Le périple de Mihoubi à Béjaïa

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Le ministre de la Culture a effectué une visite de deux jours à Béjaïa, les 14 et 15 mars derniers, pour présider la clôture officielle du Colloque international sur le dictionnaire amazigh, organisé par le HCA, et procéder à l’inspection et inauguration de plusieurs équipements culturels.

La visite du ministre a commencé par la ville de Kherrata, où il a effectué une visite d’inspection des travaux de rénovation du cinéma du 8 mai 45. Ces travaux qui ont débuté il y a plusieurs mois et leur taux d’avancement avoisine les 80%, augurent du respect des délais impartis au projet. Le budget de l’opération a été initialement de 37,5 millions de dinars, puis diminué pour atteindre les 30 millions. Cette opération de rénovation de la salle de cinéma de Kharrata a pour objectif de redonner une nouvelle dynamique culturelle à la région qui a un grand besoin d’infrastructures culturelles. La salle de cinéma dispose d’une grande scène, d’un espace suffisant pour accueillir quelques cinq cents places. Il est à espérer que Kherrata se remettra à la production artistique de qualité et contribuera à la redynamisation culturelle de toute la wilaya, et pourquoi pas, au-delà. Pour anticiper l’évolution des travaux, la direction de la culture de Béjaïa a lancé un appel d’offres pour acquérir et installer les équipements techniques et la siègerie de la salle. Ledit appel d’offres vient juste d’être publié en date du 12 mars et concerne les entreprises spécialisées. Après la visite de Kherrata, la délégation ministérielle, déjà arrivée assez tard en fin d’après-midi, s’est dirigée vers le campus d’Aboudaou de l’université de Béjaïa, où se sont déroulés, durant trois jours, les travaux du colloque international sur la confection des dictionnaires monolingues amazighs, organisés par le Haut Commissariat à l’Amazighité. À l’ouverture du colloque, ce fut Tahar Hadjar, le ministre de l’Enseignement Supérieur, qui a présidé à son ouverture, tandis qu’Azzedine Mihoubi a eu l’honneur de présider à la clôture de ses travaux. Lors de son allocution, il saluera le public avec un remarquable «Azul amokrane fellaouen», qui a visiblement fait plaisir au public qui a fortement applaudi. Rappelant l’importance du développement de la langue amazighe, le ministre a fait un parallèle avec d’autres langues qui ont vécu une histoire relativement comparable à celle du tamazight. Il a pris l’exemple de l’hébreu et du persan qui sont devenues des langues de recherche scientifique, alors qu’il n’y a pas si longtemps, elles étaient marginalisées et appauvries par la concurrence linguistique des autres peuples et nations. Le dictionnaire amazigh devra devenir le réceptacle des mots de cette langue qui devront non seulement recensés, mais aussi prendre en compte leur usage dans les différents dialectes et parlers locaux. Il encouragera aussi les chercheurs à ne pas hésiter à faire des emprunts à partir d’autres langues et les adapter intelligemment au tamazight. «Toutes les langues du monde font pareille. Elles s’enrichissent les unes des autres», dira-t-il. Son ministère apportera certainement sa contribution au développement du nouveau Centre de recherche en langue et culture amazighes qui sera ouvert à l’université de Béjaïa. Azzedine Mihoubi a, donc, promis de mettre à la disposition de ce nouveau centre une importante documentation. Après l’université c’était au tour de l’inauguration du nouveau siège de la direction de la culture. L’ensemble des travailleurs de la direction ont tenu à être présent, et ce, malgré l’heure tardive à laquelle la délégation ministérielle est arrivée. Le ministre, accompagné du wali de Béjaïa, a tenu à féliciter l’ensemble des personnes et entreprises qui ont contribué à la réalisation de la bâtisse. Khellaf Righi, directeur de la culture de la wilaya, a fait une large présentation du déroulement du projet, depuis le premier coup de pelle, jusqu’à la réception officielle de l’édifice. Moment rare dans les annales, il a présenté à son ministre de tutelle et au wali qui l’accompagnait, un coffret comprenant deux CD ROM dans lequel il avait gravé l’ensemble des documents graphiques (plans, images et photos), techniques, comptables et administratifs relatifs à la réalisation du projet. Il nous a confiés, en aparté que «ce bâtiment est la première infrastructure culturelle de taille créée depuis la construction de la Maison de la culture, il y a vingt-huit ans». Au rez-de-chaussée du bâtiment, le ministre a ensuite accordé une brève conférence de presse, dans laquelle aucune annonce particulière n’a été faite. La visite du ministre s’est poursuivie à la tombée de la nuit, en rendant visite aux exposants présents à la Maison de la culture, à l’occasion de la Journée mondiale des handicapés. MM. Azzedine Mihoubi et Zitouni Ould Salah ont rapidement fait le tour de l’exposition, pourtant les handicapés ont passé la journée à attendre la visite du ministre et du wali pour leur exposer leurs revendications et essayer de les sensibiliser aux différentes conditions de vie dont ils souffrent. Les handicapés veulent rester dignes et ne pas avoir à quémander leurs droits sociaux. Ils ont besoin d’être considérés et respectés, en leur donnant les moyens de contribuer à la vie sociale de notre pays. Madame Gaoua, directrice de la Maison de la culture, a ensuite invité la délégation à assister à un gala de musique organisé en l’honneur de la délégation ministérielle par un groupe de musique constitué des travailleurs de la Maison de la culture. Le marathon ministériel s’est poursuivi en pleine nuit, en procédant à l’inauguration de la nouvelle galerie d’art qui a été aménagée dans les sous-sols de la Maison de la culture. Finalement et après des années de tergiversation, Béjaïa a enfin sa galerie d’art permanente. Il faudra espérer qu’elle sera gérée convenablement et qu’elle contribuera concrètement au développement de l’art au travers d’expositions régulières et de qualité tout en donnant à chaque artiste l’occasion de se faire connaître. La dernière étape de la visite ministérielle a été réservée à la nouvelle bibliothèque de lecture publique. C’est la plus grande bibliothèque de la wilaya, en dehors de celles situées dans l’enceinte de l’université. Elle avoisine les cinq mille mètres carrés de superficie et a l’ambition d’offrir au public les meilleures prestations, avec un fonds documentaire riche et varié des salles de lecture, un matériel informatique de qualité des halls d’exposition et une grande salle de conférence de cent cinquante places. La deuxième journée de la visite de Azzedine Mihoubi a été consacrée à l’inspection des travaux de restauration du bâtiment de l’ancien tribunal de Béjaïa, prévu pour accueillir la nouvelle école des beaux-arts. Il est situé à quelques mètres de la Casbah à qui le ministre accorde une attention particulière. Celle-ci également est en train de subir d’importants travaux de restauration et sera certainement transformée en musée. Avant d’aller vers Ighil Ali visiter la maison des Amrocuhe, le ministre a aussi fait une halte à la cinémathèque de Béjaïa. Le ministre a ainsi confirmé la modernisation de la salle de cinéma qui sera bientôt équipée d’un écran de nouvelle génération, le DCP. Fodil Assoul, responsable de la cinémathèque, a qualifié la visite de «magnifique». À Ighil Ali, les héritiers des Amrouche se disputent la propriété où ont vécu les célèbres femmes et hommes de culture que furent la maman Fadhma At Mansour et ses deux célèbres enfants, Jean El Mouhoub, journaliste qui a joué un rôle clé lors des négociations qui ont abouti aux accords d’Évian, et l’écrivaine cantatrice, Marguerite Taos Amrouche. Cette maison s’est, depuis longtemps, effondrée et des associations réclament sa prise en charge par l’État pour en faire un site historique.

N. Si Yani

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