L’eau mal exploitée

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La daïra de M’Chedallah, à l’Est du chef-lieu de wilaya de Bouira, passe pour la plus riche en ressources hydriques.

Ceci, grâce à un exceptionnel taux de pluviométrie, ajouté aux abondantes chutes de neige sur ses deux massifs, la chaîne du Djurdjura au Nord et celle de Chréa au Sud, et ses incalculables nappes phréatiques d’où jaillissent des centaines de sources naturelles, mais malheureusement, plus de 80% de ces ressources ne sont ni recensées ni encore moins exploitées. C’est l’un des secteurs les plus mal gérés dans cette région exceptionnelle sur ce volet des ressources hydriques. Il suffirait à l’heure actuelle de faire une virée dans les compagnes, plus particulièrement celles du Nord, en haute montagne à l’image d’Aghbalou et Saharidj, pour constater de visu que tous les ravins, ruisseaux et autres ruisselets coulent à flots, alimentés par les nappes renflouées et les innombrables sources vives, débordantes au même titre que les fontes de neige. Ces énormes quantités d’eau se perdent dans la nature sans qu’un quelconque profit n’en soit tiré. Ce ne sont pas quelques projets de captage qui changeront quoique ce soit à cet intolérable gaspillage tant qu’un système d’emmagasinement et de stockage de ces milliards de m3 d’eau qui se perdent chaque année ne soit pas met en place. La réalisation de retenues collinaires, un système qui ne nécessite ni une grande technicité ni de grands moyens financiers, reste l’option la plus viable. Sachant qu’en plusieurs endroits, tout le long des principaux ruisseaux de la région tels que Assi Assemadh, Assif Rana, Assif Levaal, Assif Ouakour et enfin Assif Aghvalou, existent des cuvettes naturelles façonnées, depuis des millénaires, par les cours d’eau et l’érosion entre de hautes collines. D’ailleurs, la plupart de ces cuvettes pourront être facilement exploitées rien que par la réalisation de simples digues sur la partie inférieure, qui dépasseront de loin en volume de stockage une retenue collinaire classique et formeront de véritables petits barrages grâce à leurs surfaces et les considérables quantités d’eau qui ne font que transiter à l’heure actuelle pour se jeter dans Assif N’sahel pour se mélanger, malheureusement, aux eaux usées. Trois de ces cuvettes naturelles ont fait objet d’une étude technique qui s’est avérée concluante depuis plus d’une décennie. La première au lieu-dit «thaghurfets irumyen» au point de jonction entre Assi Levaal et Assif Iwakuren dans la commune de Saharidj. La seconde au niveau du village Ath Illiten, dans la même commune que la première. Quant à la troisième cuvette, elle a été recensée au niveau de «Tamelaht» dans la commune d’Ahnif au niveau du cours d’eau «Assif Sidi Aissa», dont le dossier a subi le même sort que celui des deux précédentes. C’est du moins ce qu’on a appris d’une source crédible proche de l’assemblée de cette commune. Ainsi, selon les expertises réalisées à ce propos, la daïra de M’Chedallah, dont à peine 20% des terres agricoles sont irriguées, via notamment le périmètre irrigué de Oued Sahel, pourrait facilement propulser ce taux à 95% rien que par la réalisation de trois retenues collinaires. Et ce serait des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles, hautement fertiles, qui seront mises en valeur, c’est aussi le moyen le plus efficace et le plus sûr pour sortir cette région à vocation agro-pastorale et oléiculture du sous-développement et de sa précarité sociale endémique. La région de M’Chedallah ressemble par ses ressources hydriques mal exploitées “au maçon mal logé», puisque les ressources, dont elle dispose, ne sont toujours pas à mises à disposition du développement de l’agriculture ni encore pour alimenter les habitations en eau potable. Selon certaines estimations, notamment d’experts agricoles de la région, les vastes surfaces cultivables d’Ahnif, de Chorfa et d’Ath Mansour seront, tôt ou tard, abandonnées en raison d’un manque d’irrigation, de plus en plus ressenti.

Oulaid Soualah

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