La Kabylie n’a pas oublié Mohia

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L’ouverture officielle s’est faite jeudi passé à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou où plusieurs personnalités du monde artistique ainsi que des citoyens anonymes ont bravé le froid et les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région de Kabylie ce week-end, pour rendre hommage à celui qui fut le symbole et le porte-drapeau de la cause berbère. Le directeur de la culture, Ould Ali El Hadi, évoquera dans son allocution d’ouverture l’importance de l’initiative. “C’est un devoir de mémoire que de rendre un hommage appuyé pour que nul n’oublie le combat de Mohia. Les générations futures doivent se souvenir et surtout continuer le travail pour la promotion de notre culture », indiquera M. Ould Ali. Par la suite, le public présent a eu droit à montage poétique présenté par les deux associations Youcef-Oukaci et la troupe théâtrale Tachbaylit. Cependant c’est la table ronde-témoignages sur la vie et l’œuvre de Mohia qui a retenu le plus l’attention. Tous les témoignages était empreints de beaucoup d’émotion.

La table ronde, modérée par Arezki Azouz, a vu la participation de Slimane Chabi, Mokrane Taguemount, Idir Ahmed-Zaïd et Malika Ahmed-Zaïd. “Les premiers pas, Mohia les fit en tant que poète et plusieurs de ses textes sont interprétés par beaucoup d’artistes kabyles, entre autres Idir, Ferhat Imazighen, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Chabi”, est-il indiqué dans la biographie de l’artiste lue à l’occasion. Parmi les segments importants de l’itinéraire de Mohia, il y a ses efforts consentis pour placer la culture berbère dans l’universel, en s’ouvrant sur les cultures du monde. Ce rôle se manifeste par la traduction et le théâtre. C’est lui, en effet, qui traduira en kabyle Morts sans sépulture de Jean-Paul Sartre. En 1974, Mohia adapta L’exception et la règle de Brecht, qu’il publia aux éditions Tala.

“C’est là justement où réside tout le génie de Mohia, en voyant ses sources qui sont des sommités de la littérature mondiale tels Brecht, Molière, Sartre, l’on découvre le talent de cet intellectuel kabyle. Car il a su profiter des expériences des autres pour inscrire notre culture dans l’universel”, dira M. Azouz. De son côté, Slimane Chabi fera un bref témoignage sur l’artiste, auquel il doit plusieurs titres : “J’ai connu Mohia en France en 1974, j’ai alors travaillé avec lui puisque j’ai chanté huit de ses textes. C’était quelqu’un plein d’esprit, qui employait le style libre. Je me souviens qu’un jour Mohia était même tenté par une expérience dans le monde cinématographique”, indique Slimane Chabi. Mohia s’illustra surtout dans le champ de l’adaptation d’œuvres relevant du patrimoine universel, notamment Le Ressuscité (Mohand Ouchabane) du Chinois Lu Xun, la Jarre devenu en kabyle Tacbaylit, Médecin malgré lui” de Molière, En attendant Godot de Samuel Becket ainsi que plusieurs pièces phare telles que Sinistré. Les 3e Journées théâtrales qu’abrite Tizi-Ouzou se poursuivront aujourd’hui avec la présentation de la pièce théâtrale Sinistré par la troupe Jean-Sénac de Marseille et la pièce Tacbaylit par la troupe Imsebriden. Le spectacle aura lieu à la résidence universitaire Hasnaoua IV.

A. Z.

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