L’appel du wali à la population

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À la fin de la conférence de presse organisée, lundi dernier, au siège de la wilaya, M. Ould Salah Zitouni s’est livré à quelques confidences sur l’état général de la wilaya de Béjaïa.

Dans un moment de libre-échange avec les journalistes présents à cette conférence de presse, le wali s’est un peu lâché à la joie des journalistes qui en ont profité pour faire des incursions hors ordre du jour. Une des questions qui ont été posées au premier responsable de la wilaya fut au sujet du manque de communication sur ce qui se passe dans la wilaya, les projets envisagés et les blocages rencontrés. À ce sujet, M. Ould Salah Zitouni est allé droit au but. Il dit qu’il est, lui-même, étonné du manque de circulation des informations, alors que tout le temps il rencontre la population, échange avec les responsables, discute avec les associations. De son côté a-t-il dit, il n’y a aucune rétention de l’information. Par contre il constate que cette rétention existe et avoue ne pas en comprendre les raisons. Y aurait-il une volonté d’entretenir le flou et d’alimenter le mécontentement de la population ? À ce sujet, revenant sur le phénomène de la fermeture des routes, il se pose des questions sur l’utilité de cette pratique. «Dès qu’un problème se pose, nous le prenons en charge immédiatement. Soit je me déplace moi-même ou j’envoie une délégation qui est chargée de solutionner le problème. Il faudrait que la population comprenne que les procédures nécessitent un certain temps. Entre l’étude, le choix de l’entreprise et la mise en route des travaux, il y a des délais à respecter», a-t-il avancé. La wilaya de Béjaïa est riche et a un énorme potentiel de développement. Malheureusement, avoue le wali, «il y a une quantité impressionnante de projets actuellement gelés pour une raison ou une autre. À titre d’exemple, nous avons un projet de réalisation de dix mille logements, mais nous ne trouvons pas une entreprise capable de le prendre en charge dans sa totalité. Il y a un réel déficit en nombre et qualité d’entreprises capables de répondre aux cahiers des charges relatifs aux différents projets programmés».

Fermeture des routes

Concernant ce phénomène qui s’aggrave de plus en plus, le wali avoue ne pas comprendre cette pratique qui devrait plutôt aller en s’estompant, puisque les projets sont petit à petit en train d’être mis en route. Les perspectives sont prometteuses et l’horizon va bientôt se déboucher. Mais, avouera le premier responsable de la wilaya, «l’administration ne peut pas tout faire toute seule». Il faut donc, selon le souhait du wali, impliquer la population et les responsables locaux. Le phénomène de fermeture des routes décourage les entreprises à venir s’installer dans la région, malgré son attractivité et l’ampleur des projets. À cause de problèmes souvent subjectifs, le taux de pénétration du gaz de ville dans les villages de Béjaïa n’est que de 29%, alors qu’il est à 85% à Tizi-Ouzou, où ce phénomène tend à diminuer. Le wali a raconté une anecdote à ce sujet, où l’alimentation en gaz de ville de tout un village a été bloquée par un habitant dudit village qui a refusé que la canalisation traverse sa propriété pour empêcher son frère, avec qui il a un différend, de bénéficier de ce gaz. Un autre cas concernant l’alimentation en électricité a été évoqué par M. Ould Salah Zitouni. Un village sur les hauteurs de Béjaïa s’est plaint de la faiblesse en alimentation en énergie électrique et a demandé à la wilaya d’intervenir pour augmenter la puissance du réseau. Ce qui fut fait, en ordonnant l’installation d’un transformateur adéquat par les services de la Sonelgaz. Après étude, il a été demandé à l’APC de procéder à un choix de terrain pour y installer le poste électrique. Mais un riverain s’y est opposé arguant que si un jour il décidait de construire une maison, la proximité dudit transformateur gênerait sa vue. Après avoir compris que la discussion n’allait pas aboutir, il fut demandé au P/APC de procéder au choix d’un autre terrain. Mais deux associations ont bloqué le projet à cause d’un différend entre elles. Le problème n’était donc pas dû à l’administration ni à l’État, mais à des problèmes subjectifs qui dépassent les autorités. Mais alors, a demandé un journaliste, «pourquoi ne pas user de l’autorité de l’État ?» M. Ould Salah Zitouni a répondu avec un large sourire, qu’il croyait aux vertus du dialogue. Il faudrait user de patience et résoudre les problèmes de manière pacifique. D’ailleurs, en plus des six jours pleins où il travaille sans relâche, le wali a décidé de prendre de son temps de repos personnel, le vendredi matin, pour recevoir les associations et les citoyens qui ont des doléances à présenter. Le dialogue est, donc, constant et ininterrompu. Il annone en plus qu’à la faveur du retour du beau temps, il va reprendre ses visites sur le terrain. Le blocage des routes et des voies de communication ne sert à rien, sinon à dissuader les entreprises de venir prendre en charge les nombreux projets déjà programmés.

Optimisme du wali

M. Ould Salah Zitouni semble avoir été conquis par Béjaïa dont il ne cesse de dire du bien. Il est évident qu’il croit en ses potentialités et qu’il est optimiste quant à son avenir. Il reçoit aussi plusieurs propositions d’entreprises étrangères qui lui soumettent des projets intéressants, à l’exemple de celui du Club 92 qui travaille dans la gestion des déchets et de l’environnement. La porte reste ouverte aux entrepreneurs et investisseurs et la wilaya compte leur apporter toute l’aide nécessaire, pour réaliser des projets porteurs de développement et d’espoir pour la population. Avec le retour du beau temps, plusieurs chantiers vont démarrer incessamment, et la vie de la population risque de se voir améliorée. Mais le wali attend beaucoup de cette même population, notamment, en faisant montre de patience et en œuvrant avec lui à l’amélioration des conditions de vie et de travail. Faudrait-il partager l’optimisme du wali ? Toujours est-il que cette wilaya a besoin de concrétiser son développement, et qu’il serait vain d’attendre que ça vienne d’ailleurs. C’est aux fils et filles de ce pays de mettre la main dans le cambouis pour le sortir de son marasme, en faisant des compromis, sans pour autant entrer dans la compromission. Il ne faut à aucun moment baisser la garde et continuer à mettre la pression sur les autorités pour les pousser à aller encore plus loin. Le tout est de savoir mettre la pression de façon à ne pas pousser au pourrissement. Ce qui arrangerait les intérêts de tous ceux qui voudraient renvoyer Béjaïa au moyen-âge.

N. Si Yani

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