Tizi-Ouzou submergée…

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S’il est vrai que les pluies qui se sont abattues sans interruption, ces derniers jours, sont les bienvenues quand on sait que le spectre de la sécheresse commençait déjà à plonger la région dans l’inquiétude car, le rationnement de la distribution de l’eau potable est prévu par les services concernés, mais, sans doute, ce sont les désagréments causés à la population qui sont à relever. En effet, dès que les pluies ont commencé à tomber, de nombreux éboulements sont signalés ici et là sur les axes routiers de la wilaya.

Pratiquement, aucune route nationale ou chemin de wilaya ne sont épargnés. Même si en dépit du mauvais temps, les subdivisions à travers les daïras ont mobilisé leurs équipes pour nettoyer et dégager les gravats charriés par les eaux pluviales, tout de même des manques persistent. D’ailleurs, même des fossés bétonnés réalisés récemment à l’exemple de ceux de la RN68 entre Draâ El-Mizan et la ville des Issers (Boumerdès), obstrués à différents endroits, n’ont pu dégager les eaux vers les ouvrages d’art qui, eux aussi, sont complètement bouchés. Tandis que tous les chefs-lieux des villes de la wilaya ont été envahis par la boue et des détritus divers, perturbant même les déplacements à pied. Ils se sont transformés en marécages. Pratiquement, c’est le même constat dans toutes les villes. Dans de nombreuses agglomérations, la circulation automobile a été perturbée à cause des flaques d’eau, des nids-de-poule et autres crevasses aggravées par les pluies. Il faut souligner que, durant tout l’hiver, les équipes de la voierie n’ont pratiquement rien engagé comme action pour venir à bout des gravats. Ce qu’il faudra aussi signaler est ce laxisme des entreprises réalisatrices aussi bien des réseaux d’eau potable, de gaz naturel que des autres conduites d’assainissement ou encore de fibre optique qui, après avoir livré leurs projets, laissent des tas de sable et autres matériaux jonchant la chaussée si bien qu’après les pluies, ils vont directement dans les avaloirs et les obstruent. «Les entreprises ne respectent aucunement le cahier des charges. En principe, dès qu’elles auront terminé les travaux, elles devront remettre tout à son état initial. Aucune ne le fait. C’est pourquoi nos villes ressemblent à des parcs de matériaux de construction à ciel ouvert», nous confiera un membre de la commission du suivi des travaux neufs d’une APC du versant sud de la wilaya, qui a préféré garder l’anonymat. D’ailleurs, il nous a été donné de voir, ces dernières vingt-quatre heures du moins, des cratères creusés apparaître sur la chaussée alors que le bitume n’a pas encore dépassé une année. C’est le cas de la ville de Draâ El-Mizan ou encore de Boghni. De nombreux carrefours, même au centre des grandes villes, telles Draâ Ben Khedda, Ouadhias et autres, ont regorgé d’eau parce que les avaloirs n’ont pas pu «avaler» les énormes quantités de pluies tombées en quarante-huit heures. Si besoin est de signaler que depuis des années, les traditionnels plans Orsec qui devraient en principe être mis sur pied dès la fin de l’autonome, ne le sont pas et ils ne sont même pas prévus. «La plupart des APC ne donnent aucune importance aux plans d’intervention. Tout est alors à la charge de la Protection civile», nous signalera un pompier en retraite. Alors que pour les chemins communaux, ils manquent toujours d’entretien et cela complique davantage la situation. «Nous n’avons pas assez de personnel pour faire suivre tout le réseau routier de notre commune. Quand les fossés sont bouchés, l’eau ne peut couler que sur la chaussée», nous répondra un maire. Certes, la mise en place des unités de suivi des infrastructures routières (USIR) par la direction des travaux publics est une initiative louable à plus d’un titre, mais il est tout à fait urgent de créer de telles équipes au niveau des APC. Il faut saluer, quand même, les efforts faits par certaines APC de haute montagne, à l’exemple de celle de Bounouh ou encore de Boghni, de Aïn El-Hammam qui ont pris leurs devants en dégageant la neige avant même qu’elle ne bloque les axes routiers qui mènent aux villages situés en haute altitude. Cela étant, il est temps que les dispositions préconisées pour veiller à la sauvegarde des routes, des chemins de wilaya et des chemins vicinaux soient respectées et renforcées afin d’éviter de tels tracas, dont les conséquences ne sont pas toutes à énumérer. Quant aux villes, il est aussi temps que l’entretien de la voierie devienne ponctuel et quotidien.

Amar Ouramdane

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