Le commandant Lakhdar Bouregaa raconte

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Comme chaque année, de nombreuses activités sont organisées à Draâ El-Mizan, pour la célébration de la fête de la victoire. Ainsi, prenant les devants, l’association culturelle «AMGUD » a profité de cette importante date pour inviter un ancien officier de l’armée de libération nationale de la wilaya IV, en l’occurrence le commandant Lakhdar Bouregaa.

Ce dernier jouit, depuis fort longtemps, d’un grand prestige au milieu de la population locale, d’autant plus qu’il avait eu à côtoyer les personnalités historiques de la Kabylie, à l’exemple des colonels Ali Mellah, Si Salah Zamoum ainsi que Krim Belkacem et Aït Ahmed, entre autres. Ainsi, c’est dans la matinée avant-hier jeudi, qu’avait eu lieu une sympathique rencontre au niveau de la maison de jeunes «Arezki Mansouri», avec ledit commandant et de nombreux participants dans le cadre de la célébration de cette date historique, coïncidant avec le 19 mars 1962, et qui avait marqué le cessez le feu, après sept années et demi de guerre. Cependant, après l’invitation de M. Karim Larbi, le président de ladite association, de tous les présents à observer une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la révolution, et la brève présentation du parcours et de la biographie de M. Lakhdar Bouregaa, la parole lui a été donnée. Ce dernier entamera son intervention en revenant particulièrement sur la genèse du déclenchement de la révolution, tout en soulignant que la Kabylie avait été sa colonne vertébrale. «Durant la révolution, nous avons eu à traverser d’importantes étapes ou périodes, dont la première s’est étalée du 1er novembre 1954 jusqu’au 20 août 1956, c’est-à-dire jusqu’à la tenue du congrès de la Soummam. La seconde suit après jusqu’au 13 mai 1958, où la France avait connu une grave crise gouvernementale, et l’avènement au pouvoir du général De Gaulle, qui mettra en œuvre son plan Challe jusqu’en 1961 pour étouffer la révolution, mais connaitra un retournement de la situation par sa propre armée, puisqu’elle se soulèvera et tentera un coup d’état pour le destituer comme elle n’hésitera pas à intenter à sa vie puisqu’il échappera même à son assassinat, à Paris et la dernière période, c’est celle des négociations directes qui seront lancées», dira l’orateur, tout en revenant sur de nombreuses péripéties qu’il avait vécues dans le maquis de la wilaya IV, et en citant ses nombreuses rencontres avec de nombreux dirigeants de la révolution, à l’exemple de Abane Ramdane, Amar Ouamrane, Si M’Hamed Bouguerra, Ali Mellah, Si Salah Zamoum, le colonel Dehilès et beaucoup d’autres encore. Arrivé à la date du 5 juillet 1962, le commandant Bouregaa ne prendra pas le dos de la cuillère pour asséner que le 5 juillet doit être commémoré comme étant la journée pour demander à la France des comptes sur ses exactions sur les algériens durant la colonisation. «On nous dit que le 5 juillet est non seulement la date de l’indépendance mais aussi la fête de la jeunesse, ce n’est qu’un coup fourré de la France pour qu’elle n’ait pas à répondre de tout le mal qu’elle avait fait subir au peuple algérien», martèlera le conférencier. À la première question qui lui sera posée, le commandant répondra qu’il était, le jour du 19 mars 1962, dans le maquis avec ses compagnons, non loin de Médéa. «Nous avions eu l’information par le transistor que nous avions, et tout le groupe s’était mis à rire mais également à pleurer en même temps, on ne savait pas ce qui nous avait pris. D’ailleurs, c’était l’une des rares fois où je j’ai pleuré en plus de celle où j’étais en prison à Lambèze, en apprenant l’assassinat, en Allemagne, de feu Krim Belkacem que j’avais rencontré peu avant, à Paris», dira le conférencier, qui répondra néanmoins à d’autres questions. Par ailleurs, la parole a, également, été donnée par M. Karim Larbi à El Hadj El Hocine Chetabi, ancien maquisard et compagnon de feu Krim Belkacem à qui, il aura confié la mission de l’exécution du caid Dahmoune des Aït Yahit Yahia Moussa, réfugié à Alger et également responsable de la Kasma de l’ONM à Aït Yahia Moussa.

Essaid Mouas

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