionnels. Le croira-t-on, pour clore ? C’est un homme, un responsable d’association qu’on a honoré à cette journée. C’est tout dire.

Aziz Bey

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