L’agence BADR d’Akbou est régulièrement prise d’assaut par une marée de clients, composée essentiellement de retraités.
Invariablement, cette curée se donne à voir chaque dernière décade de mois. Cette période coïncide avec les virements des pensions de retraite en devises. Dès les premières lueurs du jour, des files interminables se forment devant l’entrée de l’agence. À mesure que l’heure d’ouverture approche, les queues s’allongent et la tension monte. Des esprits s’échauffent, éreintés par de heures de poireau. La cacophonie s’installe. Souvent, elle tourne à la foire d’empoigne. Chacun y va de sa gueulante. «Nous sommes des brebis galeuses. Personne ne semble se préoccuper de notre sort. Depuis le temps que ce spectacle lamentable dure, les responsables de la banque ne font rien pour améliorer les choses», glapit un retraité venu de la commune d’Ighram. «Je suis arrivé deux heurs avant l’ouverture, sans pour autant être certain de repartir avec mes sous», vitupère un vieillard de Tamokra, appuyé sur sa canne. Irascible, un autre retraité d’Amalou se plaint de ce que la file avance «à pas de tortue». «Nous sommes vieux et invalides, pour la plupart. Nous n’avons plus la force d’attendre des heures durant, debout et sous le froid. Les responsables de la BADR se doivent de réagir pour nous délivrer de ce calvaire», lance-t-il. Un retraité de Chellata pense que la solution est à portée de main, pour trancher ce nœud gordien : «l’ouverture d’au moins deux guichets pour les opérations de retraits est la solution idoine. Elle abrégera notre souffrance, au même temps qu’elle allégera la pression qui pèse sur le personnel de la banque», suggère-t-il. Même les employés de cette agence subissent, en effet, les contrecoups de ce flot massif des usagers. Les préposés aux guichets sont littéralement submergés par la surcharge de travail induite par cette situation. «On a souvent conseillé aux retraités de différer de quelques jours le retrait de leurs pensions, mais rien n’y fait. Tout le monde se presse aux guichets dès le virement, et ça congestionne fatalement», dira un agent, entre deux opérations. En vertu d’une convention liant les caisses de retraite françaises et la BADR, informe-t-on, les comptes des retraités sont exclusivement domiciliés au niveau de cette banque. «Outre les retraités d’Akbou, notre agence assure la domiciliation bancaire au profit des retraités d’autres communes, à l’instar d’Ighram, Amalou, Chellata, Tamokra et j’en passe», souligne un banquier.
N. Maouche