Ces vacances scolaires vont être enrichies par la production d’une nouvelle pièce pour enfants.
Elle a été confectionnée par Mohamed Yargui, réalisateur, acteur et auteur, et est jouée par Nassima Adnane qui campe, pour l’occasion, le rôle de Nouna qui vit au pays des contes. Nouna est un clown joyeux. Il rêve d’aventures. Loin de l’ennui et de la monotonie de sa vie au pays des couleurs, il reçoit l’appel de son ami le conteur, qui constate avec inquiétude la disparition de la tradition ancestrale qui consiste à conter et à raconter les histoires de notre enfance. Sans hésiter un instant, notre clown va se rendre dans un merveilleux pays des contes, dans l’espoir de retrouver son ami le conteur et pénétrer le monde de l’imaginaire et de la beauté un monde où les images illustrent des histoires qui ont un sens, et dans lequel tous les souhaits se réalisent. Elle va faire une étrange rencontre qui va l’enrichir et la réjouir. Cela donnera une aventure drôle et généreuse rythmée par des chansons, des contes et des jeux. «Nouna au pays des contes» est un spectacle multidisciplinaire qui porte en lui une ambition culturelle qui consiste à essayer de sauvegarder une partie de notre patrimoine immatériel. Cette aventure a commencé quand deux artistes, Nassima Adnane et Mohamed Yargui, connus du public bougiote, s’associent lors d’une résidence de création d’un spectacle de contes dans un coin de la bibliothèque de la maison de la culture de Béjaïa. Pour eux, «les contes véhiculent une culture populaire venue de la tradition orale et possèdent un aspect intemporel, souvent sans localisation précise. Leurs origines rejoignent celles des mythes et des légendes aux motifs universels». L’idée leur est donc venue de sillonner la région à la recherche de personnes capables de leur transmettre les contes de notre enfance, afin de les consigner dans un document et de pouvoir les raconter aux enfants. Autrement, ces contes qui font partie intégrante de notre patrimoine culturel risquent de disparaître. Une collecte chez les personnes âgées s’est donc avérée indispensable. C’est ce qui leur a permis de choisir un conte populaire local pour leur premier spectacle en espérant faire de même dans tous les villages qu’ils comptent sillonner dans une tournée qui a été programmée et qui a déjà commencé dès la semaine dernière. Cette semaine encore, la pièce a été programmée successivement au TRB et à la maison de la culture Taos Amrouche. Le spectacle est, donc, animé par Nouna qui fait un très beau mélange de chants et de jeux de clown afin d’intéresser les enfants au conte, en leurs proposant un spectacle riche et varié. Les promoteurs de ce spectacle espèrent que beaucoup d’enfants pourront en profiter, car «Nouna au pays des contes» n’est pas seulement un spectacle de clown et de contes, il est aussi un vecteur de transmission de notre culture mise à mal par la modernité. C’est une façon d’assurer une sorte de «préservation des contes populaires de la plus pure tradition orale qui est en danger de disparition». Justement, cette modernisation effrénée comporte «des risques évidents d’uniformisation des modes et moyens d’expression qui peuvent provoquer la perte du patrimoine culturel», nous a déclaré Mohamed Yargui. «Sans rejeter le métissage naturel, le risque de l’anéantissement de notre culture, de la mémoire collective et le respect de la diversité linguistique et culturelle est bien réel», a-t-il ajouté. «Pour cela, nous avons opté pour la préservation des contes collectés dans leur forme» a-t-il ajouté. La défense du patrimoine culturel local et le respect de la diversité culturelle sontt donc la cible de ce duo, qui prend en compte toutes les variantes. Le projet en lui-même consiste, donc, à faire une tournée de spectacles destinée à la fois aux enfants et aux adultes qui pourraient les accompagner. L’équipe qui accompagne Nouna, compte faire la tournée de l’ensemble des villes et villages disposant d’un espace d’expression artistique, comme les centres culturels, les théâtres et les maisons de jeunes. Mais elle est également disposée à se produire sur des cours d’écoles, ou des salles de classes. Pourvue que les enfants en profitent. Pendant ce temps, les producteurs de la pièce comptent rencontrer les «anciens» qui seraient capables de leur rapporter des contes anciens de leur région, afin de voir la possibilité de les adapter en spectacles de clown, pour mieux attirer les enfants et leur transmettre leur propre patrimoine. L’idée est, donc, géniale, puisque Nouna n’aura plus seulement un seul spectacle, mais toute un ensemble de contes à transmettre. Cette idée, nous dira Mohamed Yargui, peut devenir un véritable produit culturel qui pourrait se généraliser à l’ensemble des régions du pays. Le premier conte populaire raconté dans cette pièce, a été collecté dans la ville de Béjaïa où vivent les concepteurs de ce travail, mais il s’élargira pour enrichir le répertoire au fur et à mesure des déplacements. C’est un projet ambitieux qui devrait attirer l’attention des responsables culturels tant locaux que nationaux. Il s’agit de faire revivre tout un pan de notre histoire patrimoniale, et de la transmettre aux futures générations. L’idée, aussi généreuse soit-elle, va vite dépasser les maigres moyens de l’équipe à Yargui. C’est pourquoi, il est important, aussi bien pour les pouvoirs publics que pour la population, de les encourager en mettant, notamment la main à la poche. Ce projet nécessite quelques moyens, et il serait intelligent d’y contribuer. Nos enfants méritent de connaître ce qui risque de leur échapper définitivement, et il est temps de le sauver en aidant ce projet du mieux qu’on peut. Un appel est alors fait en direction de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent apporter une aide à cet ambitieux projet. Il n’est pas nécessaire de disposer d’une fortune pour cela. Si chaque enfant apporte avec lui quelques sous au moment où il se rend au spectacle, Nouna n’en sera que plus heureuse, et cela contribuera aussi à inculquer aux enfants le sens de la responsabilité. Ils comprendront que chaque travail nécessite des moyens, et c’est l’association des moyens de tout un chacun qui réussira à assurer son succès.
N. Si Yani