"L’âme montagnarde" en avant-première à Tizi-Ouzou

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"L’âme montagnarde&quot,; une nouvelle production cinématographique du réalisateur Ali Mouzaoui, a été projetée mercredi en avant-première à la cinémathèque de Tizi-Ouzou.

Ce film-témoignage est consacré à Nouara Ibrahim Ouali, une femme originaire du village d’Ath Ouabane (commune d’Akbil) et résidente à la nouvelle ville de Tizi-Ouzou, qui a pris activement part à la guerre de libération nationale. Le film s’ouvre sur un chant patriotique interprété à capella par cette dame de 85 ans à la voix fluide et gracieuse. Nna Nouara ouvre un album qui ne la quitte jamais, rempli de photos de moudjahidine qu’elle avait côtoyés durant la guerre de libération nationale. Chaque photographie, chaque document signé par les responsables du FLN de la wilaya III historique, évoque en elle des souvenirs liés à cette période glorieuse de l’Histoire de l’Algérie, qu’elle égraine pour les raconter comme s’ils s’étaient produits la veille.

Le réalisateur a choisi de faire dans la simplicité pour rapporter l’émotion

«Pour ce film, le souci de rapporter la réalité telle quelle et de transmettre des émotions brutes a primé sur l’esthétique», a souligné Ali Mouzaoui, à la fin de la projection qui s’est déroulée en présence de Nouara Ibrahim Ouali, du journaliste Mohamed Ghobrini, auteur d’un livre sur cette dame, et de membres de la famille révolutionnaire. La voix chaude de Farid Ali chantant « Ayemma Aazizene Ouretsrou » (chère mère ne pleure pas) berce le récit de Nna Nouara. Le commentaire off d’Ali Mouzaoui donne sa trame au récit parsemé de courtes interventions de Mohamed Ghobrini, le tout ponctué de gros plans sur le Djurdjura, cette montagne qui a enfanté des hommes et des femmes qui ont consenti au sacrifice suprême pour libérer l’Algérie du joug colonial. Au fil des témoignages, Nna Nouara dévoile une page merveilleuse de l’Histoire de la guerre de libération nationale, écrite par des femmes-courage, qui ont contribué activement à l’indépendance de l’Algérie. «A partir de 1957, il ne restait quasiment plus d’hommes dans les villages. Ils étaient tous montés au maquis. Les femmes se chargeaient de leur assurer des abris, de la nourriture, les renseignements sur le mouvement de l’armée coloniale et la transmission du courrier», témoigne-t-elle. La maison de la famille Ibrahim Ouali a servi d’abris aux moudjahidine et a vu défiler de grands responsables du FLN de la wilaya III historique. Nna Nouara gérait, elle-même, avec d’autres femmes, dont son amie Khadra, Taos n’Ath Amara qui s’est suicidée lorsqu’elle a été capturée par de soldats de l’armée coloniale. Le récit de cette femme, parfois taquine comme pour narguer le sort, souvent entrecoupé de larmes à l’évocation d’une amie ou d’un frère de combat tombés aux champs d’honneur et de son ferre cadet tué à la fleur de l’âge par un obus et dont on n’a retrouvé qu’une moitié d’un crâne et une jambe, rappelle le lourd fardeau porté par ces combattantes de l’ombre, «aujourd’hui oubliées», déplore Nna Nouara. «N’oubliez pas ceux qui ont tout abandonné pour s’engager corps et âme pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Transmettez cette glorieuse page de notre Histoire aux générations futures», lance-t-elle aux jeunes présents à la projection du film. Elle joint ainsi sa voix à celle d’Ali Mouzaoui qui a insisté sur l’urgence de recueillir ces « émotions », un appel qu’il a lancé en particulier à ses confrères réalisateurs les invitant à s’impliquer dans cette démarche.

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